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Il y a vingt ans, la Mission linguistique francophone - encore à l'état de club facétieux qui décochait des courriers moqueurs à l'attention des professionnels de la langue les plus obstinés dans l'erreur - a dressé une liste de mots anglais dont la mauvaise compréhension par les journalistes et traducteurs de l'audiovisuel et du marketing risquait de déborder le seul cadre des fautes de traductions pour se répandre et s'installer massivement dans le français courant. C'est chose faite.

Ces mots anglais avaient leur juste équivalent en français, mais des traducteurs négligents ont fini par imposer dans notre langue un terme de la forme la plus ressemblante et non la plus juste. Ainsi, en matière de cinéma, le mot latin studio désigne en français un lieu de prise de vues ou d'enregistrement. Pourtant aujourd'hui, quand on vous parle de "grands studios américains" on évoque en fait "les grandes sociétés de production de films américaines". Plus fâcheux, aujourd'hui "abuser un enfant" est souvent employé au sens erroné de "abuser d'un enfant" ou "maltraiter un enfant", ce qui est très différent : en français abuser un enfant, c'est lui faire croire des sornettes ; abuser d'un enfant, c'est le prendre de force pour partenaire sexuel.

Voici d'autres mots français, faux amis de termes anglais, qui ont supplanté leur juste traduction, en peu d'années de pilonnage médiatique ignorant, comme nous l'avions craint : flexibilité (anglais flexibility = souplesse), attractif (anglais attractive = séduisant, attrayant), mature (anglais mature = mûr, adulte), le futur (anglais the future = l'avenir), consultant (anglais consultant = conseiller, conseil), éditer (anglais to edit = monter, faire un montage, modifier), générer (anglais to generate = engendrer, causer, créer), dédier (anglais to dedicate = consacrer, destiner, réserver), dédié (anglais dedicated = spécifique, spécialisé, spécialement destiné, dévoué, dévolu), renommer (anglais to rename = rebaptiser, changer de nom, donner une autre nom), émuler (anglais to emulate = imiter, reproduire), être en charge de (anglais to be in charge of = être chargé de), sécuriser (anglais to secure = assurer, mettre en sécurité, rendre sûr), tracer (anglais to trace = suivre, suivre à la trace, retrouver la trace, identifier [quelque chose selon son origine], remonter à l'origine [d'un phénomène, d'une situation]). À cette liste il convient d'ajouter des dérivés calamiteux comme : flexibilisation, traçabilité, sécurisation, renommage, etc.

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Commentaires

Unknown a dit…
Pourquoi écrivez-vous « marketing » plutôt que « mercatique » ?
Miss LF a dit…
Parce que c'est un terme anglophone adopté par le français, comme blues, jazzman ou crawl. Et à la différence, par exemple, de "un consultant" qui est un faux ami français de l'anglais signifiant "un conseiller", seul terme correct donc en français.
Toutefois, en effet, mercatique et mercaticien sont à préférer à marketing. Mais les mercaticiens résistent, pour prouver qu'ils existent !

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