Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles du juillet, 2024

bon déroulement et mauvais déroulé

La Mission linguistique francophone et l' Académie française unissent leurs efforts pour rappeler d'une même voix qu'une action se déroule selon son déroulement et non selon son " déroulé " (sic) - contrairement à ce que l'on lit depuis peu d'années sous la plume de rédacteurs professionnels adeptes de l'approximation. Faute que l'on entend par contagion dans la bouche de celles et ceux que la répétition des erreurs de langage nouvelles attirent irrésistiblement, par la seule vertu de leur nouveauté. Pour ces francophones-là, que nous avons sondés, le bon déroulement est un mot éculé qui manque de dynamisme. Selon eux, le " déroulé " (sic) d'une cérémonie, c'est plus actif [*]. De toute façon - tranchent-ils - on est libre de dire ce qu'on veut quand même, non ? Ce dévoiement de la notion de liberté ne suscite ni le "consternement" ni le "consterné", mais bien la consternation . [*] Faux : le néol

de plus en plus compliqué

La complication, la difficulté et l'impossibilité sont trois notions différentes. Les mots pour les désigner ne sont pas interchangeables. Ni en français ni dans la plupart des langues. Les observateurs de la  Mission linguistique francophone  constatent pourtant depuis 2012 que cette distinction est en voie de disparition dans l'esprit des orateurs professionnels, puis du grand public à leur suite. La confusion de sens s'opère dans leur esprit au détriment des adjectifs difficile voire impossible et d'une multitude de notions voisines ( rude, subtile, éprouvant, confus, tendu, délicat, troublant , compromis , etc), auxquelles ils tendent à préférer systématiquement l'adjectif  compliqué . Même lorsque la difficulté en question est dépourvue de  complication , tout ce qui est en réalité  difficile est devenu " compliqué ". Pour les démunis, les temps ne sont plus rudes , ni difficiles , ils sont "compliqués". Pour le candidat qui se dési

abus de la préposition "sur"

" Nous sommes remontés sur l'assassin. " (Un directeur de la police judiciaire française, France 3) La préposition SUR est ici employée abusivement à la place de JUSQU'À : " Nous sommes remontés jusqu'à l'assassin " aurait dû déclarer ce spécialiste français de la traque d'assassins, interrogé par la télévision de son pays. Or, non. Aujourd'hui, un haut fonctionnaire de police, membre de l'élite intellectuelle donc, et francophone de naissance, nous informe sans rougir que son enquête lui a permis de remonter sur l'assassin. On l'imagine juché sur les épaules d'un assassin.  Les ravages ainsi causés par l'abus de la préposition sur s'étendent sans répit depuis 30 ans. Et le divorce semble par moments entièrement consommé entre une langue et ses plus fins esprits. POUR ACCÉDER À LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE, CLIQUEZ ICI  

échelle de la douleur

Les secouristes, pompiers et médecins, au premier rang desquels les médecins urgentistes, ont fréquemment besoin de se représenter la douleur éprouvée par le patient. Pour cela, ils nous  demandent de décrire notre douleur par une nombre sur une échelle de 1 à 10. Les professionnels de santé s'en accommodent et font la part des choses avec sagacité. Mais le nombre donné est hautement subjectif. Or, toute douleur n'est-elle pas subjective ? Si, et c'est pourquoi cette échelle de 1 à 10 a prouvé son utilité et ne souffre pas de critique fondamentale. Toutefois, on pourrait imaginer de faire correspondre à chaque échelon numérique une évaluation moins abstraite, et la plus parlante possible. Coupler ainsi cette échelle numérique avec une échelle d'adjectifs réduirait les larges approximations dans l'estimation "de 1 à 10". Voici la mise en mots que propose la Mission linguistique francophone . ÉCHELLE QUALIFICATIVE DE LA DOULEUR dans le mond

en termes de

Comme il n'y a pas le moindre mot anglais, ni aucune rime en -ing , peu de gens entendent un anglicisme assourdissant dans l'expression " en termes de ". C'est pourtant du pur anglais ( in terms of ) traduit mot-à-mot et à la va-comme-j'te-pousse par des professionnels négligents œuvrant dans le monde de la presse, de l'édition, de la traduction bien sûr, et des affaires. Mais les affaires internationales et le marketing, ce qui les a rendus très désireux de parler pour le restant de leurs jours comme ils ont entendu le faire à Wall Street durant leur stage de quatre semaines aux USA. Cette entrée en contrebande de in terms of dans le français courant s'est produite peu avant la fin du vingtième siècle. Depuis, la tache s'incruste dans le tissu des raffinements langagiers qui drape nos discours et nous les rend seyants. Mais que signifie réellement " en termes de " dans toute autre langue que son habituel franglais ? En français, en terme