Accéder au contenu principal

le gravage ou la gravure ?


Dans leurs publicités et leur explications techniques, certains graveurs industriels ou artisanaux (graveurs de DVD, graveurs sur verre, etc) font preuve de beaucoup d'attachement à l'emploi du terme incorrect "gravage". L'action de graver s'appelle pourtant la gravure.

Le gravage est un barbarisme qui se trompe de suffixe. La langue française a choisi d'unifier ses beaux-arts par une même désinence : peinture, sculpture, architecture, gravure, et non gravage, peintage, sculptage et architectage. Les graveurs artisanaux ou industriels qui emploient cependant "gravage" donnent à cela une explication embarrassée : gravure ça ferait trop artiste justement, trop beaux-arts, tandis que "gravage" ferait plus technique.

Cette crainte n'est pas fondée. D'une part la désinence en -ure est fréquente dans les termes techniques (soudure, armature, bouture, reliure, ferrure, ossature, brochure,  couture, etc). D'autre part, ni les entreprises de peinture de fuselage des avions ni celles de peinture en bâtiment n'ont éprouvé le besoin de créer le mot peintage pour faire sérieux. L'argument est donc irrecevable, et il s'agit bien d'une erreur de terme maladroitement justifiée a posteriori par des personnes décidées à s'obstiner dans leur mauvais maniement du français. La célèbre marque Michelin nous parle bien de la sculpture de ses pneus, et non de leur "sculptage", sans se condamner à perdre ainsi son statut industriel, ni craindre d'être confondue avec Jean-Michel Michelin, sculpteur en pâte-à-sel...

La vérité est que l'instinct du mot juste tend à se diluer toujours plus amplement dans l'imprécision, sans que les erreurs de vocabulaire soient scrupuleusement corrigées, comme le sont les erreurs d'orthographe, aussitôt signalées. Ainsi le "gravage" (de CD) a-t-il été forgé par analogie irréfléchie avec pressage et marquage - termes corrects. En résultat, on obtient un mot inutile, plus proche du gavage que de la gravure.

PS : Idem pour le "soudage",  barbarisme souffrant de la même malformation que le "gravage", et doublon inutile de la juste soudure.

POUR ACCÉDER À LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE, CLIQUEZ ICI

NDE en réponse à nos lecteurs encore dans le doute (commentaires ci-dessous) : qu'il s'agisse d'art ou d'industrie, l'action de graver et son résultat n'ont pas d'autre nom correct en français que gravure. Peu importe que, dans l'industrie ou l'artisanat, un procédé de gravure voisine avec un pressage, un décolletage ou un forage. Cela n'a aucune raison de déteindre sur le procédé de gravure, de peinture ni de couture. Notre langue ne fonctionne pas ainsi. Ces porosités relèveraient de l'erreur, de la fuite accidentelle à réparer, pas d'un écoulement à regarder avec satisfaction professionnelle. 

Commentaires

Le gravage c'est l'action de graver, mais pas dans les beaux-arts: dans l'industrie en particulier en métallurgie. On y retrouve d'ailleurs le mot soudage à mettre en relation avec le mot soudure qui désigne le travail accomplit par soudage.
L'irruption de gravage dans le langage non jargonnant vient de son utilisation par les assureurs qui parlent de gravage en désignant les numéros portés sur les vitres et pares-brise des automobiles. C'est là que ce mot correct est le plus utilisé. Mais les assureurs ne sont pas forcément très portés sur la justesse orthographique.
Moi, je l'utilise pour gravage de CD ou DVD, mais ça n'a pas plus de sens que de parler de gravure puisque de toute façon, le procédé n'a rien à voir la gravure. Il s'agirait plutôt de photocopie ou de photographie. Les anglais parlent eux de "brûlage". Mais en français, ça ne colle pas le verbe brûler ayant un sens moins large. Mais il ne s'agit pas non plus de "brûlage"
J'ai trouvé une explication quant au suffixe "ure" qui semble-t-il aurait servi à unifier la désignation des pratiques des beaux-arts (gravure, peinture...)

