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parasportifs, paraathlètes

P A R A S P O R T I F S : hors de question !
Pire encore, son synonyme paraathlètes (pire car mal orthographié para-athlètes ou para athlètes dans la plupart des occurrences). 

Apparus pour désigner des concurrents d'épreuves d'handisports, ces néologismes incultes sont totalement désobligeants. En effet, le français emploie deux préfixes homonymes, dont les significations sont voisines, l'une et l'autre chargées de défiance :
PARA (latin) = qui protège de, qui empêche (parasol, parachute)
PARA (grec) = en marge, presque (paramilitaire, parapharmacie, paraphrase, paranoïa)

Qualifier donc les sportifs porteurs d'un handicap de "presque sportifs" ? NON !

Que les Jeux paralympiques aient été ainsi dénommés était pertinent car ils prenaient en effet place en marge des Jeux olympiques. C'étaient presque des Jeux olympiques. C'était aussi une scabreuse greffe entre paralytique et olympique. Avec l'évolution des esprits et des performances qui les place sur un pied d'égalité, cette appellation devient un honorable vestige du passé, qui n'a pas à être banni. En revanche, il est aberrant de lui emprunter son préfixe grec signifiant "en marge, presque" pour forger une famille de termes dont l'étymologie minimisera la valeur de ces athlètes.

La Mission linguistique francophone veillera à ce que ces fruits vénéneux du jargon médiatique soient reconnus comme non comestibles au fur et à mesure qu'ils seront récoltés.

Quel terme, alors ? Sportifs ou athlètes, tout simplement. Car ils le sont à part entière.

Et si la précision de leur handicap s'impose parce que le contexte ne la fournit pas, athlète paralympique va de soi à propos de participants aux Jeux éponymes ; et le sobre sportif ou athlète handicapé semble approprié dans les autres cas.

Un nom + un adjectif respectueux, plutôt qu'un mot-valise péjoratif, ce n'est pas demander trop d'effort aux Francophones valides de la langue. Si ?

Nous allons aussi proposer à la Commission d'enrichissement de la langue française l'adoption du néologisme handisportif / handisportive,
• en tant que nom commun ("les handisportifs sont à l'honneur")
• en tant qu'adjectif ("une compétition handisportive").

Le nom commun handisport existe déjà pour désigner une catégorie de sports. Bien qu'il soit parfois employé comme tel par mégarde, ce n'est toutefois pas un adjectif. Il est donc opportun d'en adopter un, en toute cohérence avec sport, sportif, sportive.

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NDE : Depuis la parution de cet article, la forme détachée "para cycliste, para sportif" s'est propagée comme un fléau fulgurant. Il y a là une perte de repères totale dans la manière d'écrire le français. Car si para est détaché, c'est alors un mot en soi et non plus un préfixe. Or, le mot "para" existe en effet, et n'a qu'un seul sens : c'est l'abréviation familière de parachutiste. Un "para cycliste" c'est donc, en français non décérébré, un parachutiste à vélo. Quant à la "para natation" c'est certainement, elle aussi, une nage pratiquée en marge du parachutisme. Ou alors, il faut l'écrire paranatation, pour que para soit un préfixe et non l'apocope de parachutiste. Et cela nous ramène à l'article ci-dessus : la paranatation est en marge de la natation comme la parapharmacie est en marge de la pharmacie. Ce qui en fait un néologisme irrecevable.

Commentaires

Chicot a dit…
C'est pas pour dire mais parasportif ça ma fait pensé à pari sportif.
Miss LF a dit…
Depuis la parution de cet article, la forme détachée "para cycliste, para sportif" s'est propagée comme un fléau fulgurant. Il y a là une perte de repères totale dans la manière d'écrire le français. Car si para est détaché, c'est alors un mot en soi et non plus un préfixe. Or, le mot "para" existe en effet, et n'a qu'un seul sens : c'est l'abréviation familière de parachutiste. Un "para cycliste" c'est donc, en français non décérébré, un parachutiste à vélo.

Quant à la "para natation" c'est certainement, elle aussi, une nage pratiquée en marge du parachutisme. Ou alors, il faut l'écrire paranatation, pour que para soit un préfixe et non l'apocope de parachutiste. Et cela nous ramène à l'article ci-dessus : la paranatation est, étymologiquement, en marge de la natation comme la parapharmacie est en marge de la pharmacie. Ce qui en fait un néologisme irrecevable.
Chamfort a dit…
"Paranatation, un terme irrecevable". Oui, car Naïvement mal bâti par des non-linguistes ; des paralinguistes, sans doute (au sens de "presque linguistes") !

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