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Affichage des articles du août, 2016

danger et dangerosité

Un officier de police soucieux de parler savamment à la télévision explique que les scooters " présentent une dangerosité pour les piétons ". Il ne sait plus que le mot juste, même pour parler savamment, est danger : si les scooters sont dangereux, alors ils présentent un danger, pas une "dangerosité". La pataude "dangerosité" n'a aucun besoin d'exister puisqu'elle signifie exactement la même chose que le danger : la dangerosité est définie, par les professionnels qui ont adopté ce terme tarabiscoté, comme le fait d'être dangereux. C'est donc bien le danger. Car est dangereux ce qui constitue un danger. C'est même une lapalissade. Avec deux fois et demi plus de syllabes que le danger (cinq au lieu de deux), la "dangerosité" est aussi inutilement hypertrophiée que l'est une   fonctionnalité au lieu d'une   fonction . Perte de repères navrante mais sans autre danger (et non "sans autre dangerosité...

susceptible et vexatile

Une personne qui se vexe facilement est une personne susceptible . Mais, comme le mot vexer ne présente aucune similitude d'aspect avec le mot susceptible , certains locuteurs francophones ne font pas le lien entre les deux termes et disent d'une telle personne qu'elle est " vexable ". Plutôt que cette fabrication maladroite, la Mission linguistique francophone leur propose l'adoption du néologisme vexatile : " Robert est trop vexatile, ça devient saoulan t". Ce mot est formé sur le modèle de versatile (qui change facilement d'humeur, d'opinion, d'état), docile (qui se montre doux devant l'autorité), ductile (qui possède la propriété de s'étirer), gracile (qui possède une grâce fragile), etc. La surabondance actuelle et passée d'adjectifs formés au moyen du suffixe -able ne doit pas faire oublier que la langue française est riche d'autres désinences . Ici, la similitude entre fragile , versatile et vexatile...

suite à : une fièvre contagieuse

" Suite à " n'est pas digne de vous . C'est un lourd solécisme et donc du très mauvais français. Cette locution dérisoire est pourtant propagée désormais en France et en Belgique par les médias et les administrations avec le plus grand sérieux. Et la plus navrante obstination. Initialement, l'expression '' suite à' ' n'était employée que par des plaisantins, au même titre que " rapport à ", pour singer la langue administrative ou militaire malhabile, dans des phrases comme celle-ci : " Mon adjudant, j'voudrais vous causer suite à ma désertion pour vous donner des explications rapport à l'invasion subie subitement ". On voit bien que la construction des locutions '' suite à '' et '' rapport à '' est absolument défectueuse, puisque le complément de nom doit se construire avec la préposition de et non la préposition à (il convient de dire " le père de Louis " et non ...