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Articles

Affichage des articles du avril, 2025

choisir entre dommage et dommageable

On entend souvent remplacer le simple " c'est dommage " par "c'est dommageable". Or, les deux significations ne se confondent pas. Du moins ne se confondaient-elles pas avant cette dérive. L’expression « c’est dommage » (dont la forme superlative donne "c'est bien dommage") est synonyme de " c’est regrettable, c’est fâcheux, c'est désolant, c’est malheureux, ce n’est pas de chance ». Voltaire, par exemple, se lamente en ces termes dans Candide : "C 'est bien dommage qu'elle soit devenue si laide ". Mais dire « c’est dommageable » implique explicitement le constat d'un authentique dommage, d'un préjudice, d'une perte de valeur. " C'est dommageable " n'exprime pas une simple déception mais un préjudice ouvrant éventuellement droit à réparations, selon les termes de l'article du Code civil, bien connu des juristes français : « tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un ...

les liaisons agonisent

Chacun admet que " deux ans " ne se prononce pas deu' ans ( hiatus ) mais deu' z' ans  ( liaison euphonique ). Cette qualité instinctive de notre prononciation est mise à mal par les médias parlés de France, qui ont amplifié depuis un quart de siècle la surprenante mais fulgurante disparition des liaisons entre les adjectifs numériques (deux, vingt, etc) et les euros . Ce point de départ de "l'épidémie" de nécrose des liaisons fut instillé par les commerçants dès l'an 2000, annonçant les prix comme si la toute nouvelle unité monétaire euro s'écrivait avec un H aspiré. Ce qui donna "di euros" ; au lieu de dix euros, naturellement lié comme dix ans ou dix autres . France 5, l'intéressante "chaîne du savoir" (ce fut son slogan), a poursuivi ce travail de sape, en nous créant à partir de 2007 une pénible ribambelle de titres d'émissions à graphie ostensiblement défaillante, sur le principe de C à dire (sic) au ...

cancérigène ou cancérogène ?

Apparu le premier dans notre langue, en un temps où les médecins étaient tous d'excellents latinistes et de bons hellénistes, le mot cancérigène s'est vu ultérieurement attaquer par un agent perturbateur : son synonyme mal lettré, "cancér o gène". Bien que les dictionnaires, dont celui de l'Académie française, entérinent les deux termes et leurs reconnaissent exactement le même sens, l'un seulement est correctement construit, et c'est cancérigène , avec un i.  Nul n'en disconviendra après la petite leçon d'anatomie que voici. Dans sa langue d'origine, le latin, la déclinaison du mot cancer lui confère un génitif tantôt en canceris tantôt en cancri (d'où viennent les cancres et les chancres ) et un nominatif pluriel en canceres ou cancri , mais jamais en canceros ni cancero ni cancro. Pas de "o" en ses articulations. Pourtant, une partie du corps médical francophone semble avoir récemment fait le choix de préférer le te...

forêt urbaine

Des urbanistes au service de politiciens de l’écologisme ont forgé la locution « forêt urbaine » pour désigner la plantation en centre ville d’un petit nombre d’arbres dont la vocation première est de justifier la dénaturation d’un espace architectural ou carrossable dégagé, après l’avoir diabolisé comme étant « trop minéral ».  Le mot forêt,  de signification fort précise*, n'est pas ici galvaudé. Il est détourné. Détourné pour commettre, par hyperbole, une grotesque tromperie sur la marchandise à visée de propagande. En linguistique, cela s'appelle une "extension de sens abusive". En commerce, une escroquerie. En urbanisme et en paysagisme, une faute professionnelle. Tout le reste n'est (de la part des promoteurs de cette hyperbole attrape-gogos) qu'ergotage de mauvaise foi ; ce qui est le propre des professionnels pris en faute, des escrocs en action et des politiciens filous. N'entrons pas dans ce jeu. * https://www.onf.fr/ : UNE FORÊT est un territoir...

misandrisme : vers un sexisme glorifié

" Il faut éliminer les hommes " (Alice Coffin, in Le génie lesbien). Car : " Tous les mecs sont des cons, même le tien ." (pancarte de manifestation de l'association Nous Toutes) Au détour des années 2020, une obscure conseillère municipale de la mairie du 12e arrondissement de Paris, Mme Coffin, se fait un nom en s'employant à instaurer le MISANDRISME : une imposture sexiste usurpant le nom de féminisme pour dénier aux hommes l'égalité avec les femmes. L'égalité de droit au respect, l'égalité de mérites, de considération, de compassion, de protection, de bienveillance, d'estime, de neutralité dans la discorde privée éventuelle ; et finalement, l'égalité de légitimité à exister. Pour analyser et déplorer ce dévoiement misandre de la vision des relations entre les femmes, les hommes et la société contemporaine, la philosophe Élisabeth Badinter a employé la locution néo-féminisme guerrier . Pour aller vers plus de concision et combler une ...

féminisation des noms de fonction

Outre la préciosité ridicule dite écriture inclusive , notre langue est confrontée à une bévue très virulente : l'idée illusoire selon laquelle la voyelle  -e  ajoutée en fin de mot aurait le don magique de féminiser les noms communs et en serait la marque immédiatement reconnaissable. Or... C'est absolument faux ! Le -E terminal est en effet la marque incontestable du féminin des adjectifs ( joli > jolie ) mais pas des substantifs. Comme en attestent la foi et le foie. Ou la mer, la voix, la bru, la beauté, la passion et des milliers d'autres féminins sans -E final. En particulier, les féminins rimant avec professeur s'écrivent sans -E final (à l'exception de heure ) : valeur, douceur, largeur, peur, fleur... erreur. Voici donc deux erreurs que nous serons bien inspirés [pluriel neutre mixte] de ne plus commettre, nous francophones sans distinction de genre ni de nombre. ERREUR N°1 : L'erreur est d'opter pour les féminisations "la professeure, ...