Miss LF a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Miss LF a dit…
Merci pour votre commentaire instructif, Michel. Toutefois, si vous confirmez qu'il existe bien une vogue du barbarisme "gravage" à la place du terme correct "gravure", vous n'en démontrez pas l'utilité et moins encore la correction. Le peintage, l'architectage et le dessinage sont des barbarismes aberrants, personne ne le conteste ; le gravage (sic) l'est aussi, même si certains le contestent. Il n'est pas étonnant que cette fabrication indiscutablement défectueuse trouve des preneurs enthousiastes, disposés à en défendre l'usage comme vous le faites, dans la mesure où l'erreur est propagée par des publicitaires ignares usurpant le titre de rédacteurs, ce qui lui donne une apparence de légitimité officielle. Mais cet usage reste fautif, malgré son adoption de bonne foi par certains.

Comprenez que si le brassAGE et le gavAGE existent, alors la brassURE et la gavURE n'existent pas et n'ont pas besoin d'exister. Idem pour votre vilain soudage et la juste soudure : ce doublon est vain, même dans un jargon de travail. Car la soudure peut aussi bien désigner l'action de souder que le résultat de cette opération, sans que cela crée de confusion. Ainsi la peinture désigne-t-elle à la fois le matériau servant à peindre, l'acte de peindre, l'objet peint, l'art de peindre et l'artisanat du peintre. Cinq sens propres (et pas mal d'autres figurés) que nul ne confond et pour lesquels nul n'a récemment introduit dans le français courant de barbarismes distincts. De même, le gravAGE aurait-il toute sa place si et seulement si celle-ci n'était pas déjà magnifiquement occupée par la gravure, apte à en exprimer toutes les subtilités de sens de l'acte de graver ou de son résultat. Miss L.F.
L'objet de mon commentaire n'était qu'instructif. Loin de moi l'idée de lancer une polémique ou de me faire juger. Mais puisqu'on en est là....
Le mot gravage n'existe dans aucun dictionnaire, c'est certain, ce qui en fait un barbarisme. Cependant, on ne peut pas juger de la validité d'un mot par le seul fait que sa consonance semble agréable ou non, ni même prétendre que l'existence d'un mot à usage similaire suffit à son éradication; sinon qu'en serait-il des synonymes?
En outre, l'analyse de ce mot confirme qu'il serait plus juste de l'utiliser que le mot gravure. En effet, le suffixe en "ure" désigne la plupart du temps l'oeuvre achevé, tandis que le suffixe "age" désigne l'action qui mène à cette oeuvre. Si la justesse de l'usage d'un suffixe tenait en quelques statistiques, alors le suffixe "age" sortirait grand gagnant pour ce qui est de la désignation d'une action.
On peut même dire que le suffixe en "ure" joue plutôt un rôle mineur en ce sens qu'il existe pour différencier le résultat de l'action(dissimilation sémantique).
Pour finir, je dirai qu'à aucun moment il n'a été question pour moi de prouver l'utilité de "gravage", mais simplement de mettre en lumière les usages de ce mot et ses probables origines et j'ajouterai que l'absence d'un mot à un instant t dans les dictionnaires signifie qu'il en sera toujours ainsi. D'autant plus que tous les dictionnaires ne sont pas d'accord. Une dernière remarque; ce que vous appelez le "votre vilain soudage" est un terme juste, employé à raison dans l'industrie et qui de plus, figure dans le dictionnaire.
J'ai également deux corrections à apporter: d'une part l'usage que j'évoque de "gravage" par les assureurs ne situe pas dans les publicités mais dans les contrats d'assurance*, ce qui confère un statut officiel à ce mot (ce qui à mon avis n'est pas du meilleur goût). On se retrouve face à un gros problème à savoir si ces contrats ne sont tout simplement pas valides car non rédigés en français, ou si l'Académie doit l'accepter comme un mot peu usité, comme par exemple la "demanderesse" du tribunal.
Autre correction; le "dessinage" que vous prenez comme exemple est mal choisi puisqu'il n'existe pas non plus de "dessinure".

