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Affichage des articles du septembre, 2017

antonymes existants et inexistants

Il manque à notre langue des mots tout simples. Notamment certains antonymes [ces termes de sens opposé, comme joie et tristesse ] qui restent à inventer. Ainsi, l'exact antonyme de profond n'existe pas en français. Tandis que l'anglais peut opposer deep et shallow [dans une piscine, grand bain et petit bain se disent deep end et shallow end ], le français s'en tire par des périphrases comme " peu profond " ou " pas profond ". L'adjectif " superficiel " fonctionne comme antonyme de profond dans certains sens propres ( une plaie superficielle ) et certains sens figurés ( un discours superficiel ) ; mais au sens général, il ne convient pas : un bras de mer est profond ou peu profond , il n'est pas " superficiel ". Inversement, l'adjectif mûr possède un antonyme bien connu : immature . La force de cet antonyme est telle qu'un grand nombre de professionnels de la langue (journalistes, essayistes, polit

les preuves et l'épreuve

À l'instar de l'acheteur de meubles suédois qui doit construire son achat de retour chez lui, le francophone de France et de Navarre devient toujours plus fréquemment obligé par les médias parlés de remettre en forme à ses frais le français approximatif déversé dans ses oreilles. Mais sans que la notice lui soit fournie... Voici un exemple parmi des millions. Dans un entretien radiophonique, un ancien ministre effare les auditeurs un peu attentifs par cette absurdité : " l'épreuve des chiffres ne résiste pas à l'analyse " (sic). Phrase totalement inepte, chacun en conviendra. Sans doute cet orateur professionnel voulait-il affirmer, en réalité, que les chiffres ne résistent pas à l'épreuve de l'analyse, autrement dit que les chiffres ne résistent pas à l'analyse tout court ? Non, ce n'est pas encore ça. En fait, il se trouve que M. le ministre ne sait simplement pas prononcer les sons de sa propre langue : ce n'était pas l'é pre

d'ores et déjà

Travaillant sur le style oratoire médiatique où sévit la préoccupante disparition des liaisons obligatoires en français, nous donnions récemment comme contre-exemples le maintien bien en place de l'articulation " j'ai dix'z'ans " face au déficient " j'ai di' euros ", et la vivacité imperturbable des liaisons dans des expressions consacrées comme " petit à petit " ou " d'ores et déjà ". Or, à France Info, une excellente chroniqueuse environnementale nous a donné tort en créant pour ses auditeurs l'expression "d'or et déjà". Belle image joaillère ! Mais si cette professionnelle de la prononciation voulait dire en réalité " d'ores et déjà ", alors nous l'adjurons de ne pas omettre la liaison obligatoire : dor-zé-déja . Le français aussi est une entité vivante donc vulnérable. Sa vitalité n'est pas sans importance. Si ?