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pénurie de personnel sur moi

Au journal télévisé de France 2, un reportage nous présente une adolescente hospitalisée en chirurgie, invitée à témoigner de la pénurie de personnel hospitalier, selon l'expression juste et même très avertie qu'elle emploie. Ce syntagme semble la récitation d'un propos tenu devant elle avant que le micro lui soit tendu. Pour témoigner de cette pénurie, elle nous dit ensuite avec plus de spontanéité : "Je viens là depuis huit ans. Avant, il y a avait plus de monde sur moi".

On sait que l'usage abusif du petit mot "sur" a rongé notre langue. Ici, "sur moi" signifie "pour s'occuper de moi". La préposition sur, qui remplace déjà une quinzaine d'autres prépositions, commence donc à remplacer un verbe et sa préposition.

Il n'y a là ni évolution réjouissante ni émancipation éclairée mais affligeante dénaturation du sens. Ce n'est pas de la faute de l'adolescente : elle parle la langue des adultes médiatisés, de ses professeurs mêmes, et des réseaux sociaux. À cette jeune fille nous souhaitons un prompt et complet rétablissement. Pour ce qui est de la réparation des dégâts causés par "sur" à notre langue et notre pensée même, nous ne savons plus que souhaiter. "Le pronostic vital est engagé".

Illustration : personnes effectivement sur d'autres, par Richard Avedon.


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