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vous ne développez pas de maladies (et vous n'en déclarez pas)

Nombre de professionnels de santé se hasardent à dire : "le patient développe telle maladie". Non, c'est la maladie qui se développe en lui. Le patient s'efforce de l'en empêcher.

Au prix du même abus de langage, certains professionnels français de l'information se sont hasardés ces jours-ci à s'exprimer ainsi : "Les patients sont anxieux de déclarer la maladie". Hors contexte, comment comprendre une telle information ?

On pourrait penser que les malades en question sont angoissés à l'idée de déclarer à leur caisse d'assurance la survenue d'un mal ou la nature de ce mal : "Les patients sont anxieux de déclarer la maladie". (Parce qu'elle est honteuse ? Parce qu'on va la leur facturer au prix fort ?). Ou qu'ils sont anxieux à l'idée de déclarer à leurs proches : "je suis atteint de cette maladie".

En réalité, les journalistes qui s'expriment ainsi demandent une fois encore au public de tout remettre en ordre à leur place, de reformuler in petto ce vrac linguistique pour en extraire un sens conforme aux faits.

Traduit en français universellement intelligible, voici ce que ces professionnels de la presse parlée nationale française voulaient dire : "Les patients [traités à l'hormone de croissance] redoutent que la maladie [de Creutzfeldt-Jakob] se déclare [en eux]".

La Mission linguistique francophone rappelle que le malade contracte une maladie, ou en est atteint ; il ne la "déclare" pas. C'est la maladie qui se déclare chez le malade, et parfois se développe.

Mais certains professionnels de l'information - et de la santé - ne sont pas anxieux, eux, à l'idée d'intervertir publiquement sujet et complément, ni de choisir leurs verbes comme au hasard ; et peu leur importe que celui qu'ils piochent soit pronominal [précédé de "se"] ou non : "tuer" et "se tuer", c'est pareil sans doute à leurs yeux, puisque "déclarer" et "se déclarer" sont interchangeables.

Il y avait pourtant un verbe qui permettait d'associer finement la notion d'atteinte à la santé physique et celle d'atteinte au moral. Le verbe affecter : quand nous craignons d'être affectés d'une maladie, cela nous affecte aussitôt...

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