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égoportrait : le selfie francophone

Francisation magistrale par les Québecois de l'anglais selfie, on peut regretter que l'égoportrait n'ait pas pris un essor fulgurant dans notre langue, contrairement à tant de termes inutiles ou tournures maladroites.

Le portrait de soi, c'était déjà de longue date l'autoportrait.

Mais on sait qu'un selfie n'est qu'un autoportrait bâclé à bout de bras ou à bout de perche, sans réelle portée créatrice, et donc un miroir présenté à soi-même pour s'admirer ou se souvenir de soi, plutôt qu'une œuvre donnée à voir au monde pour se dépeindre.

Abandonnant le préfixe grec auto- qui renvoie à soi après un détour par l'extérieur, les Canadiens lui ont substitué le latin ego signifiant moi. Moi, moi, moi, encore et toujours moi ! C'est bien l'état d'esprit que revendique la pratique de l'égoportrait - dont la parenté sémantique avec égotisme et égoïsme n'est pas accidentelle.

Illustration : cette image d'un jeune homme bien entouré dans la baie de Positano est presque un contre-exemple d'égotisme dans l'égoportrait puisqu'il y a ici volonté de fixer le souvenir de tout un groupe euphorique et non juste soi. Néanmoins, la figure de proue qui appuie sur le déclencheur se veut aussi dans le cadre, ce qui est typique d'une évolution du plaisir de photographier : se photographier avant les autres ou au milieu d'eux, en ajustant son reflet sur un écran, plutôt que s'oublier un instant, absorbé par un viseur qui cadre tout ce qu'ont veut sauf soi.

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