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Articles

Affichage des articles du 2017

ne pas ignorer et ne pas savoir

L' Office québecois de la langue française et la Mission linguistique francophone s'épaulent mutuellement dans le secours aux professionnels de la langue française qui sont en difficulté avec la langue française - donc avec leur outil de travail premier et leur compétence première, en principe. Tel fut ce matin le cas d'un professeur agrégé de français s'exprimant dans l'une des émissions radiophoniques quotidiennes les plus écoutées de la Francophonie. Ce professeur de lettres répond avec urbanité à son interlocuteur, en ces termes : " Vous n'êtes pas sans ignorer que ... etc." L'agrégé de français dit ainsi le contraire de ce qu'il voulait dire : " Vous n'ignorez pas " ou " vous n'êtes pas sans savoir ". Il est actuellement question d'instaurer des notes éliminatoires au baccalauréat en France. On pourrait aussi envisager de considérer comme éliminatoire à l'agrégation de français l'incapacité à m

ville durable

" Perpettes-la-Grande, ville durable " (comprenez : "ville écologique "). On lit et entend de plus en plus souvent ce genre de  proclamation municipale inepte, dont les variantes sont : " une politique durable au service du bien-vivre à Perpettes-le-Roi " ou " jardinage durable : préservons le patrimoine naturel Perpettois ". Pourtant, en français non jargonnant, non médiatique, non xyloglotte (qui parle la langue de bois), en français sain de corps et d'esprit, l'adjectif " durable " n'a qu'un seul sens : qui dure . Non, l'adjectif " durable " n'est pas à lui seul synonyme de " respectueux de l'environnement ". Non, " durable " ne signifie pas " écologique ". Oui, l'expression " développement durable " - maladroitement traduite de l'anglais sustainable development , qui signifie exactement croissance soutenable , par opposition à saccage in

les vingt-quatre dernières heures

La langue française a subi ces vingt dernières années une sévère poussée de désorganisation dans l'emploi des adjectifs dernier, premier, prochain placés au contact d'un nombre. La grande majorité des journalistes, des orateurs politiques et des rédacteurs publicitaires [seules cibles de la causticité de nos rappels élémentaires en matière de maniement de la langue] nous parlent des " prochaines 48 heures " ou des " dernières 24 heures ". Entraînant le public à patauger dans les fautes qu'ils banalisent, ces professionnels de la langue vivent sous l'influence de mauvaises traductions de l'anglais, langue étrangère dans laquelle l'ordre des mots est ici l'inverse du nôtre. En français, l'adjectif cardinal ( un, deux, trois, etc ) doit toujours se situer avant l'adjectif qualificatif. Ce n'est pas une option, c'est une obligation. Pour expliquer les choses moins savamment, nul n'ignore que le françai

dirty old man (vieux cochon)

La fin de l'année 2017 aura vu dans le monde occidental, et spécialement en France, une incitation au déferlement d'actes de délation dont l'ampleur n'aurait techniquement pas pu être atteinte en aussi peu d'heures durant les hostilités de la Seconde Guerre mondiale, à l'époque où apparut l'incitation à dénoncer les juifs par lettre anonymes dûment timbrées plutôt que par internet ; incitation dont on sait qu'elle a encouragé tant de délateurs exaltés à se faire complices de crimes de guerre sans plus d'états d'âme que ça. Mais heureusement, il ne s'agit pas aujourd'hui de s'en prendre à une ethnie ni à une classe sociale, juste à la moitié de l'humanité : le sexe masculin. Ce genre non féminin, brutal et répugnant d'altérité, dont les individus sont foncièrement méchants et dont la capacité à nuire aux femmes est un sujet d'effroi collectif qui justifie la dénonciation en masse, avec ou sans preuves. Ces humains de se

vous ne développez pas de maladies (et vous n'en déclarez pas)

