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Articles

Affichage des articles du mai, 2020

distanciation physique ou sociale ?

Fallait-il copier servilement l'anglais et parler de " distanciation sociale " ou fallait-il préférer " distanciation physique ", formule moins suspecte de ségrégation ? Ni l'un ni l'autre. Car notre langue dispose d'une ressource plus sobre : le pluriel du mot distance, grâce auquel "garder ses distances " dit tout, sans qu'il soit besoin d'un qualificatif. Encore fallait-il que les divers conseillers ministériels et les divers commentateurs linguistiques s'exprimant dans les médias n'aient pas pris trop de distance avec la simplicité et la subtilité intrinsèque du français courant. Illustration : épicier masqué conservant ses distances à Saint-Jean-de-Fos, France POUR ACCÉDER À LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE,  CLIQUEZ ICI

de l'enfance à l'enfonce

Après l'éviction du son " -ê- " en fin de mots, remplacé par le son " -é- " ( sifflet devenant sifflé ; j'avais devant j'avez ), et la perte de distinction entre le " -o- " ouvert (o de bol ) et " -Ô- " fermé (o de beau ), le style oratoire médiatique de France nous apporte maintenant la mutation du son " -en- " en son " -on- ". Dans la bouche de l'excellente Fabienne Sintès comme celle de la chatoyante Léa Salamé (Radio France), par exemple, enfance devient on fonce ; pente devient ponte ; l'attente devient la tonte , etc. Pour comprendre ce phénomène apparu en France peu avant 2010, il faut savoir que la prononciation de la nasale " -on- " demande un tout petit peu moins de travail musculaire que la prononciation de la nasale " -en- ". L'économie d'effort est certes négligeable, mais elle suffit au mieux-être des orateurs enclins à cette paresse articulatoire. La Mi...

le ou la COVID : faut-il en faire une maladie ?

Après les tensions sociales et psychologiques suscitées par la peur du virus lui-même, des tensions d'ordre grammatical sont apparues à la faveur de la pandémie déclenchée par ce mal dénommé covid-19*. Ou plus exactement, à la suite d'une recommandation de l'Académie française préconisant tardivement de ne pas désigner cette affection par un neutre d'apparence masculine mais par un neutre d'apparence féminine : la covid. Les Académiciens, qui ne se prononcent pas à la légère, ont émis la justification suivante : covid est ne contraction de Corona Virus Disease . Or,  disease , se traduit en français par le substantif féminin maladie , en foi de quoi l'article féminin est préférable . Cette démonstration académique est plus qu'imparfaite. " Nous l'allons montrer tout à l'heure " comme eut dit l'Immortel La Fontaine. Mais soulignons déjà que l'Académie s'est limitée à juger "préférable" de basculer du masculin le covid ...