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nouvelle carte des régions de France

La refonte de la carte des régions administratives françaises est un projet auquel la Mission linguistique francophone apporte son soutien actif, et pour lequel elle a donc formulé une proposition créative.

Cette proposition (ci-contre et ci-après) diffère de celles débattues initialement dans l'arène politique, en ce qu'elle ne commet pas la même erreur intrinsèque : apparier plus ou moins adroitement des régions existantes, alors même que ces régions sont vouées à disparaître. Il y a là une faille logique importante dans laquelle s'embourbent les projets et contre-projets soumis à l'appréciation des élus et de l'opinion. De plus, en tant que module de base de fabrication des nouvelles régions, les actuelles régions sont surdimensionnées pour permettre d'opérer une refonte territoriale innovante avec la finesse voulue.

Par ailleurs, la question onomastique (la problématique des noms propres) a été laissée de côté jusqu'à présent, comme si la force symbolique d'un nom de région n'était pas déterminante.

La proposition émise par la Mission linguistique francophone se signale au contraire par la prise en considération première d'un possible nom pour chacune de ces régions. Le choix s'est toujours porté sur une désignation concise, évocatrice et aussi peu technocratique que possible, caractérisée d'abord par sa légitimité au regard de l'histoire, la géographie et l'image internationale de la France.


PROPOSITION
La France se composera désormais de quatorze régions, dont l'une regroupera l'ensemble des départements et territoires d'outre-mer.

Ces régions seront constituées et dénommées comme suit.

1. Île-de-France ou Région parisienne [Paris + Seine-et-Marne + Yvelines + Essonne + Hauts-de-Seine + Val-d'Oise + Val-de-Marne + Seine-Saint-Denis].

2. Haut-de-France [Pas-de-Calais + Nord + Somme + Oise + Aisne + Ardennes].

3. Alsace-et-Lorraine ou Lorraine-et-Alsace [Meuse + Meurthe-et-Moselle + Moselle + Bas-Rhin + Vosges + Haut-Rhin].

4. Trois-Vignobles, à savoir ceux de Champagne, de Bourgogne et du Jura [Marne + Aube + Haute-Marne + Haute-Saône + Doubs + Territoire-de-Belfort + Yonne + Côte-d'Or + Jura + Nièvre° + Saône-et-Loire].  °Nièvre : voir erratum en pied de liste.

5. Rhône-et-Alpes [Loire + Rhône + Ain + Haute-Savoie + Savoie + Hautes-Alpes + Isère + Drôme + Ardèche].

6. Méditerranée [Hérault + Gard + Vaucluse + Alpes-de-Haute-Provence + Alpes-Maritimes + Var + Bouches-du-Rhône + Haute-Corse + Corse-du-Sud].

7. Massif central [Creuse + Allier + Puy-de-Dôme + Loire + Haute-Loire + Lozère + Aveyron + Cantal + Corrèze].

8. Gascogne ou Nouvelle Gascogne [Lot + Tarn-et-Garonne + Tarn + Gers + Haute-Garonne + Hautes-Pyrénées + Ariège + Aude + Pyrénées orientales].

9. Aquitaine ou Nouvelle Aquitaine [Gironde + Dordogne + Lot-et-Garonne + Landes + Pyrénées-Atlantiques].

10. Portes-de-l'Atlantique [Maine-et-Loir* + Vendée + Deux-Sèvres + Vienne + Charente-Maritime + Charente + Haute-Vienne**].

11. Val-de-Loire [Maine-et-Loir* + Sarthe + Eure-et-Loire + Loiret + Loir-et-Cher + Indre-et-Loire + Cher + Indre + Nièvre°].

12. Bretagne ou Pointe-de-France [Finistère + Côtes-d'Armor + Ille-et-Vilaine + Mayenne + Morbihan + Loire-Atlantique].

13. Normandie  [Manche + Calvados + Eure + Seine-Maritime + Orne].

14. Outremer ou Région d'outre-mer  [ensemble des départements et territoires d'outre-mer].

ERRATUM (mars 2015) 
° Bien qu'elle figure en région n°4 sur notre carte, il apparaît plus opportun d'inclure la Nièvre en Val-de-Loire, région n°11 sur notre carte)

VARIANTES (juillet 2014)
* Plutôt que le rattachement du département du Maine-et-Loir à la région n°10 (Portes-de-l'Atlantique), on peut approuver le rattachement du Maine-et-Loir à la région n°11 (Val-de-Loire) : la première option est à l'échelle européenne ; la seconde est à l'échelle du plus grand fleuve de France.

