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Articles

Affichage des articles du décembre, 2022

les nouveaux Incroyables

À la fin du dix-huitième siècle, il y eut en France des excentriques des deux sexes qui se plaisaient à ne pas prononcer la consonne R. On les appelait les Incroyables [" Inc'oyables "] et les Merveilleuses [" Me'veilleuses "]. Cette toquade phonétique dura dix ans et passa de mode. La fin du vingtième siècle a vu apparaître de nouveaux Incroyables qui se plaisent, eux, à ne pas prononcer le son Ê en fin de mot [comme à la fin de sifflet ] et le transforment en son É [comme à la fin de sifflez ]. Trente ans après, leur toquade dure encore et s'amplifie même. Ces partisans de la transformation du son Ê terminal se comptent aujourd'hui par millions [1] . Ils revendiquent d'être sont sourds à la musique des phonèmes francophones. À les entendre, leur langue n'est pas le  français  mais le  francé  (sic). Ils nous racontent ce qu'ils faisez (sic) au lieu de ce qu'ils faisaient ; entre la main et l'avant-bras, ils ont des...

évoluer n'est pas jouer

" L'an prochain, Machin-Truc n'évoluera pas en équipe nationale ". Ce titre de la presse sportive n'a que deux sens dans notre langue, dont ni l'un ni l'autre, hélas, ne correspondent à la pensée du journaliste. Ce joueur de football n'évoluera pas en équipe nationale ? En français cela signifie que Machin-Truc ne fera aucun progrès l'an prochain au sein de l'équipe nationale, que son évolution y sera nulle. Ou bien cela signifie que l'évolution de sa carrière ne le mènera pas en équipe nationale. Mais les amateurs de foot donnent à cela un autre sens qui leur est propre : évoluer est synonyme dans leur esprit de jouer  [au football]. Or, non : évoluer n'est pas jouer ! Violonistes et pianistes restent fiers de jouer de leur instrument. Les footballeurs professionnels et leurs commentateurs, eux, semblent estimer plus valorisant pour un joueur d' évoluer au foot plutôt que d'y jouer . Sans doute espèrent-ils ains...

le masculin ne l'emporte pas (en paradis)

Voici déjà quatorze ans, b ien avant le déferlement de la cacographie surnommée "écriture inclusive", n ous avions publié cette analyse apaisante.  Elle est lumineuse et imparable. Mais rien n'y fait : l'obscurantisme de la guerre des genres prend de la vigueur. Nous remettons donc cet article sur le dessus de la pile, compte tenu de l'obstination générale à ressasser que " le masculin l'emporte " - ce qui est faux - et à s'en plaindre, voire s'en venger, ce qui n'est pas plus judicieux. Il faut au contraire admettre ceci : la forme francophone des pluriels mixtes se montre alternativement masculine (par exemple : les individus dépravés, les gens connus, tous les témoins ) ou féminine (par exemple : les personnes présentes, les innocentes victimes, les personnalités invitées ). Il en résulte que la guéguerre des sexes ne devrait pas avoir sa place dans cette question grammaticale. Mais il apparaît aussi que la formule " le mas...

systémique

L'emploi immodéré du terme  " systémique " est à éviter. C'est le nouvel adjectif pompeux dont on aime se gargariser et qu'on accole à tout ce qu'on déplore : violence systémique, pauvreté systémique, embouteillage systémique, misogynie systémique, pédophilie systémique, inculture systémiques, racisme systémique, inflation systémique : tout y passe. Un jour, c'est  systémique qui passera. De mode. Soyez en avance sur votre temps : oubliez-le dès aujourd'hui ! Illustration : poisson à plumes, peut-être systémique lui aussi. Photo de Patrick Rougereau, intitulée Punky Fish (2022). • • • POUR ACCÉDER À LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE,  CLIQUEZ ICI Pour prendre directement connaissance des missions de la Mission,  cliquez ici.