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Articles

Affichage des articles du juillet, 2015

cosmonautes, astronautes, spationautes, taïkonautes, vyomanautes

Comment appellera-t-on en français un astronaute suédois ? Ou un cosmonaute rwandais ? Nul ne sait. Mais à chaque mission spatiale chinoise, la presse francophone s'engouffre avec une promptitude irréfléchie dans l'emploi d'un terme spécifique pour les cosmonautes chinois : ce seraient des taïkonautes . Le journal Le Monde va jusqu'à donner cette précision étymologique toute aussi irréfléchie ; c'est-à-dire tout aussi fausse : " taïkonaute signifie homme de l'espace en chinois ". Absolument inexact. Taïkonaute signifie quelque chose comme "navigateur du grand vide" en greco-latino-chinois [ nautes est un mot latin emprunté au grec]. Certains ont propagé l'idée qu'il faudrait employer des termes différents selon la nationalité de l'individu propulsé dans l'espace : astronaute s'il est citoyen des USA, cosmonaute s'il est Russe, spationaute s'il est Français, vyomanaute s'il est Indien et taïkonaute

l'usine digitale

Dérivée de L'usine nouvelle (fondée en 1891), voici un moment déjà que la publication  L'usine digitale est parue. Il y a de quoi être atterré qu'un aussi vénérable éditeur de presse propage sans garde-fou la lourde bévue qu'est la confusion entre l'adjectif " numérique " et son faux ami anglophone " digital "... En français, l' usine digitale , c'est l'usine où l'on travaille avec ses doigts ou pour les doigts. Confirmation récente et indiscutable par l'Académie française, disponible ici . La méconnaissance de l'unique sens de l'adjectif digital en français ( qui concerne les doigts ) est indigne de professionnels de l'écriture. Mais il doit y avoir une jouissance gourmande à massacrer sa propre langue de travail, sous les coups de l'incompétence terminologique, de l'inculture lexicale et de la fascination pour les jargons les plus mal bâtis, sans quoi vous n'auriez aucun lecteur pour lire l

ni : la juste négation de l'addition

Les professionnels de la langue française - journalistes, orateurs politiques, enseignants - tendent à perdre de vue l'existence de la conjonction ni . Ainsi le journal français Le Monde titre-t-il : " pas de sanctions pour Madrid et Lisbonne ". Or, la négation de l'addition n'est pas et mais ni . La rédaction correcte est ici : " pas de sanctions pour Madrid ni Lisbonne ". Dans un souci de meilleure information, il eut été plus correct encore de nous épargner ces métonymies géographiques routinières dans le commentaire politique, et d'écrire avec plus de simplicité :  " pas de sanctions pour l'Espagne ni pour le Portugal ", puisque c'est effectivement de mesures de rétorsion économique contre ces pays qu'il était question dans l'actualité internationale, et non contre les villes où siègent leurs gouvernements. CLIQUEZ ICI POUR ACCEDER AU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE [M•L•F•]  

les emmarchements, escaliers pédants

Selon les urbanistes au service de la mairie de Paris, relayés par le célèbre quotidien français Le Monde , la place de la Bastille sera bientôt restructurée et " ouvrira sur un large belvédère auquel il sera possible d'accéder grâce un double emmarchement ." En français, on appelle emmarchement la largeur d'une marche d'escalier ou l'emplacement creusé dans le limon d'un escalier pour y fixer une marche. Ceux qui parlent correctement français comprendront donc que les escaliers de la Bastille seront élargis, en vue d'obtenir un double emmarchement, autrement dit une double largeur de marches. Ces francophones éclairés se trompent, car ils ignorent le haut degré de préciosité qui parasite l'information ci-dessus. Ici, emmarchement est à comprendre comme synonyme ou métonymie d' escalier . Le " double emmarchement " annoncé est donc un escalier "double", autrement dit deux escaliers. Cet abus de langage fait florès dans