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Articles

ne révélez pas la fin du film (mais oubliez le barbarisme "divulgâcher")

Avec tout le respect dû à la Direction de la langue française et des langues de France (DGLFLF) et à l'académicien français Frédéric Vitoux , qui applaudissent ensemble le vain et vilain néologisme " divulgâcher " (sic), on aimerait rappeler à l'une et à l'autre que cette création artificielle est sans nécessité puisque plusieurs verbes français existent déjà pour exprimer le verbe franglais " spoiler " (prononcé spoï-lé), au sens de " révéler le détail ou le dénouement d'une intrigue ". Les premiers de ces verbes existant déjà sont très beaux et ne comportent que trois syllabes (contre quatre à "divulgâcher" et sa surcharge bien vaine). Ce sont DÉFLORER et DÉVOILER . " Ne déflorez pas la fin du film !" et " Ne dévoilez pas la fin du film !" sont les très exactes traductions, en français sobre, du franglais snob et ado " Ne spoilez pas la fin du film !". On peut aussi demander à ne pas évente...

crimes et délits

Une ineptie comme " les crimes de tapage nocturne ont augmenté de 75% à New York " [journal télévisé de TF1] confirme que les journalistes francophones ont besoin d'un dictionnaire des faux amis , et de le potasser d'arrache-pied. Il en existe d'excellents qui ne devraient pas rester sur les étagères, mais équiper la table de travail, voire la table de chevet, de ces professionnels de l'approximation linguistique. L'anglais a crime désigne indistinctement un crime ou un délit - notions juridiques que le français ne confond pas. À propos d'une affaire politique concernant un ministre contraint d'avouer avoir menti, la presse française n'a pas cessé de nous expliquer ceci : " en France, contrairement aux USA, le crime de parjure n'existe pas ". Assertion rendue fausse par le même faux ami. Car aux USA non plus, " le crime de parjure " n'existe pas. Ce qui existe aux USA, c'est le délit de parjure ! ...

candidater

Dérivé du mot candidat  par un chemin paresseux, le verbe " candidater " (sic) est un barbarisme. Son emploi - c'est le cas de le dire - n'est pas opportun. Pas davantage que ne le serait le recours au même raccourci menant à un verbe "lumièrer" au lieu d' éclairer  ou "propreter" au lieu de nettoyer ... À dire vrai, est-on digne de la fonction à laquelle on se porte candidat quand on ne se montre pas apte à faire l'effort infime d'aller chercher sur le bout de sa propre langue le verbe approprié ( postuler )  ou l'expression juste ? À savoir : être candidat, se porter candidat, présenter sa candidature, faire acte de candidature, solliciter un poste, briguer une distinction, etc. Que dire des recruteurs qui précisent aux candidats qu'ils devront faire preuve d'excellentes capacités rédactionnelles, puis leur demandent de "candidater", indiquant ainsi que des qualités rédactionnelles authentiques ne sauront ...

non : caméra piéton / oui : caméra d'intervention

Caméra d'intervention fixée à l'épaule Les services de police municipaux et nationaux sont invités à bannir de leur langue de travail le barbarisme ''' caméra piéton ''' (parataxe fautive, pour ''caméra de piéton'') par lequel certains ont malencontreusement désigné un dispositif d’enregistrement vidéo et sonore utilisé par les forces de l’ordre pour filmer des interactions avec le public, avec des délinquants, voire des criminels. Bref, une caméra légère et compacte attachée à la poitrine ou à l’épaule des agents de la sécurité publique. L'Office québécois de la langue française n'a pas admis l'appellation " caméra-piéton " (sic) parce qu'elle relève du pur charabia, et a entériné sans détours une formule impeccablement claire et nette : caméra d'intervention . La Mission linguistique francophone entérine aussi cette appellation irréprochable, et a été suivie par l' Académie française . Il es...

permettre de pouvoir

" Il faut que cela puisse pouvoir permettre aux Parisiens de, etc " (Anne H., maire de la capitale mondiale de la francophonie, 14/02/2020). Certes, cette énormité est extraite d'une allocution improvisée ; pas d'un texte écrit ni lu. Mais tout de même... L'allocution était improvisée par une professionnelle de l'allocution improvisée. Et présidente de l'association internationale des maires francophones. Sans aller jusqu'à ce triple " puisse pouvoir permettre " (au lieu de " permette "), nous observons dans les médias des pays francophones d'Europe que sont la Suisse, la Belgique et la France, une multiplication des adeptes de l'enchaînement des verbes permettre et pouvoir : " cela permet de pouvoir etc ". Or, par définition, ce qui permet une chose la rend possible. Ce qui nous permet de faire nous met en situation de pouvoir faire . Dire " cet outil permet de pouvoir ouvrir une porte ", c'e...

