Que les mots soudure et "soudage" fassent double emploi est
flagrant. L'un est correct, l'autre défectueux. On devine facilement lequel.
Pour justifier l'usage du barbarisme "soudage", certains arguent de sa présence dans quelques dictionnaires. Certes, mais il ne leur échappera pas que, pour définir ce vilain "soudage" (sic), les rédacteurs du dictionnaire Larousse donnent étourdiment la définition suivante, qui est mot pour mot la définition de la soudure : "Opération consistant à réunir deux ou plusieurs parties constitutives d'un assemblage, de manière à assurer la continuité entre les parties à assembler, soit par chauffage, soit par intervention de pression, soit par l'un et l'autre, avec ou sans emploi d'un produit d'apport dont la température de fusion est du même ordre de grandeur que celle du matériau de base."
Le fait que des termes inutiles et malformés prospèrent dans les jargons de métier est un phénomène connu, issu de la fierté de manier un vocabulaire inhabituel pour mieux s'identifier à une corporation qui partage ce snobisme langagier sectoriel. Molière en a souvent fait la peinture saisissante, notamment dans Les Précieuses Ridicules et dans Le Bourgeois Gentilhomme.
Création malhabile tardivement entérinée par le jargon de l'industrie et lui seul, ici peu soucieux de cohérence et de sobriété, le vilain "soudage" (sic) mérite de disparaître des textes techniques et des conversations de travail, au profit de la juste soudure.*
Car si le reliage se distingue utilement le la reliure (l'un pour les tonneaux, l'autre pour les livres), le "soudage" (sic) ne présente aucune distinction de sens avec la soudure (voir ci-avant), et n'a donc pas davantage de légitimité que n'en aurait le sculptage au lieu de la sculpture, le peintage au lieu de la peinture, l'agricultage au lieu de l'agriculture, le dessinage au lieu du dessin, le cuisinage au lieu de la cuisine, le conjugage au lieu de la conjugaison, etc.
Quant au "gravage" (sic) de CD au lieu de la gravure de CD, nos lecteurs se reporteront utilement aux deux articles déjà publiés à ce propos par la Mission linguistique francophone en 2007 et 2011.
*NDE : L'Académie française a entériné en 1986 le "dorage", dont le sens fait partiellement double emploi avec la dorure (dorage ou dorure à la feuille d'or) mais s'étend aussi au-delà. Par exemple, le dorage d'une volaille consisterait à la rôtir pour lui donner une coloration dorée, action que ne peut pas exprimer la dorure, qui supposerait l'application sur la volaille d'un matériau doré.
CLIQUEZ ICI POUR ACCÉDER AU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE
Pour justifier l'usage du barbarisme "soudage", certains arguent de sa présence dans quelques dictionnaires. Certes, mais il ne leur échappera pas que, pour définir ce vilain "soudage" (sic), les rédacteurs du dictionnaire Larousse donnent étourdiment la définition suivante, qui est mot pour mot la définition de la soudure : "Opération consistant à réunir deux ou plusieurs parties constitutives d'un assemblage, de manière à assurer la continuité entre les parties à assembler, soit par chauffage, soit par intervention de pression, soit par l'un et l'autre, avec ou sans emploi d'un produit d'apport dont la température de fusion est du même ordre de grandeur que celle du matériau de base."
Le fait que des termes inutiles et malformés prospèrent dans les jargons de métier est un phénomène connu, issu de la fierté de manier un vocabulaire inhabituel pour mieux s'identifier à une corporation qui partage ce snobisme langagier sectoriel. Molière en a souvent fait la peinture saisissante, notamment dans Les Précieuses Ridicules et dans Le Bourgeois Gentilhomme.
Création malhabile tardivement entérinée par le jargon de l'industrie et lui seul, ici peu soucieux de cohérence et de sobriété, le vilain "soudage" (sic) mérite de disparaître des textes techniques et des conversations de travail, au profit de la juste soudure.*
Car si le reliage se distingue utilement le la reliure (l'un pour les tonneaux, l'autre pour les livres), le "soudage" (sic) ne présente aucune distinction de sens avec la soudure (voir ci-avant), et n'a donc pas davantage de légitimité que n'en aurait le sculptage au lieu de la sculpture, le peintage au lieu de la peinture, l'agricultage au lieu de l'agriculture, le dessinage au lieu du dessin, le cuisinage au lieu de la cuisine, le conjugage au lieu de la conjugaison, etc.
Quant au "gravage" (sic) de CD au lieu de la gravure de CD, nos lecteurs se reporteront utilement aux deux articles déjà publiés à ce propos par la Mission linguistique francophone en 2007 et 2011.
*NDE : L'Académie française a entériné en 1986 le "dorage", dont le sens fait partiellement double emploi avec la dorure (dorage ou dorure à la feuille d'or) mais s'étend aussi au-delà. Par exemple, le dorage d'une volaille consisterait à la rôtir pour lui donner une coloration dorée, action que ne peut pas exprimer la dorure, qui supposerait l'application sur la volaille d'un matériau doré.
CLIQUEZ ICI POUR ACCÉDER AU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE
Commentaires