*on le trouve au moins depuis 1987 dans les contrats, ce n'est donc pas en vogue, ou alors une vogue de 30 ans
Miss LF a dit…

Vous n'avez aucunement été jugé, Michel. Seuls le sont les professionnels de la communication qui maîtrisent tellement mal leur outil de travail (la langue) qu'ils perdent de vue l'existence de la gravure et propagent l'imbuvable "gravage".

A propos du barbarisme "soudage" (sic), le Larousse donne la définition suivante, qui est mot pour mot la définition du mot correct "soudure" :"Opération consistant à réunir deux ou plusieurs parties constitutives d'un assemblage, de manière à assurer la continuité entre les parties à assembler, soit par chauffage, soit par intervention de pression, soit par l'un et l'autre, avec ou sans emploi d'un produit d'apport dont la température de fusion est du même ordre de grandeur que celle du matériau de base."
Le double emploi entre soudure et "soudage" est flagrant ; l'un étant correct et l'autre défectueux. Le fait que des termes inutiles et malformés prospèrent dans les jargons de métier est un phénomène connu, issu de la fierté de manier un vocabulaire inhabituel pour mieux s'identifier à une corporation qui partage ce snobisme sectoriel. Les Précieuses Ridicules en ont fait la peinture saisissante.
Création malhabile tardivement entérinée par le jargon de l'industrie et lui seul, ici peu soucieux de cohérence et de sobriété, le vilain soudage (pardon de l'avoir injustement appelé "votre" vilain soudage) mérite de disparaître des textes et des conversations, au profit de la juste soudure. Car si le reliage se distingue utilement le la reliure (l'un pour les tonneaux, l'autre pour les livres), le "soudage" (sic) ne présente aucune distinction de sens avec la soudure (voir ci-avant), et n'a donc pas davantage de légitimité que n'en aurait le dorage à la feuille au lieu de la dorure à la feuille, le sculptage au lieu de la sculpture, le peintage au lieu de la peinture, l'agricultage au lieu de l'agriculture, le gravage au lieu de la gravure, et même - comme nous le soulignions pour étendre la démonstration, et non par erreur dans l'énumération des exemples, cher Michel - le dessinage au lieu du dessin, le cuisinage au lieu de la cuisine, le conjugage au lieu de la conjugaison, etc.

