Or, les deux significations ne se confondent pas. Du moins ne se confondaient-elles pas avant cette dérive.
L’expression « c’est dommage » (dont la forme superlative donne "c'est bien dommage") est synonyme de "c’est regrettable, c’est fâcheux, c'est désolant, c’est malheureux, ce n’est pas de chance ». Voltaire, par exemple, se lamente en ces termes dans Candide : "C'est bien dommage qu'elle soit devenue si laide".
Mais dire « c’est dommageable » implique explicitement le constat d'un authentique dommage, d'un préjudice, d'une perte de valeur. "C'est dommageable" n'exprime pas une simple déception mais un préjudice ouvrant éventuellement droit à réparations, selon les termes de l'article du Code civil, bien connu des juristes français : « tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer ».
C'est probablement par involontaire pédanterie ou préciosité qu'un grand nombre d'orateurs professionnels préfèrent dire "c'est dommageable" lorsqu'ils estiment en réalité que "c'est dommage". Mais tout francophone soucieux de justesse s'abstiendra de les imiter.
Car pour notre langue, la disparition de l’expression c’est dommage serait vraiment dommageable.
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