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Articles

Affichage des articles du juillet, 2020

esquimau

" Un glacier-pâtissier danois renonce au terme esquimau, qu'il juge offensant pour ce peuple " (information parue dans le quotidien 20 Minutes, 28 juillet 2020) Zut, il va falloir renoncer à lapin chasseur , offensant pour les lagomorphes et les fines gâchettes, à charlotte aux fraises , offensant pour les Charlotte, à Paris-Brest , blessant pour les cheminots, à éclair au chocolat , moqueur envers Zeus et sa foudre, à daube provençale car c'est pas de la daube quand même la Provence ! Il va falloir aussi renoncer à cravate , déformation offensante de l'adjectif ethnique croate , et ne plus pendre à nos oreilles des créoles ni nous chausser de spartiates . Cette stupidité bien-pensante procède d'une perte de repères linguistiques : dans de telles métonymies gourmandes ( esquimau pour crème glacée, flûte pour verre de champagne ou son contenu, Brillat-Savarin fromage empruntant le nom de famille d'un gourmet) il y a au contraire hommage aux not

s'exposer (selon Alice Coffin)

"En ne conduisant pas, je m'expose à ne pas mourir sur la route." (paraphrase d'une déclaration faite par une élue municipale française du nom d'Alice Coffin à une chaîne de télévision étrangère) Nous paraphrasons ici avec la plus grande fidélité dans le contresens une déclaration d'une conseillère municipale parisienne dont la violence diffamatoire à l'encontre de la moitié masculine de ses électeurs a fait tressaillir d'indignation ou sauter de joie, mais dont le mauvais maniement de la langue n'a pas même été relevé dans ce tohu-bohu. Voici la déclaration accusatoire dans sa forme originale : " En n'ayant pas de mari, je m'expose à ne pas être violée, tuée, tabassée (...) et mes enfants non plus ". Or, la formule verbale " s'exposer à"  ne peut introduire qu'un complément négatif. On s'expose à mourir en allant à la guerre, on s'expose à échouer à un concours en s'y présentant. Mais on n

un bien-cuit

"Alexandre Barrette sert un bien-cuit à Ludivine Reding." (Jean-François Vandeuren, Huffington Post Québec, 23 juillet 2020) Les francophones non canadiens ne peuvent que saluer bien bas la détermination des Québécois à parler français contre vents et marées. Aucune faute de français dans le titre ci-dessus, en dépit de son obscurité pour la plupart d'entre nous. Au contraire : un bien-cuit est la francisation de roast , terme désignant une réception donnée en l'honneur d'une personne qui fera l'objet de vacheries bien senties mais dont toute méchanceté sera désamorcées par l'outrance même des attaques. Par exemple, au cours de ce bien-cuit, Alexandre Barrette dit à Ludivine Reding : " Il y a des choses qui ne sont pas belles dans la vie, comme la guerre, le racisme et la manière dont tu fais tes créneaux ." Tandis qu'au Canada les chaînes francophones organisent des bien-cuits , en France elles nous servent des talk shows de prime

ministres démis de leurs fonctions

"Victoire. Les ministres B..., C..., P... enfin démissionnés." ( Jean-Luc Mélenchon, Twitter, 5 juillet 2020) Voilà un barbarisme peu digne de l'éloquence de ce tribun. Car des ministres DÉMISSIONNENT ou SONT DÉMIS (de leurs fonctions), mais ne sont pas "démissionnés". Ni eux ni personne.  De même, une personne qui s'alimente n'est pas "mangée", elle mange. La confusion entre les significations d'un même verbe selon qu'il est employé à la forme active ou passive est en principe une erreur qu'on ne commet plus au sortir de l'école élémentaire ; faute de quoi on n'est pas admis au collège. Et moins encore admis à rédiger des messages officiels, fussent-ils révolutionnaires ou révoltés. Veillons avec soin sur toute langue vivante, vivante donc fragile. Car il est une forme d'insoumission à la structure porteuse du langage qui ne grandit personne et ne lutte pas dans le bon sens. POUR ACCÉDER À LA PAGE D

"sur" dépasse les bornes

"Ce dont on parlait sur les travailleurs." (Manuel Bompart, député français et docteur en mathématiques, 6 juillet 2020) La préposition SUR est ici employée inconsidérément à la place de l'un des termes POUR ou À PROPOS DE ou CONCERNANT, qu'elle phagocyte. " Ce dont on parlait pour les travailleurs " ou " ce dont on parlait à propos des travailleurs " ou " ce dont on parlait concernant les travailleurs " ,  voulait probablement dire cet orateur politique de langue maternelle française. Ou peut-être : "ce qu'on disait sur les travailleurs". Pour mieux comprendre quelle intrigue se noue dans notre feuilleton estival autour du petit mot de trois lettres sur devenu fou dans la langue de France contrairement à la plupart des autres pays francophones, résumons les épisodes précédents de ses méfaits. En moins d'une semaine, sur a été surpris à torpiller sans sommations les mots suivants : • à (avec les tristemen

feuilleton estival de la langue mal pendue [4]

4• " Ils vont devoir me remettre une stratégie zéro déchet dans les trois mois . " (Brune Poirson, dans ce clip officiel produit par le ministère français de la Transition écologique et solidaire, 4 juillet 2020) " Remettre une stratégie zéro déchet " ? Mme Poirson est-elle bien sûre de ce qu'elle dit et de la manière dont elle le formule, après mûre réflexion en compagnie de ses conseillers et avec la bénédiction de sa ministre de tutelle ? Manifestement, oui, elle en est satisfaite. Elle se fait même filmer le disant, et sous-titrer pour enfoncer le clou. Triple faute, pourtant. Condensées en trois mots, ces trois fautes ou erreurs révèlent un niveau stagnant de pollution culturelle de la langue, mazoutée par les solvants du marketing, asphyxié par le jargon et le compactage d'une pensée réduite à ses seuls mots-clefs . A/ Le choix du verbe est impropre : en français on ne " remet " pas une stratégie, à moins de la remettre à

feuilleton estival de la langue mal pendue [2]

" Vous avez été ministre en charge de la santé. " (Brigitte Bourguignon, Assemblée nationale française, 2 juillet 2020) Depuis des années, c'est la tournure anglophone " in charge of " qui est ici francisée mot à mot, par négligence et par suivisme, pour donner  EN CHARGE DE  au détriment de  CHARGÉE DE " Vous avez été ministre CHARGÉ DE la santé" ou plus simplement encore "vous avez été ministre DE la Santé", voulait dire la présidente de la commission parlementaire, elle-même  chargée de  se pencher sur les éventuels faux pas du bal masqué sanitaire. Les organisations publiques et privées seront bien inspirées de mettre à profit les semaines d'été pour rectifier cette faute dans leurs organigrammes. Nous invitons leurs dirigeants et leurs interlocuteurs à se convaincre de cette nécessité en se souvenant que l'on porte le titre de Chargée ou Chargé de mission et non celui de "En charge de mission". De même,