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Articles

Affichage des articles du janvier, 2008

traduire n'est pas toujours trahir

Le générique de la version francophone sous-titrée de No country for old men , film réalisé par Ethan et Joel Coen, comprend un nom qui fait honneur au métier de traducteur : Henri Béhar. Sur un bon millier de sous-titres, aucun ne comporte la moindre baisse de qualité dans la concision et la justesse. La fidélité à l'esprit des dialogues l'emporte partout sur le mimétisme irréfléchi. Aucun faux ami n'encombre la lecture. Même " porch " est correctement traduit par " véranda " - contrairement à une négligence qui entache répétitivement la version française du western Impitoyable , de Clint Eastwood, dans lequel Gene Hackman construit sous nos yeux une veranda sans cesse qualifiée de porche . Cette forme de cécité n'a manifestement pas sa place dans les adaptations signées Henri Béhar . Nous lui exprimons notre gratitude amicale. POUR ACCEDER A LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE, CLIQUEZ ICI

art-chitecture

France Inter nous a annoncé que la journée du 28 janvier 2008 allait être consacrée par la station à célébrer le dixième anniversaire de l'édification du Stade de France . On a ainsi entendu des journalistes successifs énumérer les noms de Platini, de Zidane, de Chirac, décompter les milliers de tonnes de béton, la température de l'air le jour de l'inauguration, etc. Pas une seule fois en une heure d'écoute n'a été prononcé... le nom des auteurs du stade. Imagine-t-on, à France Inter , séparer le nom d'un concerto de celui de son compositeur, ou décerner un prix littéraire à un roman dont on ne citerait pas l'auteur ? Ou annoncer une vente record dans le monde de la peinture sans préciser s'il s'agit de Bacon ou de Pollock ? Si les journalistes semblent trop souvent propager l'inculture, ce n'est pas parce qu'ils ignorent qui a conçu le Stade de France, ni seulement parce qu'ils manient le français avec une grande négligence, ma

quand les chiottes fuitent

Pour le francophone épris d'une langue claire et cohérente, la lecture et l'écoute de la presse exigent souvent des nerfs d'aciers, dont tous les lecteurs et tous les auditeurs ne sont pas pourvus... En français, lorsqu'une information confidentielle ne le reste pas, on dit qu'elle filtre (et inversement que " rien n'a filtré ") ou qu'elle transpire . C'est plutôt joli et très parlant. Mais dans Le Monde [du 29 novembre 2006] et dans Le Figaro [du 16 novembre 2007], des journaliste sans doute recrutés par inadvertance n'ont pas craint d'écrire :" Son nom a déjà fuité dans les médias " (Le Monde) ; " le cabinet du Premir ministre britannique a fait fuiter les termes d'un possible compromis " (Le Figaro). Organiser une fuite [ d'information ], voilà ce qu'il faut comprendre derrière l'effarant barbarisme "faire fuiter". Rappelons que l'action de fuir s'appelle une fuite

avalanche de principes de précaution

Directement sculptée dans la langue de bois politique, l'expression " principe de précaution " a connu un succès fulgurant à l'orée du vingt et unième siècle. Elle est encore très présente dans des tournures boursouflées telles que : " en vertu du principe de précaution " - dont la traduction en français correct tient en deux mots au lieu de six : par précaution ; ou par prudence . Toute prise de précaution relève d'un principe : la précaution. Le "principe de précaution" n'est donc qu'un pléonasme ronflant, un tic de langage à proscrire de son vocabulaire. De fait, on perçoit des signes annonciateurs de la décrue de cette sotte expression qui aura inondé le discours des années 2000 à 2010. Ainsi, à la suite de fortes précipitations de neige , le maire d'une petite ville des Alpes est interviewé sur les ondes d'une radio nationale française et annonce sa décision d'interdire provisoirement l'accès à la station

attention, consultance (sic)

On trouve avec effroi le terme de " consultance " (sic) employé par certaines universités françaises (Lyon, Grenoble , Toulon, Pau) pour désigner en réalité l'activité de conseil [aux entreprises]. La malformation de ce néologisme inutile est tellement criante qu'elle se passerait de commentaire. Nous allons quand même en faire deux. D'abord, il faudrait sérieusement s'alarmer du peu de vigilance lexicale de certains directeurs d'établissements d'enseignement supérieur. Les universités pré-citées ne sont pas les seules en cause. Il existe de belles Grandes écoles, fort difficiles d'accès, dont les intitulé de certains cours ou diplômes ne font pas moins froid dans le dos par leur absence de rigueur intellectuelle ou leur fragilité linguistique. Ensuite, il faudrait s'atteler à bannir une fois pour toutes du vocabulaire professionnel le terme de " consultant ", mot anglais signifiant - dans cette langue mais non dans la nôtre -