Nombre de professionnels de santé se hasardent à dire : " le patient développe telle maladie ". Non, c'est la maladie qui se développe en lui. Le patient s'efforce de l'en empêcher. Au prix du même abus de langage , certains professionnels français de l'information se sont hasardés ces jours-ci à s'exprimer ainsi : " Les patients sont anxieux de déclarer la maladie ". Hors contexte, comment comprendre une telle information ? On pourrait penser que les malades en question sont angoissés à l'idée de déclarer à leur caisse d'assurance la survenue d'un mal ou la nature de ce mal : " Les patients sont anxieux de déclarer la maladie ". (Parce qu'elle est honteuse ? Parce qu'on va la leur facturer au prix fort ?). Ou qu'ils sont anxieux à l'idée de déclarer à leurs proches : " je suis atteint de cette maladie ". En réalité, les journalistes qui s'expriment ainsi demandent une fois encore au p

antonymes existants et inexistants

Il manque à notre langue des mots tout simples. Notamment certains antonymes [ces termes de sens opposé, comme joie et tristesse ] qui restent à inventer. Ainsi, l'exact antonyme de profond n'existe pas en français. Tandis que l'anglais peut opposer deep et shallow [dans une piscine, grand bain et petit bain se disent deep end et shallow end ], le français s'en tire par des périphrases comme " peu profond " ou " pas profond ". L'adjectif " superficiel " fonctionne comme antonyme de profond dans certains sens propres ( une plaie superficielle ) et certains sens figurés ( un discours superficiel ) ; mais au sens général, il ne convient pas : un bras de mer est profond ou peu profond , il n'est pas " superficiel ". Inversement, l'adjectif mûr possède un antonyme bien connu : immature . La force de cet antonyme est telle qu'un grand nombre de professionnels de la langue (journalistes, essayistes, polit

les preuves et l'épreuve

À l'instar de l'acheteur de meubles suédois qui doit construire son achat de retour chez lui, le francophone de France et de Navarre devient toujours plus fréquemment obligé par les médias parlés de remettre en forme à ses frais le français approximatif déversé dans ses oreilles. Mais sans que la notice lui soit fournie... Voici un exemple parmi des millions. Dans un entretien radiophonique, un ancien ministre effare les auditeurs un peu attentifs par cette absurdité : " l'épreuve des chiffres ne résiste pas à l'analyse " (sic). Phrase totalement inepte, chacun en conviendra. Sans doute cet orateur professionnel voulait-il affirmer, en réalité, que les chiffres ne résistent pas à l'épreuve de l'analyse, autrement dit que les chiffres ne résistent pas à l'analyse tout court ? Non, ce n'est pas encore ça. En fait, il se trouve que M. le ministre ne sait simplement pas prononcer les sons de sa propre langue : ce n'était pas l'é pre

d'ores et déjà

Travaillant sur le style oratoire médiatique où sévit la préoccupante disparition des liaisons obligatoires en français, nous donnions récemment comme contre-exemples le maintien bien en place de l'articulation " j'ai dix'z'ans " face au déficient " j'ai di' euros ", et la vivacité imperturbable des liaisons dans des expressions consacrées comme " petit à petit " ou " d'ores et déjà ". Or, à France Info, une excellente chroniqueuse environnementale nous a donné tort en créant pour ses auditeurs l'expression "d'or et déjà". Belle image joaillère ! Mais si cette professionnelle de la prononciation voulait dire en réalité " d'ores et déjà ", alors nous l'adjurons de ne pas omettre la liaison obligatoire : dor-zé-déja . Le français aussi est une entité vivante donc vulnérable. Sa vitalité n'est pas sans importance. Si ?

Jeu télévisé : la loterie phonétique

Ce lundi 14 août 2017 est à marquer d'une pierre noire. Sur une chaîne francophone d'informations télévisées en continu, un commentaire de reportage enregistré a été ainsi prononcé par une voix masculine rétribuée pour ce faire : " un soldat est décédé, vin autres sont blessés ". Il ne s'agit pas d'un bafouillage aussitôt déploré par le piètre locuteur professionnel, mais d'une rude faute de liaison (en l'occurrence, une liaison omise) lue avec application par un récitant devant l'oreille attentive d'un ingénieur du son, vérifié par un rédacteur en chef, puis diffusé par le diffuseur. En boucle et sans retouche ni regrets. Désormais, il est donc publiquement reconnu comme admissible que l'orthographe du nombre vingt soit incertaine pour un journaliste de la presse parlée devant son micro et pour ses collègues, au point que, dans le doute, mieux vaille s'abstenir de prononcer les liaisons obligatoires [dix-z-ans, vingt-t-ans, etc],

