La Seine "baignable".
C'est
avec stupéfaction que les personnes qui n'ont pas encore perdu
l'instinct de leur propre langue ont entendu proliférer ce néologisme
moche, paresseux, inepte et suiviste, y compris dans la bouche du
président Macron, pourtant lauréat du Concours général de français.
Ainsi un maire-adjoint parisien chargé de l'eau écrit-il : "La Seine baignable (sic) porte un message rassurant". Alors qu'il lui suffisait de dire, sans copier sur ses voisins : "Pouvoir nager dans la Seine porte un message rassurant."
Il pouvait aussi évoquer, sans violer notre langue : la Seine saine, la Seine propre, la Seine propre à la baignade
(formule adoptée par Le Monde), la Seine où l'on peut nager, etc.
Mais en aucun cas : la Seine nageable, la Seine baignable, ses berges marchables - qui sont autant de barbarismes irréfléchis.
La langue est notre environnement premier. Ne la rendons pas imbuvable...
RAPPEL : Ce qui est adorable peut être adoré, ce qui est redoutable
peut-être redouté. Si l'adjectif "baignable" existait, il dirait que la
Seine peut ÊTRE BAIGNÉE ! Et non que l'on peut S'Y BAIGNER... Tout comme
"une personne adorable" ne signifie pas que l'on en est adoré ! Mais le
tintamarre fait avec ce jargon déboussolé par les locuteurs les plus
tonitruants a rendu sourds les plus fins esprits.
Votre correcteur automatique va donc refuser l'adjectif "baignable". Ne noyez pas le poisson : respectez son refus.
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