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Affichage des articles du août, 2024

adresser, publier, diffuser, afficher ou poster ?

Peut-être avez-vous déjà dit, à propos d'un message ou d'un graphisme que vous partagiez en réseau : " je le poste ".  Non, l' Académie française et la Mission linguistique francophone unissent leurs efforts pour vous adjurer de ne pas tomber dans le piège du faux ami anglais " to post ", qui ne signifie pas poster mais  afficher . En matière de messages, " je le poste ", signifie exclusivement " je l'expédie par la poste ". Action qui se traduit en anglais par " I mail it " ; e t non par " I post it ", qui signifie "je l'affiche" (d'où le nom des feuillets adhésifs à afficher -et non à expédier- en guise de pense-bête). Or, dans les réseaux sociaux, vous adressez , vous publiez , vous diffusez ou affichez des messages qui ne seront pas distribués par un facteur. Ces messages ou images que vous communiquez , que vous montrez , que vous partagez en réseau sont donc non-postaux par d

colère : on se calme

En France [contrairement à d'autres pays francophones], chez les journalistes et les orateurs politiques, on constate depuis fin 2018 un terrible appauvrissement du vocabulaire dans l'expression des émotions et réactions : " la colère ", ils ne connaissent plus que cela. Tout est " colère ". On reprend en gros titre ce seul mot pour résumer la position d'un président d'association humanitaire, qui a en effet déclaré ceci : " je suis très en colère depuis plusieurs jours ". Ah bon ? Depuis plusieurs jours cet homme bienveillant s'exprimant posément a un "accès de contrariété bref et violent " ( définition de la colère ) ?  Non. Depuis plusieurs jours, il est très mécontent , voire indigné ou peut-être outré , consterné, effondré, choqué, affligé - à lui de nous le dire. Mais dans l'actuel français médiatique et politique de France, les mots indignation, protestation, réprobation, contestation, consternation, mécon

parasportifs, paraathlètes

P A R A S P O R T I F S : hors de question ! Pire encore, son synonyme paraathlètes (pire car mal orthographié para-athlètes ou para athlètes dans la plupart des occurrences).  Apparus pour désigner des concurrents d'épreuves d' handisports , ces néologismes incultes sont totalement désobligeants. En effet, le français emploie deux préfixes homonymes, dont les significations sont voisines, l'une et l'autre chargées de défiance : PARA (latin) = qui protège de, qui empêche (parasol, parachute) PARA (grec) = en marge, presque (paramilitaire, parapharmacie, paraphrase, paranoïa) Qualifier donc les sportifs porteurs d'un handicap de "presque sportifs" ? NON ! Que les Jeux paralympiques aient été ainsi dénommés était pertinent car ils prenaient en effet place en marge des Jeux olympiques. C'étaient presque des Jeux olympiques. C'était aussi une scabreuse greffe entre paraly tique et o lympique . Avec l'évolution des esprits et des performances qui

une médaille n'est pas une breloque

Bien que se déroulant dans la capitale mondiale de la francophonie , la  fête olympique de 2024 sera-t-elle marquée, une fois encore, par une dé-fête de la langue français chez les commentateurs sportifs francophones ? Peut-être pas. Ayons confiance en cette équipe d'orateurs et rédacteurs professionnels. Soutenons-la. Soutenons-la, oui. À ne pas confondre avec le faux sens aberrant " supportons-la ", cet anglicisme qui signifie en (vrai) français que nous souffrons en silence, pour finir par exploser : " je ne te supporte plus !" Les commentateurs sportifs les plus en vue se sont parfois surpassés dans le dérèglement lexical [= mauvais choix des mots], syntaxique [= mauvais agencement des mots entre eux] et phonétique [= mauvaise prononciation des mots], ce qui les rendait difficilement... supportables. Sur la première marche du podium de cette perte de repères langagiers : les  médailles , si noblement méritées, sont désormais qualifiées par certains journali

dans les méandres de la Seine "baignable"

La Seine "baignable". C'est avec stupéfaction que les personnes qui n'ont pas encore perdu l'instinct de leur propre langue ont entendu proliférer ce néologisme moche, paresseux, inepte et suiviste, y compris dans la bouche du président Macron, pourtant lauréat du Concours général de français. Ainsi un maire-adjoint parisien chargé de l'eau écrit-il : " La Seine baignable (sic) porte un message rassurant ". Alors qu'il lui suffisait de dire, sans copier sur ses voisins : " Pouvoir nager dans la Seine porte un message rassurant ." Il pouvait aussi évoquer, sans violer notre langue : la Seine saine, la Seine propre, la Seine propre à la baignade (formule adoptée par Le Monde), la Seine où l'on peut nager, etc. Mais en aucun cas : la Seine nageable, la Seine baignable, ses berges marchables - qui sont autant de barbarismes irréfléchis. La langue est notre environnement premier. Ne la rendons pas imbuvable... RAPPEL : Ce qui est

drone, hydrone, géodrone, cosmodrone

L'anglais drone signifie bourdon . Non pas celui qui donne le cafard, the blues , mais l'insecte qui vole grâce au tourbillon d'air ascendant créé par ses ailes. Par analogie, le nom de cet insecte a été choisi pour dénomme des aéronefs sans équipage, fonctionnant par pilotage automatique ou téléguidé : les drones. On voit apparaître des engins de secours en milieu aquatique fonctionnant sur le même principe d'absence de pilote. Si ce n'est qu'ils ne volent pas mais flottent. Les désigner par le terme drone est donc un abus de langage. Des industriels ont imaginé de les dénommer "drones aquatiques", ce qui est un paradoxe ou un oxymore, comme on voudra, mais une solution défectueuse sur le plan lexical. La Mission linguistique francophone a été sollicitée pour réfléchir au moyen de combler cette lacune terminologique. Voici les propositions de néologismes que nous avons formulées à l'attention de la Commission d'enrichissement de la langue f

long terme, moyen terme, court terme

Terme est ici à comprendre au sens d' échéance, au sens de fin , comme dans le verbe terminer et le mot latin devenu français terminus. Pourquoi ne faut-il jamais dire " sur le long terme " ni " sur le court terme " ? En quoi est-ce une faute indéniable, doublée d'une inutile complication ? Parce que toute langue a besoin de cohérence pour sa vitalité. Or, dans notre langue, les chose se font à terme , et non sur terme : un enfant naît à terme , un loyer se paie à terme , un train arrive au terminus , etc.  Un enfant ne naît pas "sur terme", et encore moins "sur le terme". " Sur terme " est donc faux, et " sur le terme " l'est plus encore. Que le terme soit long, moyen ou court, ni " sur " ni " sur le " ne peuvent le précéder. Pour cette raison, on dira donc exclusivement " à long terme, à moyen terme, à court terme ", et on se désintoxiquera de l'incohérent " s