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le gavage et la gravure


Certains graveurs industriels font preuve de beaucoup d'attachement à l'emploi du mot "gravage" (de DVD, de vitrages, etc). L'action de graver s'appelle pourtant la gravure.

Le gravage se trompe de suffixe. La langue française a choisi d'unifier ses beaux-arts par une même désinence : gravure, peinture, sculpture, architecture, et non gravage, peintage, sculptage et architectage. Les graveurs artisanaux ou industriels qui emploient cependant "gravage" donnent à cela une explication embarrassée : gravure ça fait trop artiste, gravage ça fait plus technique.

Cette crainte n'est pas fondée.

D'une part la désinence en -ure est fréquente dans les termes techniques (soudure, bouture, reliure, ferrure, dorure, etc). D'autre part, ni les entreprises de peinture de fuselage des avions ni celles de peinture en bâtiment n'ont éprouvé le besoin de créer le mot peintage pour faire plus technique. Et la célèbre marque au Bibendum parle bien de la sculpture de ses pneus, et non de leur "sculptage", sans se condamner à perdre ainsi son statut de leader mondial, ni craindre d'être confondu avec Jean-Raymond Michelin, sculpteur en pâte-à-sel...

La vérité est que l'instinct du mot juste tend à se diluer dans l'imprécision sans que les erreurs de vocabulaire soient scrupuleusement corrigées, comme le sont les erreurs d'orthographe, aussitôt que signalées. Ainsi le "gravage" (de CD) a-t-il été forgé par analogie irréfléchie avec pressage et marquage - termes corrects. En résultat, on obtient un mot inutile, plus proche du gavage que de la gravure.

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