
Un officier de police soucieux de parler savamment à la télévision explique que les scooters "présentent une dangerosité pour les piétons". Comme des dizaines de millions d'autres francophones, et la quasi totalité des orateurs publics en France sinon dans le reste du monde, il ne sait plus que le mot juste est danger : si les scooters sont dangereux, alors ils présentent un danger ; pas une "dangerosité".
Quiconque évoque la "dangerosité" au lieu du danger est emporté par l'élan de se mettre en valeur en croyant parler savamment.
Pourtant, la pataude "dangerosité" n'a aucun besoin d'exister puisqu'elle signifie exactement la même chose que le danger : la dangerosité est définie, par les professionnels qui ont adopté ce terme tarabiscoté, comme le fait d'être dangereux. C'est donc bien le danger. Car est dangereux ce qui constitue un danger. C'est même une lapalissade.
Avec deux fois et demi plus de syllabes que le danger (cinq au lieu de deux), la "dangerosité" est aussi inutilement hypertrophiée que l'est une fonctionnalité au lieu d'une fonction.
Perte de repères navrante mais sans autre danger (et non "sans autre dangerosité"), convenons-en, que de boursoufler notre langue et lui imposer de vaines acrobaties.
Le danger, cependant, c'est que ce détour par la préciosité plus ou moins ridicule soit sans retour. Et que le simple danger disparaisse distraitement des esprits comme a pratiquement disparu l'avenir, aujourd'hui spontanément remplacé par le futur.
Commentaires
Nous voyons ainsi la relation devenir le relationnel, la sûreté ou la sécurité supplantées par le barbarisme sécurisation, et la trace devenue la traçabilité...