** Plutôt que le rattachement du département de la Haute-Vienne à la région n°10 (Portes-de-l'Atlantique), on peut approuver le rattachement de la Haute-Vienne à la région n°7 (Massif central) : la première option présente l'avantage de ne pas séparer la Vienne de la Haute-Vienne ; la seconde option présente l'avantage d'attribuer au Massif central un département qui s'y inscrit en totalité du point de vue de la géographie physique de ce massif montagneux.


MÉTHODOLOGIE
Voici les dix lignes de conduite qui ont guidé le remodelage des régions de France proposé par la Mission linguistique francophone.

1. Les cellules de base de recomposition de la carte des régions ne sont pas les actuelles régions mais les actuels départements.

2. Hormis la région parisienne, aucune des nouvelles régions n’existe déjà sous cette forme exacte, ce qui minimise les risques de griefs de disparités de traitement dans ce remaniement géographique.

3. Les disparités de nombre d’habitants ou de nombre de départements par région sont reconnues comme inéluctables, mais les trop grandes disparités de superficie sont évitées ; seule l’exceptionnelle densité de population de la région parisienne justifie l’exceptionnellement faible superficie de l’Île-de-France.

4. Aucune région ne regroupe moins de cinq départements.

5. Aucune île ne voit son isolement augmenté par l’absence de rattachement, soit à une ou plusieurs autres îles, soit au continent.

6. Toute région est dotée d’une identité très forte et nettement parlante, en France comme hors de France ; la contribution de ce découpage à un meilleur rayonnement international n’est pas oubliée.

7. Dénomination : aucune région ne s’approprie un nom de point cardinal (Nord, Grand Ouest, par exemple) ; les adjectifs péjoratifs (bas Rhin, bas Armagnac, basse Normandie, basse Provence, basses Alpes, basses Pyrénées, Seine inférieure, Loire inférieure) sont bannis.

8. Les régions créées sont suffisamment vastes et puissamment enracinées dans l’histoire pour que des territoires emblématiques y coexistent en une même entité administrative sans craindre de s’y effacer (par exemple : Corse et Provence ; Bourgogne et Champagne ; Anjou et Vendée ; Antilles et Réunion ; etc)

9. Aucune région n'est instaurée qui ne jouisse d'une cohérence thématique et culturelle indéniable.

10. Aucune région autre que l’Île-de-France n’est focalisée autour d’une grande ville ; et aucune région n’en est dépourvue. Dans toutes les régions autres que l’Île-de-France, la notion de capitale régionale perd ainsi de sa pertinence ; il n’y aura pas à trancher entre Rennes et Nantes ni entre Dijon et Besançon, non plus qu’entre Caen et Rouen, Strasbourg et Metz, Toulouse et Montpellier ou Saint-Denis-de-La-Réunion et Fort-de-France : les duos, trios ou quatuors de métropoles en une même région constitueront une innovation positive dans la nouvelle carte de France.

















cliquez sur la carte pour l'agrandir


DISCUSSION
La Mission linguistique francophone vous invite à commenter et analyser cette proposition sur son site (fenêtre commentaires ci-dessous), sur vos réseaux sociaux et avec vos élus.

CLIQUEZ ICI POUR ACCEDER AU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE [M•L•F•] 

NOTE DE L'AUTEUR (9 juillet 2016) : Cet article de juin 2014, qui a été ultérieurement consulté et pris en "haute" considération par les 150 lycéens de l'ancienne région Nord-Pas-de-Calais chargés de réfléchir à l'appellation de leur nouvelle région, atteste que notre proposition de HAUT-DE-FRANCE a fait mouche. A défaut d'en avoir été félicités par le Président du Conseil régional concerné, nous nous félicitons de cette contribution bénévole et de l'adhésion qu'elle a suscité en haut de la France.

Notre seule réticence concerne l'emploi du pluriel "les hauts", certainement par mimétisme avec les Hauts-de-Seine. Ce renoncement au singulier retire à la désignation exacte que nous avions préconisée sa plein pertinence et son absence de prétention sinon de fierté.

En effet, "les hauts" évoquent des hauteurs topographiques qui n'existent pas dans les HAUTS-DE-FRANCE ou qui, en tout cas, ne les caractérisent aucunement (contrairement aux Hauts-de-Seine ou aux Hauts de Hurlevent qui sont bien situés sur des hauteurs topographiques ; et contrairement à la Savoie ou au Puy-de Dôme qui se situent bien dans "les hauts" de la France). La région affiche en effet une très faible altitude moyenne de 98 m au-dessus du niveau de la mer.