gestatrice pour autrui

L'expression mère porteuse est attachée historiquement à une pratique très controversée - et même interdite dans la plupart des pays francophones : une grossesse rétribuée, expressément prévue pour donner naissance à un enfant qui ne sera pas élevé par la femme l'ayant porté en son sein. La notion de mère porteuse , entachée de suspicion, a cédé la place vers 2008 à celle de gestatrice pour autrui (GPA) ou  gestatrice  tout court. Applicable à des "mères porteuses" qui agiraient dans le respect de la loi et d'une éthique immaculée, cette terminologie précise va dans le sens de notre action bénévole en faveur de la (pro)création de néologismes bien portants et parlants. Et pour le renoncement volontaire aux néologismes mal formés ou sans fidélité à ce qu'ils prétendent signifier. CLIQUEZ ICI   POUR ACCÉDER À LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE

zoo

Trouvée dans une liste de négligences oratoires à ne plus commettre, cette injonction pavée de bonnes intentions mais erronée :  " bien prononcer zoo en deux syllabes, zo-o ". N'en faites rien. voici pourquoi. Prononcer "zo-o" est au contraire une erreur d'articulation commise par hypercorrection. En linguistique, l' hypercorrection va au-delà du purisme : c'est le fait de tenir pour fautif ce qui ne l'est pas. Si zoologique se prononce en effet zo-ologique, en ce qui concerne son apocope zoo , il s'est produit dans notre langue une fusion naturelle appelée  crase , qui a déterminé par confort la prononciation "zoo" toute fluide. Avec deux o harmonieusement liés en un seul, un peu long ; et non "zo-o", avec deux o détachés par saccade. Ce principe de la crase , irréprochable et même salutaire pour préserver parfois notre diction du ridicule, l'évolution du français l'a aussi vu à l'œuvre dans tragi

passer à la caisse

En France et en Suisse, vous entendez ceci : " le magasin va bientôt fermer, veuillez vous rendre en caisse ". N'en faites rien. Car seuls les billets de banque et les pièces de monnaie sont susceptibles d'aller " en caisse " ; ils y sont d'ailleurs encaissés . Mais les humains, eux, se rendent  à la caisse . De même qu'ils vont au comptoir, au bar, au rayon boucherie , aux toilettes, au jardin, au garage, au bar, au vestiaire ou à l'infirmerie   Avec beaucoup de mauvaise foi ou de manque de clairvoyance, un webmestre s'exprimant au nom d'une haute institution académique française a pris l'initiative personnelle de répondre qu'il n'y avait rien à redire à l'injonction de "passer en caisse", invoquant l'expression "se marier en l'église Saint-Louis". Or, il s'agit là d'un rapprochement doublement spécieux, car : • primo : il se réfère au parler médiéval ecclésiastiq

patients, parents et clients

RÉÉDITION DE NOTRE ARTICLE PUBLIÉ EN 2008 Depuis trois ou quatre ans (NDE : en 2008), le substantif clientèle connaît une vogue écrasante dans la langue commerciale. Au point d'être utilisé comme adjectif. Ce qu'il n'est pas. Ainsi les responsables commerciaux tendent-ils à se présenter massivement comme " responsable clientèle ". La Mission linguistique francophone avait pronostiqué que cette vogue aurait des répercussions dans des domaines voisins. C'est chose faite. Le suivisme a bien été au rendez-vous dans le domaine des affaires médicales et hospitalières. Sur le modèle de clientèle , le mot patientèle y a été forgé. Des médecins négocient depuis peu la cession de leur cabinet et de sa patientèle . Les imitant, l'hôpital des Quinze-Vingts à Paris, centre national d'ophtalmologie, s'est fièrement doté d'une Direction de la patientèle . Et ce, sans attendre le feu vert de l'Académie française, comme si les hôpitaux de l'Ass