dites-moi tout, quand je réponds à votre email marqué je parie que cette réponse ne vous parvient pas. Si c'est le cas, je suis désolé car je vous avais répondu peu de temps après votre commentaire du 24 janvier. Aussi, précisez-moi si je dois passer par le commentaire directement sur votre blog. Merci
Anonyme a dit…
Excellent...Je me suis frotté au Petit Dictionaire Terminologique franco-canadien il y quelques mois de ça. Je suis traducteur professionel depuis belle lurette au fait ! Ils inscrivait des inepties en français, et je leur ai dit que l'opposé du mot « haine », ce n'est pas « non haine » mais « amour » ou affinité. Il mettait des « non » à tire-larigot que cela en devenait ridicule. Et sur un dictionaire que beaucoup de traducteurs consultent ! Le mot Gravage n'apparait pas dans le Petit Robert et cela pour une bonne raison : une pure invention de quelques uns manquant probablement de connaissances et n'ouvrant guère le dico. Rien de mal à cela sinon que le français en devient ridicule.
Maid le sujet est comique, j'ai beaucoup ri quand j'ai lu le « peintage » etc...Vous avez tout fait raison. Manque de connaissances linguistiques et c'est tout. Mais amusant sujet.
Roland Bouchat (pas tout à fait anonyme)
Ce qui est inepte c'est d'imaginer un instant que le dictionnaire régit la langue alors qu'il n'en est qu'un instantané.
A noter que mon propos de départ n'étais pas de défendre un mot ou un autre, mais simplement de témoigner. Ce n'est qu'après avoir reçu une réponse pour le moins cavalière que je me suis retrouvé dans une posture défensive dont les saillies n'ont curieusement jamais apparu dans ce blog. Je me rends compte que j'ai malheureusement à faire à des purificateurs du langage ce qui m'amène à vous répondre de la sorte, votre propos tenant d'avantage du discours que de la curiosité.
Comme les indications du dictionnaire semble vous intéresser, sachez que le mot soudage y figure. Ainsi on ne peut à la fois brandir ce fameux dictionnaire comme juge pour l'oublier l'instant d'après quand il s'agit de ne pas y trouver un mot. Aussi vous prierai-je de ne pas vous imaginez un instant que mon dictionnaire n'aurait qu'un usage décoratif.
Quant à parler de linguistique ; je vous renvoie à vos chères études dans lesquelles vous apprendrez certainement que la langue est un objet dynamique et que la linguistique étudie cet aspect en particulier. Ce qui n'a proprement rien à voir avec la grammaire.
Salut
J'allais oublier : l'usage du mot soudage est antérieur à celui du mot soudure employé pour l'action de souder.
Si je suis votre raisonnement, ce qui est "vilain" est donc soudure pour action de souder.
Mais est-il besoin d'apporter d'autre preuve que la langue n'est pas figée.
salut
Garde Frédéric a dit…
Bonjour Michel,

Sans entrer dans une quelconque polémique, vous indiquez juste ici que l'usage du mot soudage est antérieur à celui de soudure...

Pourtant, après vérification dans le TLFI (atilf.atilf.fr) :
- les deux mots sont indiqués comme synonymes (sans différenciation de sens l'un par rapport à l'autre, action ou résultat de l'action).

- le mot soudage est attesté depuis 1459 sous le terme saudage « action de souder »)

- le mot soudure est attesté depuis plus de 4 siècles avant, soit la fin du XIe s. (je cite les références données par le TLFI : sous le terme de soldedure [transcr. d'une gl. en caractères hébr.] « alliage fusible servant à souder » (RASCHI, Gl., éd. A. Darmesteter, 72 [Is. 41, 7])] puis en 1260 saudure (ETIENNE BOILEAU, Métiers, éd. R. de Lespinasse et F. Bonnardot, LXVI, 10, p. 137)

Donc il semble bien que soudure soit antérieur à soudage. Que ce dernier terme ait subsisté dans un contexte industriel, c'est possible. Mais j'avoue qu'il surprend.

Cela dit, l'usage popularise parfois des barbarismes, comme ce trop souvent "nominé" (qui me hérisse le poil à chaque remise de prix !!!)... et ce n'est pas parce que le mot est populaire qu'il devient correct de l'employer !

De même, je préfère de loin gravure à gravage (qui a du mal à exister dans les dictionnaires, c'est dire !). Je ne vois d'ailleurs pas de réelle différence dans l'action technique réalisée, si l'on doit expliquer le sens de l'un par rapport à l'autre...
Pour les vitres de voiture, l'on parle d'ailleurs plutôt de sablage, qui fait référence à la technique employée. Cela me semblerait bien plus approprié.
Et la gravure sur verre existe depuis si longtemps... pourquoi ne pas l'employer également pour les vitres des voitures ?

