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dévaster la langue

JEAN CLAIR de l'Académie française :
 
"Oserai-je dire que mon projet scientifique et culturel serait d'abord d'obliger les ministères et leurs représentants à ne plus dévaster la langue du pays qui les emploie ?" 
 (in Journal atrabilaire, p.82, éd. Gallimard, 2006)

Oui, osez le dire, et sachons l'obtenir.

Ministres, Secrétaires d'État,
Conseillers et Conseillères,
Secrétaires généraux,
Directrices et Directeurs
d'administrations publiques,

"Faites ce que vous voulez du langage, mais n’inventez pas quand il suffit de savoir" (Paul Valéry) et ne laissez pas vos services imiter ce qui se dit quand ce suivisme les fourvoie.

Ne les laisser plus nous demander de "renseigner un formulaire" (on remplit un formulaire, on le complète ; c'est le touriste égaré que l'on renseigne, ou l'administration elle-même, mais pas ses formulaires).

Ne les laissez plus pondre des intitulés jargonnants ni jonchés de barbarismes.

Ne les laissez plus feindre, par snobisme ou suivisme, d'ignorer les fondements de leur propre langue.

Ne les laissez plus s'adonner à la création ou l'adoption hâtive de néologismes quand le mot juste existe déjà.

Ne les laissez pas céder non plus au passéisme ni à l'immobilisme.

Ne les laissez pas se faire la caisse de résonance de tics du langage courant, administratif ou médiatique.

Ne les laissez plus persister dans une impropriété de terme ou de tournure sous prétexte qu'elle est déjà ancienne, répandue et que tout le monde y patauge désormais. 

Ne les laissez pas discréditer ni ignorer les préconisations de l'Académie française (placée sous l'autorité du Premier ministre, donc au-dessus de tout autre ministère ou institution), laquelle œuvre à la vitalité, l'enrichissement et la cohérence de notre langue, et non à sa momification.

Ne les laissez pas formuler des absurdités de forme ni de fond.

Ne les laissez pas morceler les écrits de l'État ni des collectivités à coup de poin.t.s prétendument inclusifs et véritablement destructifs, que le Conseil d'État a prohibés à juste titre début 2019 mais que l'on persiste à voir infester les publications, imprimées ou en ligne, des institutions publiques, même dans les secteurs de la Culture, de l'Enseignement et de la Recherche, comme si dévaster notre langue jusque dans sa graphie n'était pas pur vandalisme patrimonial, folle inculture rétrograde et fol obscurantisme.

Ne les laissez ni appauvrir ni boursoufler notre langue.

Frédéric Allinne pour Miss L.F.


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