vf de Wikipédia

L'encyclopédie collaborative Wikipédia a lancé un appel à la générosité de ses utilisateurs. Contributrice assidue à sa version francophone, la Mission linguistique francophone se consacre presque exclusivement à la correction des fautes de français et à l’amélioration de formulations naïves, obscures ou impropres. Les fautes corrigées par les soins de nos observateurs sont souvent rétablies ensuite par des intervenants peu éclairés, qui cependant menacent de rétorsions les correcteurs bénévoles, fussent-ils lexicographes de métier. Ce dysfonctionnement fait de la version française de Wikipédia une caisse de résonance de l’inculture syntaxique et lexicale, dont le pouvoir de nuisance sur la francophonie est connu et très préoccupant. Concernant l'anglomanie, on note que la version française de Wikipédia n’échappe pas à ce travers. Des termes anglophones dont il existe un équivalent français bénéficient hâtivement d’une entrée dans la vf de Wikipédia, tandis que le term

Prix de la femme architecte

Il faut une bien déplaisante vision de la vie et de sa propre place dans la société pour estimer que le genre des membres d'une profession manuelle ou intellectuelle importe en soi. Qu'être homme ou femme, cela n'a pas la même valeur. Vision déstestable, et pourtant... Le Prix de l'homme magistrat et le Prix de la femme architecte appartiennent à cette vision inepte et discriminatoire. Le  Prix de la femme architecte  existe en France depuis peu, et celles qui le décernent (les hommes n'ont pas leur mot à dire) ou le reçoivent, curieusement, n'en discernent pas le sexisme ni la dimension ostensiblement discriminatoire. Par chance, le  Prix de l'homme magistrat  est une fiction que nous venons d'inventer, bien que la magistrature soit majoritairement féminine (80% des effectifs sortant de l'École de la magistrature sont des femmes ; source Le Point février 2012) et bien que les hommes y soient donc une minorité méritante digne d'u

sur support papier

Le mot papier n'est pas un adjectif. Les formules l'employant comme tel sont donc des barbarismes à proscrire. La francophonie accueille dans son vocabulaire les industries papetières (industries du papier), les cocottes en papier et les corbeilles à papiers , mais déchire avec irritation les documents papiers (sic), les versions papier (sic), les annuaires papier (sic) et les choses " papier " d'une manière générale. Le vocabulaire le plus simple est perdu de vue en même temps que le jargon s'hypertrophie. La syntaxe s'en détache par lambeaux. Dans les administrations - et par contagion dans la vie courante - on assiste à la mutation du mot papier en une sorte d'adjectif invariable. Un terme sans statut grammatical précis, accolé à divers autres pour exprimer l'idée de documents palpables et lisibles à l'œil nu, par opposition à ceux dont la lecture exige un écran informatique. Par un excès de précision irréfléchi doublé d

rasoirs Braun

Stupéfaction d'entendre le récitant du spot publicitaire Braun actuellement diffusé nous prononcer le nom de cette marque "Bronne" ! Cela soulève trois questions aux réponses inquiétantes : 1/ L'ingénieur du son était-il aussi sourd que le comédien était incompétent ? 2/ Le dircom était-il en vacances ou ignore-t-il réellement que  Braun  se prononce Braun (ou Bra-aun en allemand) mais certainement pas Bronne ? 3/ L'agence de pub a-t-elle été payée pour cette destruction de marque par négligence ? 4/ Dans les conversations en français, est-ce trop demander de ne pas confondre les sons "o" ouvert (comme dans fort) et "ô" fermé (comme dans beau , trône ou Braun ), ni les son "é" et "ê" ( briqué ou briquet ) dans la langue médiatique ? 5/ La culture des jeux vidéos et des sms a-t-elle irrémédiablement créé une génération montante qui ne perçoit plus la justesse de la prononciation comme une dimension décisive des éch

