
C'est au nom de cet argument irrecevable que l'on instille dans la quasi totalité des documentaires pédagogiques traduits de l'anglais une habitude de traduction purement et simplement erronée, qui produit des morceaux de textes artificiels comme "dans un très lointain futur" au lieu de l'expression naturellement francophone "dans un avenir très lointain".
À l'inverse de Georges Perec faisant disparaître avec une habileté fantastique la voyelle E des pages de son roman La Disparition, les journalistes, les responsables de chaînes de télévision, les traducteurs hâtifs et les rédacteurs-concepteurs publicitaires surcotés ont aujourd'hui fait disparaître de notre langue, avec une balourdise fantastique et une anglomanie à courte vue, le mot avenir. En une heure de documentaire sur l'avenir et le passé, le mot avenir n'est plus prononcé une seule fois sur une grande chaîne culturelle dévolue au rayonnement de la langue française. L'avenir est mort et enterré. Les archéolinguistes de l'avenir pourront déterminer que sa mort fut constatée en 2012, un soir d'octobre, à la frontière franco-allemande. Et qu'eux-mêmes sont devenus à jamais, ce soir-là, des linguistes "du futur". Parce que ça faisait plus futuriste. Et que le paysage médiatique de France grouillait de ces traducteurs qui, quelle que soit l'époque, ne font pas leur métier, puisqu'ils vont au plus proche plutôt qu'au plus juste.
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Commentaires
En synchro-labial, il est évident que "futur" collait mieux aux mouvements des lèvres. Et quand il a fallu tout refaire en catastrophe, nous n'avions absolument pas le temps de revoir les traductions des 4 épisodes. Voilà comment nous en sommes arrivés là.
Vidéo Adapt
Le laboratoire qui a réalisé l'adaptation