La forme sensée de l'expression en question est bien "autant pour moi", et non "au temps pour moi", comme certains le soutiennent.
"Autant pour moi !" était à l'origine une sorte d'interjection militaire, par laquelle un supérieur reconnaissait devant ses subalternes une bévue - et initialement, une injustice - qu'il avait commise. Par ces mots, il s'attribuait fictivement, en signe de contrition et de bonne foi, le même quantum de sanction que ce qu'il eût infligé à un subordonné pareillement pris en faute (autant de pompes, autant de jours de consigne ou d'arrêts de rigueur, autant de kilos de patates à éplucher, autant de centimètres de remontée de bretelles, autant de coups de pieds au cul qui se perdent) : "autant pour moi !", s'exclamait-il et s'exclame-t-il encore.
Contrairement à une rumeur qui va se propageant dans certains dictionnaires de difficultés du français, et jusque sur les bancs de l'Académie française, il ne s'agit nullement d'une affaire de temps musical ni de défilé militaire. Selon cette explication compliquée dont nul bidasse n'a le souvenir, l'homme de base d'une colonne en défilé, ayant commis une erreur de marche au pas, se redonnerait la mesure en lui-même ("1 ! 2 !") et clamerait à ses camarades, par-dessus l'autorité de ses supérieurs : "au temps pour moi !", par référence au temps du solfège (cf. valse à trois temps). Ce qui n'est conforme ni à la langue musicale ni à la langue militaire ni au français courant. Ce n'est pas davantage plausible au regard du règlement militaire qui impose très strictement, et depuis toujours, le silence absolu dans les rangs - a fortiori aux bidasses qui commettent un impair ! La question est cependant toujours disputée. Ce qui est le propre des faux bruits à succès.
Ce faux bruit est entériné çà et là par de grands éditeurs lexicographiques qui ont sans doute été dispensés d'étudier le solfège puis exemptés de service militaire. En leur temps.
NDA : En musique comme en chorégraphie, on dit "sur le temps", et non "au temps", en précisant lequel (sur le temps fort, sur le temps faible, le temps précédent, le temps suivant, le premier, le deuxième, etc), sans quoi personne ne sait où se retrouver.
[Cet article a été publié sur ce site le 19 mars 2009. Constatant que le débat se ravive, le comité éditorial de la Mission linguistique francophone remet l'article sur le dessus de la pile...]
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"Autant pour moi !" était à l'origine une sorte d'interjection militaire, par laquelle un supérieur reconnaissait devant ses subalternes une bévue - et initialement, une injustice - qu'il avait commise. Par ces mots, il s'attribuait fictivement, en signe de contrition et de bonne foi, le même quantum de sanction que ce qu'il eût infligé à un subordonné pareillement pris en faute (autant de pompes, autant de jours de consigne ou d'arrêts de rigueur, autant de kilos de patates à éplucher, autant de centimètres de remontée de bretelles, autant de coups de pieds au cul qui se perdent) : "autant pour moi !", s'exclamait-il et s'exclame-t-il encore.
Contrairement à une rumeur qui va se propageant dans certains dictionnaires de difficultés du français, et jusque sur les bancs de l'Académie française, il ne s'agit nullement d'une affaire de temps musical ni de défilé militaire. Selon cette explication compliquée dont nul bidasse n'a le souvenir, l'homme de base d'une colonne en défilé, ayant commis une erreur de marche au pas, se redonnerait la mesure en lui-même ("1 ! 2 !") et clamerait à ses camarades, par-dessus l'autorité de ses supérieurs : "au temps pour moi !", par référence au temps du solfège (cf. valse à trois temps). Ce qui n'est conforme ni à la langue musicale ni à la langue militaire ni au français courant. Ce n'est pas davantage plausible au regard du règlement militaire qui impose très strictement, et depuis toujours, le silence absolu dans les rangs - a fortiori aux bidasses qui commettent un impair ! La question est cependant toujours disputée. Ce qui est le propre des faux bruits à succès.
Ce faux bruit est entériné çà et là par de grands éditeurs lexicographiques qui ont sans doute été dispensés d'étudier le solfège puis exemptés de service militaire. En leur temps.
NDA : En musique comme en chorégraphie, on dit "sur le temps", et non "au temps", en précisant lequel (sur le temps fort, sur le temps faible, le temps précédent, le temps suivant, le premier, le deuxième, etc), sans quoi personne ne sait où se retrouver.
[Cet article a été publié sur ce site le 19 mars 2009. Constatant que le débat se ravive, le comité éditorial de la Mission linguistique francophone remet l'article sur le dessus de la pile...]
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