éco-lettre éco-ouverte à des éco-responsables fiers de leurs éco-hameaux

Les observateurs et commentateurs de la Mission linguistique francophone vous prient de pardonner leur coup de gueule unanime ci-après, mais trop c'est trop, comme dit la tautologie populaire. Le vent, non pas de folie, mais de profonde imbécilité sémantique qui souffle à nos oreilles des éco-naiseries et des éco-lapalissades ininterrompues souffle maintenant jusque dans les hameaux de nos campagnes, que voici rebaptisés, sans rire et par des esprits malades de suivisme technocratique, des " éco-hameaux ". Il semble que la traduction de "éco-hameau" en vrai français encore sain d'esprit, soit hameau écologique . Inventer le "hameau écologique", c'est-à-dire le hameau en prise avec la nature environnante et féru de voisinage de proximité, c'est se qui s'appelle inventer l'eau froide, non  ? En Auvergne, par exemple, " l'éco-hameau " (sic) de Bertignat [Puy-de-Dôme] se caractériserait, selon le Palmarès des jeun

l'avenir est passé (de mode)

Le contraire du passé, en français, c'est l'avenir . Mais une langue vivante est vulnérable par nature. Et certains de ses mots les plus nécessaires peuvent mourir sous les coups de l'ignorance. Dès le début des années 1990, la Mission linguistique francophone constatait qu'une forte majorité de professionnels de la langue française (journalistes, publicitaires, dialoguistes) ignorait l'existence de l' avenir , et notamment du proche avenir , obstinément appelé " le futur proche ", sous l'influence de mauvaises traductions de l'anglais [en anglais, l'avenir se dit " the future " ; et " dans un proche avenir " se dit " in the near future "]. Rien n'ayant été fait pour remédier à la diffusion omnidirectionnelle de cette bévue, les moins de 25 ans ont été soumis toute leur vie à l'idée que le contraire du passé était le futur. Ils s'étonnent qu'on s'étonne de cette méprise anglomane. Car p

cheffe ou chef de service ?

" Un véritable barbarisme ", voilà l'arrêt de mort qu'a signé l' Académie française [dès 2002 , avec confirmation en 2014 ] contre la féminisation inepte de chef en cheffe . La respectable assemblée rappelle qu'il importe peu que telle ou tel ministre ponde une circulaire prônant l'adoption d'un barbarisme comme " cheffe de service "ou " proviseure ", car nul gouvernement n'est habilité à décider de ce qui constitue le bon usage de la langue française. La Mission linguistique francophone ajoute à cette mise au point sa propre démonstration : la féminisation de chef par cheffe n'a, en tout état de cause (reconnaissance de l'autorité des académiciens ou non), ni légitimité ni pertinence, puisque la désinence -effe n'est aucunement le propre du féminin comme en atteste le greffe du tribunal. Réciproquement, la désinence -ef n'est nullement d'une insupportable masculinité , comme en atteste l'existen

initier, générer, impacter

Le verbe initier n'a qu'un seul sens correct en français : procéder à une initiation, à un rite initiatique ; tous les autres sens qu'on lui donne depuis vingt ans sont faux, tels ceux dont la formulation correcte est en réalité : prendre une initiative , être l'initiateur de , être à l'origine de ou lancer une action. Le verbe générer n'a qu'un seul sens correct en français, dans diverses acceptions essentiellement scientifiques : une fonction génère une courbe . Tous les autres sens sont faux ou approximatifs, sous l'influence envahissante de mauvaises traductions de l'anglais to generate , verbe signifiant : engendrer , causer, créer, susciter, produire ; et très rarement générer . Ainsi, en français, une mauvaise nouvelle suscite ou cause de l'inquiétude, elle n'en "génère" pas. Le verbe " impacter " est un anglicisme et un barbarisme. Il n'a aucun sens correct en français. "À côté des verbes i

prejudice ou préjudice ?

L'un des faux amis les plus trompeurs entre le français et l'anglais est le mot prejudice (anglais, sans accent aigu) ou préjudice (français). En anglais, your prejudice , ce sont vos préjugés . Ce sont souvent eux qui porteront préjudice et non l'inverse ! On notera que l'anglais prejudice est invariable : prejudice, ce sont les préjugés. De même, le verbe to prejudice ne signifie pas porter préjudice . Le 16 mars 2017, l' AFP s'est engouffrée dans ce piège et a entraîné tous les médias francophones d'Europe à sa suite. Au sujet d'un décret présidentiel repoussé, la veille aux USA par un magistrat hawaïen, on nous a répété que ce décret avait été reconnu susceptible de causer " un préjudice irréparable ", alors qu'il a été déclaré de nature à inscrire des préjugés (religieux, en la circonstance) de façon irrémédiable dans la législation américaine.

