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Articles

Affichage des articles du janvier, 2010

des monts ou démons ?

Le français de France a subi ces vingt dernières années une évolution phonétique alarmante : la quasi disparition du son " ê " en début et en fin de mot ou dans les mots monosyllabiques. "J e veux la paix !"  devient " je veux laper !" Il ne s'agit pas d'accent régional mais de paresse articulatoire : le son ê exige d'ouvrir un peu plus largement la bouche et serait donc trop fatiguant à prononcer. C'est ainsi que  la baie des Anges [avec impérativement deux sons " ê " bien ouverts, comme dans fête ] devient l'abbé Dézange [avec deux sons " é " tout fermés, comme dans bébé , à la place des deux sons " ê " de  baie et des ]. Constatée à chaque instant sur la langue des récitants de la presse parlée de France, la disparition quasi générale de la distinction entre  fée  et  fait , entre  démons  et  des monts , entre poignée et poignet , s'étend immanquablement aux autres locuteurs professio

taxe carbone et parataxe

Pour venir au secours de la terre, il est actuellement* question d'instaurer une taxe sur les émissions de carbone. Ce projet sans doute louable gagnerait à ne pas s'accompagner d'une création terminologique nuisible à la santé de notre langue. En effet, cédant à la mode de la suppression arbitraire des petits mots de liaison, les orateurs politiques annoncent une future " taxe carbone " (sic). Et les journalistes ne rectifient pas le tir. Ce n'est pourtant tout simplement pas du français. En français, les substantifs sont qualifiés par un adjectif ou par un complément de nom : on mène une vie professionnelle et non " une vie métier " ; on écoute le chant du coq et non " le chant coq ". C'est une donnée syntaxique toute simple qui assure le fonctionnement harmonieux de notre langue. Pour en revenir au jargon " taxe carbone ", ce viol de la syntaxe par la terminologie fiscale est une funeste nouveauté. Jusqu'à pré

la grande affaire des "supports papier"

Une administration nous écrit : " Vous enverrez le document sous forme numérique et sous forme papier ". La notion difforme de " forme papier " (sic) s'est imprimée depuis quelques années dans les esprits. Il faudrait l'en effacer, et dire tout simplement : " Vous enverrez le document sous forme numérique et sur papier ". Si toutefois les agents administratifs tiennent à employer la locution " sous forme ", la Mission linguistique francophone leur rappelle que cette expression exige d'être suivie soit d'un adjectif (" sous forme liquide "), soit d'un complément de nom (" sous forme de liquide "), soit d'un participe passé passif tenant lieu d'adjectif (" sous forme liquéfiée "). Or, le mot papier n'est ni un participe passé ni un adjectif. Il ne peut donc pas qualifier un autre substantif sans être intégré à un complément de nom correctement formé au moyen d'une préposition