à vélo et en voiture

Rappelons aux cyclistes qu'ils ne se déplacent pas " en vélo " mais " à vélo ". Car la préposition " en " signifie qu'on pénètre dans le véhicule : en voiture, en train, en métro, en bateau, en avion. Si ce n'est pas le cas, la préposition appropriée est " à " : à cheval, à dos d'âne, à bicyclette, à moto, à skis, à pied ( pied étant au singulier, curieusement).

le nègre et le noir

Le Cap Nègre atteste de l'emploi nullement péjoratif autrefois de l'italianisme " nègre ". Cette francisation de l'italien negro signifiant noir était au contraire utilisée pour son élégance florentine et son absence de connotation négative. C'est pour échapper aux jugements de valeur attachés à l'adjectif noir  (noir comme le péché, idées noires, etc) que les francophones se sont tournés jadis vers un synonyme étranger. Comme ultérieurement l'américanisme black , l'italianisme nègre était dépourvu de noirceur . Jadis. Les emprunts aux langues étrangères ont toujours servi à "laver" nos mots de leurs travers réels ou supposés, que ce soit trop de force ou trop de fadeur. Voyez " fake " supposé depuis peu renforcer " faux " ; ou " mercato " censé donner de l'intérêt à de banales tractations entre sergents recruteurs du foot. L’acceptation du titre Les dix petits nègres , en un temps où il n’existait ...

support papier : le monstre administratif indécrottabe

Sachant que le papier est par nature un support, il est inapproprié de le préciser dans la formule " sur support papier ", comme il serait inapproprié de voyager " en véhicule voiture " ou de servir le beaujolais " dans un récipient verre ballon ". Cette précision superflue, appelée périssologie, se double ici d'un viol de la grammaire : qualifier un terme à l'aide du mot papier , notre langue ne le permet pas car le mot papier n'est pas un adjectif ! Les choses ne sont pas " papier ", elles sont en papier ou sur papier ou de papier [telle notre licorne]. Le français connaît les industries papetières (industries du papier), les cocottes en papier et les corbeilles à papiers , mais ne connaît pas les documents papiers (sic), les versions papier (sic), les annuaires papier (sic), le support papier (sic) ni les objets " papier " d'une manière générale.  Les formules employant le mot papier comme qual...

parents dont l'enfant est mort : solutions pour un deuil sans nom

Beaucoup de langues, dont la nôtre, disposent de noms communs et d'adjectifs pour décrire la situation d'enfants ayant vu mourir leurs parents ( orphelins, orphelines ), de personnes survivant à leur conjoint ( veuves, veufs ) mais n'ont aucun mot pour les parents survivant à leurs enfants. Comme si ce deuil-là était tellement contraire à l'ordre des choses - donner la vie pour la voir reprise - qu'il en devenait indicible et innommable. Depuis cinquante ans, les institutions françaises chargées de terminologie et de néologie répondent que ce n'est pas leur affaire. Ce sont pourtant les mêmes institutions qui se décarcassent avec talent pour trouver en peu d'années des néologismes comme logiciel , baladeur, télécharger ou courriel , répondant ainsi aux attentes du langage technique et industriel. Mais répondre aux attentes existentielles concernant le pire des deuils, c'est niet . Nous nous sommes personnellement heurté dès les années 1990 ...

droit opposable

Votre droit est, par définition, ce que vous pouvez opposer à qui vous en prive ou le conteste. La formule droit opposable est donc un tel pléonasme que nous nous faisons un devoir d'économiser votre temps et le nôtre en ne le démontrant pas plus longuement. Mais nous nous faisons aussi un devoir de souligner que la formule droit au logement opposable , pourtant avalisée depuis peu par le gouvernement français, est une absurdité. Car, par sa construcion grammaticale de son complément, elle annonce le droit à quoi ? Au logement opposable. Le droit à un certain type de logement, le type "logement opposable". On voit que remédier à cette absurdité en rapprochant l'épithète opposable du mot droit qu'il qualifie en réalité , et non du mot logement, ne ferait toutefois pas beaucoup mieux : "droit opposable au logement" évoque maintenant un droit qui peut être opposé  à quoi ? Au logement... La solution naturelle, amis législateurs et communicants,...

contre la montre, le féminin doit toujours l'emporter

L'expression " contre la montre " est un complément de manière  créé par métaphore au vingtième siècle par le vocabulaire sportif pour préciser la nature d'une épreuve de vitesse. Chaque concurrent s'y élance seul. La performance sportive qu'il est en train d'accomplir, il ne peut donc pas la jauger selon son avance ou son retard sur un adversaire ou un groupe autour de lui, par exemple un peloton de coureurs cyclistes. Pour doser son effort vers un exploit victorieux, il ne peut se fier qu'à l'écoulement du temps. Il n'a d'autre adversaires que ses propres limites physiques ; mesurées par la durée de son tour de force. Seules l'aiguillonnent les aiguilles d'une montre. Cette notion imagée de course menée contre une montre , puis contre " la" montre (par emphase), a enrichi notre langue d'une expression savoureuse : la course contre la montre . Hélas, au détour du 21e siècle, la lexicalisation  irréfléchie du compléme...