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ponctions et pensions de retraite

Au soir du 5 décembre 2019, journée de grève dans ce pays francophone, un grand débat est diffusé sur la chaîne française de télévision publique France 2 autour de la réforme des retraites. Son animatrice s'inscrit dans un courant de diction transformant depuis peu les sons "en" ou "an" en son "on". Quand on ne le sait pas, on croit dur comme fer l'entendre parler répétitivement des "ponctions de retraite". Car notre cerveau a cette faculté magique de rétablir instinctivement du sens lorsqu'il entend un mot qui en est vide.

Or, l'animatrice nous parlait en fait des "ponsions de retraite", ce qui est vide de sens. Comme elle plaçait l'accent tonique sur la première syllabe, dans le pur style oratoire journalistique et à l'inverse de la prononciation naturelle du français, notre cerveau a naturellement considéré comme important le son accentué, à savoir le son "pon". D'où la recherche de sens à la milliseconde qui s'est orientée vers l'ajout d'un son "c" pour rétablir "ponction de retraite" plutôt que vers la déformation du son voyelle "on", si lourdement prononcé, pour rétablir "pension de retraite" - qui était pourtant ce dont l'animatrice nous parlait.

Et notre cerveau l'a bien compris en second lieu. Il en fait des prouesses...

Peut-être l'animatrice voudra-t-elle bien s'exercer à la prouesse de prononcer "pensions" et non "ponsions", "enfance" et non "on fonce" ?

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