Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles du août, 2011

dédier

L'action décrite par le verbe dédier possède toujours en français une valeur d'hommage. Dédier une sonate à sa bien-aimée, c'est lui faire symboliquement don de cette composition pour louer ses sublimes qualités. Dédier n'a aucun autre sens en français - hormis les sens erronés qu'on tend à lui donner depuis une génération sous l'influence de mauvais traducteurs de l'anglais technique. Dédier une conférence à Beethoven, c'est  honorer la mémoire de Beethoven en l'association symboliquement au thème cette conférence. Ce n'est pas simplement lui consacrer une conférence, ni donner une conférence sur Beethoven. Mais on peut donner une conférence sur la surdité, et la dédier à Beethoven ; c'est-à-dire rendre hommage au passage à l'héroïsme de Beethoven face à ce handicap, bien qu'il ne soit pas le sujet de la conférence. Hélas, cette claire et forte singularité de sens, que personne n'ignorait au vingtième siècle, tend à

morbide, sordide et macabre

Parce que sa première syllabe est homonyme du mot mort , l'adjectif morbide est souvent employé par erreur pour désigner ce qui se rapporte à la mort, ce qui évoque des idées de mort. De même, en raison de la rime très riche qui les rapproche, les sens des adjectifs morbide et sordide sont fréquemment confondus. Or, ce qui est morbide se rapporte à la maladie et non à la mort (du latin morbidus : malsain ou maladif). Ce qui est sordide n'est pas maladif mais d'une repoussante bassesse. Ce qui apporte la mort est mortifère ou mortel . Ce qui évoque la mort ou s'y rapporte, ce qui se veut familier de la mort n'est pas morbide ni sordide mais macabre . Les idées morbides ne sont donc pas des idées de mort, mais des idées malsaines . Parmi lesquelles peuvent apparaître éventuellement des idées de mort (mort d'autrui ou suicide), qui sont alors des idées macabres . C'est bien parce que les concessions faites, parfois stoïquement, à l'idée