Pendant 212 ans (soit depuis 1806), l'Arc de triomphe de la place de l'Étoile à Paris s'est appelé Arc de triomphe, et tous les Francophones l'avaient toujours appelé Arc de triomphe.
Depuis le 1er décembre 2018 exactement, les choses ont évolué.
La plupart des jeunes journalistes de la presse parlée et audiovisuelle l'ont rebaptisé Arque de triomphe. Ou peut-être Art-queue-de-Triomphe
Les locuteurs moins jeunes et moins sourds à leur propre langue, eux, se reconnaissent à ce qu'ils continuent à parvenir à prononcer correctement Arc de triomphe.
Mais pour combien de temps encore ? On sait quelle est la force du suivisme et de la négligence phonétique. Le même suivisme et la même négligence qui nous donnent les prononciations médiatiques ex-e-femme au lieu de ex-femme, ils voulez au lieu de ils voulaient ou ôrange au lieu d'orange (avec un o bien ouvert comme dans or, puisque l'orange est étymologiquement une sorte d'or) ou gilés jonnes au lieu de gilets jaunes.
Bien sûr, cela n'a aucune importance au regard d'autres drames. La langue est faite pour évoluer ; et de plus en plus fréquemment sous la poussée de l'incompétence des professionnels de la communication, qui devraient la manier en virtuoses et assurer sa cohérence plutôt que sa dislocation. Vive donc l'Arque de triomphe.*
*La faute - car tout fatalisme mis à part, c'en est une évidemment - consistant à prononcer un son qui n'existe pas à la fin d'un mot (ici arc prononcé arc-eu) s'appelle paragoge.
**Quant au traité d'Aix-la-Chapelle, puissent les commentateurs (journalistes, orateurs politiques, pédagogues) se souvenir qu'ils sont des professionnels de la langue, y compris dans sa composante phonétique, et nous épargner la réécriture sauvage de ce traité en Aix-Eu-la-Chapelle.
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