Bonne journée à tous,
Fred
Oui, oui, pas question de polémique, mais je n'avais pas commencé si je puis me permettre cette remarque au second degré.
Ma référence vient du Petit Robert et il s'agit du mot soudure à proprement parlé, non pas de sa version latine (dans le sens de la langue parlée au Moyen-âge)
Donc selon le Robert, soudure 1636, soudage 1459.
Youpi ! J'ai gagné ... Voici la seule réponse puérile que m'inspire les propos qui ne sont pas moins du sieur Anonyme qui s'est chargé de relancer un sujet ancien.
Quant à moi, je ne faisais qu'apporter ce que je savais à la question "le gravage ou la gravure". Il n'était pas question d'imposé mon point de vue et il n'en est toujours pas question. J'aimerais seulement qu'on ne cherchât pas à m'en imposer un dans un simple témoignage; je sais quand même ce que j'ai lu. Quant à me faire passer pour un idiot par le sus-nommé Anonyme, il n'en est pas question.
Qu'il y ait des discussions autours du bon usage de la langue française peut être intéressant, mais ça n'était vraiment pas l'objet de ma visite.
(concernant "nominé", c'est la triste intrusion de l'anglais mal traduit par des gens qui ont une parole qui porte, bien que se jetant la tête la première dans les faux amis et autres traduction à l'emporte pièce. Le mal le plus sourd venant de l'adaptation de la syntaxe et formules anglophones au Français tendant à faire perdre le sens même des phrases)
Cordialement
NC a dit…
Reste à déterminer le mot à utiliser concernant les CD/DVD : la brûlure (burning) est intéressante (laser) mais est-ce bien correct et utilisable ?
Hé hé... le terme le plus utilisé est "gravure de" cd/dvd et autres blu-ray.
Inutile de chercher autre chose, sachant que le processus s'apparente à la pyrogravure, mais sur un support plus instable que le bois par exemple.
Le langage courant - qui est la base de la grammaire et non pas le contraire - va souvent vers les formules simplifiées; le mot gravure semble être le meilleur dérivé pour cette action, bien qu'incorrect.
Il est à noter que cette action elle-même a fort peu d'avenir, les supports mécaniques étant d'un usage quasi obsolète.
Anonyme a dit…
Bonjour,
Je me faisais une joie de reprendre tous mes collègues qui prononçaient gravage et pouvoir montrer ce site pour appuyer mes dires. Mais c'était avant de lire vos commentaires qui vont sans doute créer un débat encore plus poussé. Je suis d'accord sur la plupart des choses dites, mais il faut à un moment respecter une règle mise en place et ce que l'on a appris a l'école. Le mot gravage m'a tué, pire quand je le retrouve sur des plans de grandes entreprises.
Avant tout, vous avez entièrement raison de reprendre vos collègues du moment que ça reste un jeu, une émulation.
Concernant le mot "gravage", je préfère le répéter : je ne défends pas du tout ce mot, j'apportais simplement ma contribution en précisant mes sources.
Après, j'ai eu droit à quelques commentaires peu chaleureux, mais c'est une autre histoire.

Pour moi, une seule conduite à tenir : c'est l'usage qui fait la langue. Donc, pour les différentes galettes plastique, on parle le plus souvent de "gravure", c'est donc gravure qui l'emporte. L'idée même de gravure est de toute façon impropre puisqu'il s'agit d'un procédé proche de la pyrogravure qui n'a rien à voir avec la gravure en tant que telle (couche sensible à une onde lumineuse calibrée, ici produite par un laser)

Concernant le suffixe "age" :
il y a dans l'article une confusion entre le suffixe "ure" et la racine des mots.
Ainsi, peinture n'a jamais pu être "peintage" car son origine est le latin "pictura" (puis peincture et peinture) - à noter, il a existé le verbe "peinturer" au XIIe siècle. Une curiosité.
Le soudage quant à lui est un raccourcis jargonnant très ancien qui évite la locution "faire une soudure". Ce mot est toujours employé couramment comme nombre d'actions qui consistent à transformer les matériaux. Le bouturage est l'action de faire une bouture (cf: l'article)
Le reliage existe mais n'a aucun rapport avec la reliure.
Le sculptage est l'action de de sculpter (il est par ailleurs normal que Michelin parle des "sculptures" de ses pneus pour la simple raison qu'il désigne l'objet sculpté et non l'action de le faire)

Je ne sais pas si vous parlez des règles orthographiques quand vous parlez de "respecter une règle mise en place", mais comme vous le voyez, parfois les règles sont plus touffues qu'elles ne le paraissent - dis-je avec un grand sourire car tout ceci doit rester léger.

