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2024 : la fin de la fin est annoncée


La Mission linguistique francophone pronostique la mort prochaine de la fin, remplacée par le final.
Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, la fin sera alors devenue du vieux français. Comme l'avenir, remplacé par le futur (1).

Retraçons les étapes de cette sénescence. 

En dépit de l'existence de la locution à la fin et de l'adverbe finalement, la formule défectueuse "au final" (sic) s'est installée depuis plus de vingt ans ans dans le français courant. Comme la tendance ne s'inverse pas mais s'accentue, les années 2020 semblent annoncer la mort de la fin elle-même, métamorphosée en le final.

L'expression "au final" (sic) a été maladroitement forgée au début du vingt-et-unième siècle par des cuistres médiatiques sur le modèle de "au total".

Rappelons-leur que "au" signifie "à le". Or, le total (au total) ça existe en effet, tout comme existent le départ (au départ), le fond (au fond) et la fin (à la fin). Tandis que "le final", ça n'existait pas. Le français ne connaissait jusqu'à présent que la finale [la finale d'une série de rencontres sportives] ou le finale [le finale d'une œuvre musicale], terme masculin qui doit son e terminal à son étymologie italienne. Et pourquoi ça n'existait pas, "le final" ? Parce que la langue française possédait déjà la fin et n'avait nul besoin de s'encombrer d'un exact synonyme mal bâti, apparu par une étonnante perte de vue de l'existence du mot fin - qui n'appartient pourtant pas au registre savant !

On aurait donc pu s'abstenir de substantiver l'adjectif masculin final pour créer le final, au moyen duquel on évince aujourd'hui la fin. Mais la langue "évolue", n'est-ce pas ? Et dans cette évolution aux allures de simple bévue, la notion de fin, exprimée depuis des siècles par un nom commun neutre de forme féminine, semble devoir accepter de se faire viriliser de force ; ce qui est paradoxal au moment où la féminisation de termes masculins et neutres bat son plein !


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(1) Il y a 25 ans déjà, les éditions Belin publiaient notre avant-propos (in Les Faux amis de l'anglais) pronostiquant la mort du mot avenir sous les coups de la mauvaise traduction systématique de l'anglais the future, qui signifie exactement l'avenir mais n'était déjà pratiquement plus jamais traduit autrement que par son faux ami le futur. Aujourd'hui, moins de 1% des francophones [vivant en France métropolitaine] âgés de 7 à 60 ans savent encore spontanément ("top of mind", comme on dit en jargon d'études de marché) que la période de temps qui s'étend après le présent s'appelle l'avenir. Tous répondent que c'est "le futur". L'avenir est mort et enterré, fossoyé en une seule génération par de mauvais traducteurs et de piètres rédacteurs publics.

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