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Affichage des articles du octobre, 2010

cuisine mercatique

La mercatique [nom français du marketing ] aime en imposer aux masses, fut-ce au prix des pires préciosités de langage. Dans l'univers agro-alimentaire, la tendance actuelle des gens du marketing est à la cuisine lexicale que voici : délaisser les noms de recettes sobres construits sur le modèle de " pommes de terre sautées ", de " canard à l'orange " ou de " poisson pané " ; et réchauffer à satiété le principe du "sauté de veau" . Pour cela, il suffit de faire gonfler le participe passé (sauté) qualificatif  pour le transformer en substantif ( un sauté), puis de l'additionner du nom de l'ingrédient principal (veau), préalablement décortiqué sous forme de complément de nom ( de veau). Ainsi l' orange pressée devient-elle du " Pressé d'orange ". La bonne vieille boîte de thon en miettes devient un " Émietté de thon ". Et la purée congelée, un " Écrasé de pomme de terres au beurre "

en illimité et en individuel : ni queue ni tête

Dans la langue médiatique et publicitaire, l'adverbe et l'adjectif sont progressivement supplantés par une tournure employant la préposition " en ". Ainsi, au lieu d'un abonnement forfaitaire illimité , on vous vend les joies de la téléphonie " en illimité ". Au lieu d'un voyage individuel , les professionnels du transport et du tourisme nous proposent des excursions " en individuel ". L'adjectif n'est pas le seul à se retrouver ainsi emberlificoté dans l'ajout superflu de la préposition en . L'adverbe, souvent surnommé "adjectif du verbe", subit ce sort inconfortable jusque dans les colonnes du quotidien Le Monde , où l'on peut lire que " la violence se déchaîne en aveugle ". Ce serait joli si l'on pouvait présumer que la journaliste avait décidé de faire œuvre de poétesse. Hélas non : elle a simplement cédé à la tendance actuelle du français mercatique et médiatique à détruire l'adverbe

la mercatique

L' Académie française a administré la démonstration de sa fécondité en créant les néologismes francophones destinés à remplacer " software " ( logiciel ) ou " walkma n" ( baladeur - trouvaille presque géniale, qui renvoie à la fois à la ballade musicale et à la balade à pied ). On ne peut pas dire que la vénérable institution se soit montrée aussi bien inspirée lorsqu'elle s'est mise en tête de forger un terme de remplacement pour le mot anglais marketing , qu'elle a rebaptisé mercatique . À moins qu'il s'agisse d'une sanction délibérée... Car le mot mercatique est tellement voisin des adjectifs merdique et mercantile , l'un et l'autre péjoratifs, qu'on peut se demander si les académiciens français n'ont pas voulu châtier les praticiens du marketing, grands massacreur de la langue française, en imposant à leur discipline un nom aux saveurs infâmes. CLIQUEZ ICI POUR ACCÉDER À LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE DE