Voilà, merci de m'avoir lu jusqu'ici.
Donc le mot gravage n'est répertorié nulle part et je n'en ai lu pour ma part que dans des contrats d'assurance. Vous pouvez donc faire remarquer à vos collègues qu'ils n'auront pas l'air bien malin en sortant un pareil terme à certaines occasions.
Moi-même, j'utilise la locution "gravure de cd" pour ne pas passer pour un...
Au plaisir.
Miss LF a dit…
Cher Michel Chevalier, relisant vos nombreuses interventions, nous tiquons sur votre assertion selon laquelle "le langage courant [serait] la base de la grammaire et non l'inverse." Aux temps préhistoriques de chaque langue, certes. Mais depuis l'invention de la grammaire comme mode d'analyse conscient de la langue, et comme norme pédagogique (soit depuis des millénaires), ce n'est plus exact. Les enfants étudient la grammaire, et s'y conforment. Ce n'est pas la grammaire qui étudie le babil des petits et s'y conforme... :-)
On commence par apprendre un langage oral. La grammaire vient toujours après parce que l'écrit vient toujours après, sauf peut-être dans d'étranges contrées peuplées de muets ne communicant que par écrit.
La grammaire est un outil pratique pour stabiliser un fond commun et pour transmettre ce fond à ceux dont ce n'est pas la langue natale, mais ça s'arrête là.
On n'établit pas une règle grammaticale à partir du néant.
La grammaire est le mode d'emploi d'une langue, pas la langue elle-même.
Elle adapte ses règles en fonction des besoins. Par exemple, la création du mode conditionnel "à l'origine un temps de l'indicatif" (Bescherelle,1979) avait permis d'unifier les formulations destinées à indiquer les conditions. Ce mode est encore maintenant remis en cause.
Nombre de règles ont changé avec le temps comme peut le constater un lecteur de Voltaire ou même de Jules Verne. Ces changements sont à l'évidence issus de l'usage.
Cependant, le maintient d'une compréhension par tous d'une langue passe par sa grammaire qui sert de référence.

Note : vous avez sans doute remarqué qu'aucun enfant ne va à l'école avant de savoir parler, quelque soit le pays. S'ils apprennent les règles de grammaire, c'est dans le seul but d'apprendre l'écriture. Je ne parle même pas d'écriture car on peut lire sans rien comprendre.
Michel
Miss LF a dit…
Michel, vous refaites le monde à votre goût avec beaucoup d'allant et de constance. Mais ce que vous écrivez est faux sur le plan scientifique et culturel, parce que vous vous trompez d'échelle de temps : la grammaire ne saurait changer de mois en mois au gré du mauvais maniement individuel de la langue. C'est lui imposer une instabilité absurde. Bien écrire et bien parler, c'est parler non selon son ignorance ou sa fantaisie mais selon la grammaire observée en son temps. Et nous ne comprenons pas bien pourquoi vous objectez que la grammaire ne concerne que l'écrit et non le langage parlé, et que sa juste observation serait le fait de muets.

Amicalement, nous précision que ce site n'est pas un forum, et que nous allons devoir écourter la série de ces commentaires au pied de l'article traitant du barbarisme "gavage", pour ne pas créer de confusion chez les internautes qui le consultent. Mais ne vous sentez pas censuré, rien de tel !
Miss LF a dit…
... et pour revenir à notre mouton d'origine, Michel, nous avons lu avec intérêt vos commentaires réfléchis et argumentés. Nous y avons appris que des gens en grande détresse culturelle disent "sculptage", et chacun ne peut que les plaindre d'être à ce point déboussolés : le mot sculpture désigne autant l'action de sculpter que le produit de cette action, que l'art servi par cette action, et que l'activité professionnelle du sculpteur. Le sculptage est un barbarisme grossier, sans la moindre utilité. Comme le gravage, comme le peintage, comme le dessinage*. Quant à votre référence au bouturage ou au covoiturage, vous conviendrez qu'elle ne convient pas pour défendre le gravage, qui devrait alors être le gravurage. Mocheté notoirement inutile car elle ne dirait rien que n'expriment déjà les diverses acceptions du mot gravure.

