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Articles

Affichage des articles du février, 2019

se faire plaisir ou se faire tuer

Trop nombreuses sont les personnes heurtées à mauvais escient par l'emploi de cette tournure irréprochable : " se faire violer, se faire agresser ". Elles s'en indignent en ces termes : " On subit un viol. On subit une agression. On EST violé. On EST agressé. On ne SE FAIT pas violer, on ne SE FAIT pas agresser ." Ce reproche est entaché d'une erreur d'appréciation appelée hypercorrection : au-delà du purisme, l'hypercorrection consiste à voir des fautes d'expression où il n'y en a pas. Or - en morale comme en littérature - voir le mal où il n'est pas est le contraire de la pureté. En français, " se faire balloter par la houle " ou " se faire huer " n'exprime aucunement la volonté d'être balloté ou hué ; pas plus que " se faire torturer " ne signifie qu'on a appelé ce calvaire de ses vœux. C'est au contraire ici une fatalité subie qui s'exprime, comme dans " il s'est fait arr...

progressistes, vraiment ?

Piégés par le discours ambiant, il nous arrive de reprendre à notre compte dans les conversations politiques l'adjectif laudatif " progressistes " (partisans du progrès, notamment du progrès social) pour désigner des gens au contraire régressifs, férus d'égarements doctrinaires férocement ennemis de la civilisation. En tout cas, d'une civilisation qui avait et aurait encore pour moteur l'idée du progrès . Progrès des libertés, des droits, des sciences, des arts, du confort, des accomplissements extraordinaires, avec pour idéal le recul des ignorances et indigences. Laissons à ces extrémistes paradoxaux l'exclusivité de se qualifier de " progressistes ", par antiphrase ou abus de langage. Exactement comme une dictature oligarchique aime à se qualifier de "république démocratique populaire"... illustration : rue carrossable [c'est-à-dire destinée à la circulation des voitures, jadis hippomobiles appelées carrosses, puis automobiles d...

l'aphone éthique radiophonique : à quoi bon savoir prononcer ?

N'y a-t-il pas de différences subtiles à faire entendre dans les médias parlés entre voyelles voisines, mais distinctes donc porteuses de significations précises ? Si. • poignet ou  poignée • épais ou  épée • archet ou  archer • râblé  ou  Rabelais • incarné ou un carnet • vous irez ou vous iraient • entrait ou  entrée • défaite ou des fêtes • côte ou  cote ou cotte • hotte ou  haute  ou  hôte • pas mâle ou  pas mal ou pas malle • de moi ou  deux mois • cela ou  ceux-là ?  Ou encore : • telle est faune  ou  téléphone ? La justesse phonétique n'est pas la marotte d'auditeurs râleurs mais la compétence première d'un journaliste ou animateur de radio. C'est même son devoir s'il œuvre dans le service public. Voilà pourquoi on attend légitimement d'un journaliste de la presse parlée spécialiste de la Pologne s'exprimant sur France Info et France Inter, qu'il sache parler en français de la ...

une grille descellée

«   Une grille a été décelée au sous-sol de l’Art que de Triomphe  » nous répète d'heure en heure telle journaliste de France Inter, puis de France Culture, puis de France Info. À charge pour nous de comprendre qu’une grille a été descellée et non décelée.  Et qu’on nous parle bien du célèbre Arc de Triomphe  (et non "arc-que de triomphe") dont la prononciation correcte n’a posé de problème à personne pendant deux siècles mais se dégrade partout en France depuis quatre mois, et à grande vitesse, le suivisme médiatique battant son plein dans la ressassement de la  paragoge  ''arc-que de triomphe"  [qui rejoint les indécrottabes "parc-e des princes" / "ouest-e du pays", et les plus récents "ex-e femme", "post-e natal", etc]. En France, contrairement à d'autres pays francophones, c'est sans doute la grille des programmes de l'audiovisuel public qui est mal scellée puisqu'elle ne comprend aucune é...