
La Mission linguistique francophone a noté que les néologismes homoparental et homoparentalité étaient employés dans des sens incompatibles avec leur étymologie, donc incohérents avec la langue française.
En effet, l'adjectif homoparental est employé aux sens suivants : 1/ constitué de parents homosexuels (couple homoparental) ; 2/ sollicité ou accompli par un couple homosexuel (adoption homoparentale). Le substantif Homoparentalité est employé pour désigner la condition parentale d'un couple homosexuel.
Or, le préfixe grec homo signifie de même nature, identique. Il ne signifie pas homosexuel... Les homonymes ont le même nom (ils n'ont pas un nom homosexuel), les homophones ont la même sonorité (et non une consonance homosexuelle), et ce qui est homogène a la même origine (et non une origine homosexuelle). Des individus homoparentaux ont donc les mêmes parents, et non des parents homosexuels ! Il en découle qu'un "couple homoparental" est un couple dont les deux éléments ont les mêmes [préfixe homo] parents, autrement dit un couple constitué d'une frère et d'une sœur (ou de deux sœurs ou de deux frères, ou demi-sœurs et demi-frères).
Cette tendance à oublier ce que signifie un préfixe, et donc à ne pas l'utiliser avec intelligence, se retrouve dans l'affligeant "téléthon". Selon son étymologie, téléthon devrait signifier "thon lointain", puisque le préfixe télé signifie loin et que thon signifie thon. Au lieu de quoi, préfixes et suffixes sont aujourd'hui employés dans la construction des néologismes en étant dotés d'un sens emprunté à l'un des mots qu'ils ont servi à former (télévisé pour téléthon, homosexuel pour homoparental, en l'occurrence) et non selon la signification de leur hellénisme ou latinisme d'origine. Avec de tels raisonnements néologiques, un parachute vous protégerait des chutes de pluie (parapluie + chute).
L'adjectif homoparental, correctement utilisé, pourrait cependant avoir son utilité dans une société où se multiplient les familles recomposées. On pourrait alors préciser s'il s'agit de demi-frères et sœurs, ou d'enfants homoparentaux, c'est-à-dire ayant les mêmes parents- et non des parents "homos"...
Quant aux enfants élevés par un couple homosexuel, en attendant un néologisme intelligemment pensé, si besoin est, il suffit de les qualifier d'une courte périphrase. Sauf erreur, des enfants de parents roux sont des enfants de parents roux, et non les enfants d'un "couple coquinoparental" (du grec kokinos : rouge) !
[illustration : Cornelius KETEL, Double portrait de frère et sœur]
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Commentaires
Il serait intéressant de détecter d'autres dérives de ce genre, favorisées par la tendance orale à faire des apocopes à la mode avec n'importe quoi.