*un bémol sur l'inutilité du "dessinage" : il aurait pu se substituer à l'anglais "design". Mais, après d'infructueux efforts de néologie au milieu du vingtième siècle, toutes les francisations ont été écartées : le terme design et les designers sont définitivement et honorablement entrés dans notre langue, comme le jazz et le tennis, et avec eux la langue ne s'est ni compliquée ni appauvrie mais enrichie du moyen de s'adapter à son temps ; sans esquinter sa syntaxe qui, elle, doit rester diachronique et l'objet de toutes les vigilances, pour que jamais la lecture de Stendhal ni Camus ne nous semble celle d'une langue morte.
"Amicalement, nous précision que ce site n'est pas un forum, et que nous allons devoir écourter la série de ces commentaires au pied de l'article traitant du barbarisme "gavage"."

Mais je vous en prie.
Vous noterez toutefois que je ne suis pas celui qui relance. Je ne fais que répondre à des commentaires qui me sont adressés sur ce sujet, en particulier les vôtres qui ont lancé une vaine polémique là où je ne faisais qu'apporter non pas "ma vision", mais un simple témoignage. Encore faut-il que vous soyez en mesure de l'admettre, ce qui apparaît comme impossible après plus de deux ans (en parlant de constance).
Michel
David a dit…
Les termes "brasage" ou "gravage" sont utilisés dans le jargon industrielle pour identifier clairement une technique de fabrication telle le tournage, fraisage, perçage, brochage, etc.
Miss LF a dit…
Bonjour David. Oui, c'est bien le problème, et la raison d'être de notre mise en garde : le barbarisme "gravage" est utilisé dans certaines entreprises. Par ignorance et manque de logique. Car dans ces entreprises, on de dit pourtant pas peintage au lieu de peinture, ni dessinage au lieu de dessin, non plus que coutage au lieu de couture. Pourquoi se mettre alors à dire gravage et soudage au lieu de gravure et soudure sinon par pure incohérence ?

Qu'il s'agisse d'art ou d'industrie, l'action de graver et son résultat n'ont pas d'autre nom correct en français que gravure. Peu importe que, dans ces entreprises, la gravure voisine avec un pressage, un décolletage ou un forage. Cela n'a aucune raison de déteindre sur la gravure ni la soudure. Notre langue ne fonctionne pas ainsi. Ces porosités relèvent de l'erreur, de la fuite accidentelle à réparer, pas d'un écoulement à regarder avec ravissement ni satisfaction.
Sergio a dit…
On peut faire des commentaires sur "gravage ou gravure ?" quand on écrit :
« Le gravage est un brabarisme »
Miss LF a dit…
Oui, Sergio, on peut ! Car vous connaissez certainement la différence entre une faute de français et un faute de frappe, une coquille ;-)

Merci de nous l'avoir signalée. Et de prendre bien soin de ne plus jamais dire ni écrire "gravage". Miss LF

Anonyme a dit…
Bonjour,

Je voulais partager cet article avec de collègues, mais avec "brabarisme" au lieu de "bARbarisme" dans la première ligne du deuxième paragraphe, l'article perd énormément de crédibilité. . .
Miss LF a dit…
Bonjour. N'ayez crainte, une coquille n'a jamais fait perdre de crédibilité à des écrits intelligents et pertinents ! Car ce n'est ni un faute de raisonnement, ni une faute de français (ou autre langue), ni un signe d'ignorance : ce n'est qu'une anodine interversion typographique.
Merci de nous l'avoir signalée.
Miss L.F.

Articles les plus lus cette semaine

Mbappé ne s'appelle pas M-Bappé

à très vite ou à très bientôt ?