Au singulier, "le haut" de France proposait plus finement une simple inversion du péjoratif (nord = froid) en positif (nord = haut). Si la région du nord de la France s'est cherché un nouveau nom, c'est effectivement parce que dans l'inconscient collectif, vivre au nord, c'est vivre dans le froid, la grisaille et la pluie. Mais être situé au nord de la France, c'est aussi être indiscutablement en haut de la carte de France, et donc, mot pour mot, en haut de France : telle est la désignation imparable que nous avons préconisée dès le printemps 2014. Appellation dépourvue de revendication d'une chimérique altitude, et sans prétention sinon sans fierté.

L'adoption du pluriel, deux ans plus tard, n'est certes pas irrecevable ! Mais elle ajoute à bas bruit quelques connotations indésirables : une touche de prétention (le "nous" royal), de distance (le "vous" au lieu du "tu") ainsi qu'une légère perte de sens (le nord ne se trouve pas "en hauts" de la carte de France mais "en haut"), un manque de cohésion (un territoire qui s'unit devient un et non plusieurs) et une moindre rareté : ce qui est unique n'a-t-il pas davantage de prix ?

F.A.

Commentaires

Anonyme a dit…
Personnellement, j'opte pour le rattachement du Maine-et-Loir au Val-de-Loire. A part ça, rien à redire. Si ce n'est que vous jouez avec vos vies en proposant aux Corses de s'amalgamer au continent !
Miss LF a dit…
HISTOIRE du HAUT-DE-FRANCE et des HAUTS-DE-FRANCE

Notre proposition raisonnée de nouvelle carte des régions de France remonte bien sûr à la période où ce remaniement n'était qu'en projet.

Ces préconisations élaborées par votre serviteur, communicant sans fonction de conseiller ministériel, n'ont pas été suivies, sauf une : le nom de la région HAUT-DE-FRANCE.

Une activité intense a été relevée par le compteur de visite du présent blogue en direction de cet article, un jour précis de 2014, coïncidant avec les travaux des 150 lycéens autochtones chargés de présenter au président de région des propositions de dénomination.

L'idée d'inverser diamétralement la connotation péjorative attachée au froid des terres septentrionales, en exploitant le fait que que la Nord de la France soit placé en haut des cartes, et en optant donc pour HAUT de France leur a plu. Et le président de région y a souscrit.

Il est dommage toutefois de n'avoir pas été invité par les Gens du Nord à clarifier le sens de cette proposition de dénomination nouvelle et qu'elle n'ait de ce fait pas été conservée au singulier (LE HAUT de France) mais adaptée au pluriel (LES HAUTS de France) car cela crée un faux-sens : "les hauts de" est une expression toponymique qui se réfère toujours à un relief de terrain plus élevé que les terres voisines (les hauts de Seine, les hauts de Hurlevent).

Or, le Nord de la France ne se caractérise aucunement par son relief plus élevé que celui du reste de la France. Cette singularité revient aux régions des Alpes et des Pyrénéennes, seuls véritables "hauts de France" (terres hautes de France) par conséquent.

Ce qui caractérise puissamment la région Lilloise dans l'imaginaire français, c'est d'être "en haut" du pays selon sa représentation cartographique d'où lui venait le nom de Nord, et non d'être située "sur les hauteurs" du relief géologique de la France.

Il n'est pas exclu qu'un futur président de cette région s'en fasse la remarque et revienne au singulier que nous avions conçu, à la fois beaucoup plus pertinent, plus valorisant... et plus singulier !

Plus valorisant : "le haut" (du panier, etc) au sens symbolique a plus de force que "les hauts" au sens topographique (par ailleurs faux, comme expliqué plus haut).

Plus singulier : pas de parasitage ni d'amoindrissement de la spécificité régionale par l'antériorité toponymique des Hauts-de-Seine.

On devine que le pluriel a été ajouté pour exprimer la multiplicité des départements et des cantons réunis dans cette région, et faire retomber sur chacun de ces territoire le prestige d'être individuellement "haut". C'était une idée généreuse mais maladroite, car il s'agissait au contraire d'unir ces petits territoires multiples en un seul grand, sans fédéralisme, ce qui s'obtient plus parfaitement par un singulier : l'Occitanie, la Bretagne, le Grand Est (même si nous désapprouvons cette appellation de point cardinal, contraire à l'une des préconisations de notre proposition raisonnée ci-dessus).

Quoi qu'il en soit, nous savourons avec une légitime fierté d'avoir été l'auteur du nom d'une région de France. Ce n'est pas donné à tout le monde dans l'histoire d'un pays, même en tout humble anonymat... Et cela vaut bien la minime contrariété de l'ajout d'un pluriel qui en affaiblit l'idée initiale.

Frédéric Allinne

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