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viser plutôt que cibler

Sous les coups redoublés de la mode, qui entraîne volontiers les esprits vers le bas, et de la négligence, qui parachève ce nivellement, la langue française voit disparaître actuellement des mots que l'on croyait impérissables - et qui méritaient de ne pas périr.

Ces mots-là ne sont ni tarabiscotés ni désuets. On peine à croire qu'ils meurent sous nos yeux.

Cette extinction touche toutes les catégories de mots : verbes, substantifs, prépositions, adverbes, conjonctions...

La Mission linguistique francophone s'alarme en premier lieu de la disparition presque entièrement consommée de l'avenir, à la place duquel les professionnels francophones de la parole et de l'écrit optent désormais plus de neuf fois sur dix pour l'anglicisme "le futur" (en anglais, l'avenir se dit "the future").

Ainsi, l'avenir qui règnait sur les projets des peuples de langue française est destitué. Le futur s'est emparé des discours ambiants. On n'entend plus dire "à l'avenir, préviens moi avant de vider le congélateur" mais "dans le futur, etc". Cette déperdition est à mettre au passif des mauvaises traductions de presse et de séries télévisées anglophones. Ces traductions sont mal faites, certes, mais aussi mal supervisées par toute une filière de professionnels [relecteur de métier, correcteur, producteur, diffuseur, rédacteur en chef, ingénieur du son, journaliste, récitant, assistants, stagiaires] peu soucieux de distinguer un gallicisme d'un anglicisme.

Souvent, toutefois, l'anglais n'y est pour rien. C'est simplement la précision instinctive du mot qui s'effrite en une poussière d'à-peu-près.

Dans le cas de la disparition du verbe "viser", par exemple, l'anglais ne semble avoir pris aucune part. En français, jusqu'à présent, on visait une cible, on visait un objectif que l'on se fixait d'atteindre. Aujourd'hui, on ne vise plus. C'est trop d'effort que de faire le lien entre des mots aussi eu semblables d'aspect que cible et viser. Alors, on "cible". On cible une cible. Il faut bien se simplifier la tâche en toute circonstance, n'est-ce pas ?

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Commentaires

Anonyme a dit…
Bonjour
Je tiens à dire à la décharge des correcteurs qu'il arrive tout simplement que l'auteur, et parfois l'éditeur, refuse les corrections, qu'elles soient lexicales ou grammaticales : « on n'a pas plus le temps », « tout le monde comprend », « enfin, je sais, quand même, c'est comme ça qu'on dit »…

Anne

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