"être vent debout" : sens et contresens

Vent de bout est un terme de navigation à voile indiquant qu'un bateau se trouve exactement face au vent et n'avance donc plus. Qu'il est privé de vitesse et de possibilité de manœuvre, toutes voiles dégonflées, inerte. C'est donc dans un sens faux que cette expression est devenue insidieusement un tic de la langue médiatique et politique, une dizaine d'années après l'an 2000. Lorsqu'un orateur politique nous annonce aujourd'hui que ses partisans sont " vent debout contre " telle ou telle réforme, il s'imagine nous annoncer qu'ils s'y opposent avec vigueur, comme redoutablement campés sur leurs deux jambes dans un vent funeste. Mais il dit exactement le contraire : il nous apprend qu'ils sont réduits à l'impuissance et immobiles dans une mer qui s'agite sans eux... Ce n'est pas une lourde impropriété de terme, juste une petite erreur de cap sémantique. Car à 15° près dans la rose des vents, ces opposants pourr

démissionner ou être démise

Pour mémoire, on ne "démissionne" pas quelqu'un, on le démet (de ses fonctions). Une dirigeante est donc démise - ou poussée à la démission - et non "démissionnée". De même qu'une personne qui s'alimente n'est pas "mangée", elle mange. La confusion entre les significations d'un même verbe selon qu'il est employé à la forme active ou passive est en principe une erreur qu'on ne commet plus au sortir de l'école élémentaire ; faute de quoi on n'est pas admis au collège. Et moins encore admis à rédiger les titres de la presse francophone. Illustration : la productrice Tania Zarak ( au centre ) accuse son ex-employeur Netflix de l'avoir démise de ses fonctions en raison de sa grossesse.

donneurs d'ordres et commanditaires

Le " donneur d'ordres " est une expression employée à mauvais escient dans le jargon des affaires pour désigner le client, et plus exactement le commanditaire : celui qui passe commande d'un bien ou d'un service. Et non celui qui donne des ordres sous prétexte qu'il a de l'argent... Voici d'où vient la méprise. Le mot anglais order signifie ordre , à tous les sens du terme français : l'ordre ordonné ( remettre en ordre, mettre de l'ordre dans ses affaires ), ou l'ordre ordonnant ( donner des ordres, être aux ordres de quelqu'un ). Mais l'anglais order doit parfois se traduire par portion ( une portion de frites ), car le verbe to order signifie aussi commander, passer commande ; or une portion de frites est comprise par la langue anglaise comme une commande de frites , c'est-à-dire comme l' ordre donné et reçu de servir une certaine quantité de frites. Le mot anglais order est donc en partie un faux ami. À ce

motif utile ou motif futile ?

Certains s'interrogent sur l'utilité de prononcer clairement en français les consonnes redoublées : i mm obile, i mm ense, i mm ature, i mm oral, a ll usion, i ll ogique, etc. Si un professionnel de la parole dit " i-mobile " ou " i-mense " au lieu de [ im-mobile ] ou [ im-mense ], tout le monde le comprendra. De même pour les "fautes d'orthographe sonores" suivantes : ilogique, imature, alusion, imoral , etc. Soumis à ces imprécisions phonétiques dans les médias parlés, nombre de locuteurs francophones perdent graduellement l'habitude de redoubler les consonnes, préférant l'économie d'effort articulatoire à la clarté de leur diction. Cette habitude de paresse s'étend à la prononciation de deux sons consonnes identiques qui ne sont pas au cœur d'un mot, mais se répètent en fin et en début de mots : baobaB Brûlé , par exemple. Certes, il est rare de parler de baoba b b rûlé, de cla m m agnifique, de la c c linquant, ou