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contre la montre, le féminin doit toujours l'emporter

L'expression "contre la montre" est un complément de manière créé par métaphore au vingtième siècle par le vocabulaire sportif pour préciser la nature d'une épreuve de vitesse.

Chaque concurrent s'y élance seul. La performance sportive qu'il est en train d'accomplir, il ne peut donc pas la jauger selon son avance ou son retard sur un adversaire ou un groupe autour de lui, par exemple un peloton de coureurs cyclistes. Pour doser son effort vers un exploit victorieux, il ne peut se fier qu'à l'écoulement du temps. Il n'a d'autre adversaires que ses propres limites physiques ; mesurées par la durée de son tour de force. Seules l'aiguillonnent les aiguilles d'une montre.

Cette notion imagée de course menée contre une montre, puis contre "la" montre (par emphase), a enrichi notre langue d'une expression savoureuse : la course contre la montre.

Hélas, au détour du 21e siècle, la lexicalisation irréfléchie du complément de manière contre la montre en un nom commun a tout fait dérailler.

Par paresse d'articuler l'unique syllabe du mot course, les commentateurs sportifs se sont en effet mis à évoquer "un contre-la-montre". Ils ont ainsi pris un raccourci qui serait bien excusable s'il n'était pas entaché d'une ahurissante incohérence de genre. Or, il l'est.

"Le contre-la-montre a commencé", entend-on désormais systématiquement. Ce devrait pourtant être "la contre-la-montre" ! Puisque le terme sous-entendu n'est ni masculin ni neutre mais féminin, que ce soit une course contre la montre, une épreuve contre la montre, une étape contre la montre ou une compétition contre la montre !

Si articuler ou écrire le petit mot course vous épuise, amis sportifs, faites tout de même l'infime effort intellectuel de ne pas oublier que le sujet escamoté reste bien une course contre la montre - ou l'un de ses synonymes féminins récapitulés ci-avant. Et soyez aimables d'admettre que l'emploi abusif du masculin "un contre-la-montre" ajoute à la négligence de style produite par la paresseuse omission du terme course une faute de grammaire (l'erreur de genre) qu'on ne pardonne déjà plus en maternelle grande section.

Commentaires

Scaramouche a dit…
Près d'une personne sur deux dit aussi "du ketchup" alors que c'est UNE sauce. Ces personnes-là disent pourtant bien UNE vinaigrette et UNE béchamel car le mot sous-entendu est UNE sauce.

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