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Articles

Affichage des articles du mars, 2012

braquage, braqueur, braquer : c'est de l'argot

Les journalistes nous informent généralement qu'un suspect a parlé et non " jacté ". Nous leur savons gré de ne pas s'adresser à nous en argot. On s'agace donc légitimement de leur propension à employer sans clairvoyance les mots " braquage ", " braqueur " et le verbe " braquer " comme si ces mots n'étaient pas du registre argotique alors qu'ils le sont, lorsqu'ils sont employés avec le sens de dévaliser, voler ( à main armée ), cambrioler, commettre un hold-up . Idem pour les satanés " papiers " évoqués par les journalistes, en lieu et place des articles (de presse) . Ou les " breloques " olympiques que tant de commentateurs sportifs croient sérieusement être un synonyme acceptable des médailles *. Gardez ces familiarités pour vous, ou certains finiront par aller dans votre sens et militer pour qu'on vous désigne officiellement, vous aussi, par des noms argotiques comme si de rien n'était...

désimlocker

Les commerciaux du secteur de la téléphonie se gargarisent actuellement d'un terme sauvage, le désimlockage (sic). Qui désigne dans leur esprit l'action de désimlocker (sic). C'est-à-dire, le fait de rendre une carte SIM utilisable par un opérateur concurrent. Attention : ce terme est un barbarisme. Et ce barbarisme n'est pas américanisant , malgré les apparences, mais magyarisant : il transforme le français en hongrois, langue agglutinante (1). Son usage est à réserver à des conversations en jargon de métier, entre adorateurs du très grand n'importe quoi sémantique. En français courant, et entre gens qui parlent pour se faire comprendre et non pour s'écouter parler, les verbes déverrouiller ou débloquer font parfaitement l'affaire, suivis du complément approprié : débloquer un téléphone, débloquer un abonnement, débloquer un numéro, débloquer une carte, etc. Se flatter de dire " désimlocker un compte " au lieu de " débloquer un co...

je vais pour

Toute langue vivante tend à se charger de tournures incorrectes puis à les assimiler ou les écarter. La Mission linguistique francophone se réjouit de constater la disparition à peu près complète d'une tournure incorrecte apparue au début du vingtième siècle et quasi absente aujourd'hui du français courant. La formule " aller pour " était employée par certains locuteurs au sens de " s'apprêter à ", dans des phrases comme celle-ci : " Je vais pour lui emprunter cent sous, mais voilà que je trouve un billet de mille au fond ma poche ". On ne regrettera pas l'extinction de ce " je vais pour ". Et on continuera à œuvrer pour la disparition des irritants " suite à " (au lieu de "après") et " au final " (au lieu de "finalement"), deux plaies infectées du français médiatique actuel, que la Mission linguistique francophone vous invite à panser.