Accéder au contenu principal

Alexandra Redde-Amiel, décideuse en chanson française non francophone #Eurovision2020

Notre protestation officielle, jointe à celle du ministre français de la Culture, a eu un certain effet.

Il est admis que le groupe France Télévisions a commis une erreur et ne devra plus la commettre à l'avenir, dût-il en être empêché par décret. 

Voici le texte de notre article publié avant la révision symbolique de la chanson The Best in Me dont le titre a été francisé en Mon alliée. C'était l'époque - vieille d'un ou deux mois - où un responsable de France Télévision soutenait encore que la langue anglaise était ce que la France avait de meilleur à offrir à l'Europe, et taxait de passéisme tout contradicteur.  Miss L.F.

Voici le visage de la dame qui nous assène cette année encore le choix calamiteux d'une supposée "meilleure chanson de France" (puisqu'on la veut élue meilleure chanson d'Europe et d'Australie, il faut au moins commencer par là !) qui ne se chante en français que partiellement, puisqu'elle se réclame d'une autre langue n'ayant sa source dans aucune, strictement aucune des régions ni aucun des territoires de France. Le texte original est signé d'auteurs suédophones (on dit aussi suécophones) s'astreignant à pratiquer artificiellement une forme d'anglais amoindri pour flatter le snobisme suranné des élites de France Télévisions.

Autant savoir qui s'obstine ainsi dans l'erreur et le manque de sagacité créative, avec un coquet titre de cadre supérieur de la fonction publique, dont l'importante mission est de nous amuser.

Alexandra Redde-Amiel.

Tel est le nom de cette grande professionnelle de la communication publique francophone qui croit encore que la langue française est un handicap artistique. Cela après tant d'autres dames chargées des divertissements à France Télévision, empêtrées dans la même méprise depuis quinze ans, malgré l'implacable série de précédentes déculottées retentissantes fondées sur cette conviction qui brouille leurs excellentes aptitudes tactiques et leur flair créatif.

Comment notre langue serait-elle un handicap culturel dans ce continent dont elle est la langue officielle d'un plus grand nombres de pays qu'aucune autre langue ? Le français est la langue officielle de six pays d'Europe, contrairement à l'espagnol (un pays), à l'italien (deux pays), à l'allemand ou à l'anglais (trois pays)*.

Le ridicule de renoncer au français pour apporter la démonstration internationale du talent des auteurs de chanson français est d'une telle évidence qu'on se demande qui peut encore y rester sourde mais conserver sa place.

Le fait qu'année après année cette prouesse affligeante soit accomplie par des décideuses de l'audiovisuel public fait écho à l'aphorisme fameux de Françoise Giroud : "La femme serait vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente."

Il faut croire que le poste de Directrice des divertissements de la télévision nationale française n'est pas un poste important ; ou que le degré de compétence n'y est pas corrélé à la pertinence des décisions ; ou que l'égalité est magistralement atteinte. Ce serait au moins une bonne nouvelle.

Le prix à payer pour que s'accomplisse ainsi la prédiction de Françoise Giroud est, malheureusement, la confirmation annuelle de l'incapacité opiniâtre de notre service public des divertissements à sélectionner une bonne chanson française. Bonne et française. Donc francophone à 100%, cela va de soi.

CLIQUEZ ICI POUR ACCÉDER À LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE


NDE : Il ya pire.

Un certain Antoine Boiley, paré du titre de Secrétaire général des antennes de France Télévisions, estime contre toute véracité que les « fausses polémiques » (sic) sur la place de l’anglais dans les chansons françaises de l’Eurovision « appartiennent au passé" (sic). Leur accusation de fausseté, oui devrait appartenir au passé, mais les polémiques sont hélas entretenues par les responsables de l'audiovisuel public français que le français importune.

Antoine poursuit en assénant ce sophisme fondé sur de très fausses prémisses : « On a tous compris en France que ce n’était pas un concours de francophonie, mais un concours de chansons auquel la France participe ».

Cela s'appelle noyer le poisson. Bien sûr que l'Eurovision n'est pas un concours de francophonie, personne n'a jamais soutenu pareille absurdité ! Mais ce n'est pas non plus un concours d'anglophonie.

Ah ! Si ?

L'Eurovision serait un concours de chansons impérativement anglophones, si on te suit bien, Antoine (on se tutoie entre anciens du CELSA). Mais c'est marqué où, dans quelle section du règlement et quelles annales de son palmarès, que c'est un concours de vrai ou faux anglais, même pour les auteurs du pays de Gainsbourg, de Manset et de De Pretto, ô ex-chef des antennes télévisuelles francophones ?

Se battre pour faire taire le français dans la chanson française, voilà une polémique qui devrait appartenir au passé, car voilà un fieffé combat rétrograde.



* Le français est langue officielle du Vatican (c'est surprenant mais l'italien n'y est qu'une des diverses langue de travail), d'Andorre, du Luxembourg, de la Suisse, de la Belgique et de la France.

Commentaires

Syl a dit…
Le Ministre de la Culture semble penser la même chose. Encore la certitude d'un classement de la France calamiteux pour un choix de chanson débile et si banale. Cela nous fait regretter le talent d'un Gainsbourg ou d'autres compositeurs singuliers et amoureux de la langue française qu'il faudrait savoir selectionner pour éviter encore une fois un score minable... la France mérite mieux !

Articles les plus lus cette semaine

à très vite ou à très bientôt ?

Évidemment, seuls " à bientôt " et " à très bientôt " sont corrects, tandis que " à très vite " est un monstre grammatical dont la présence étonne dans la bouche et sous la plume de personnes qui ne sont ni ennemies de la logique ni esclaves des bourdes en vogue. En effet, la préposition à ne peut introduire ici que l'annonce d'un moment dans le temps. Or, " très vite " n'est pas une indication de temps mais de manière. On ne peut donc pas faire précéder " très vite " d'une préposition introduisant une indication de moment dans le temps, comme à demain , à jeudi , à plus tard , à dans deux mois ou à bientôt . De fait, personne ne dit " à vite !" au lieu de " à bientôt !", comme si seul le petit mot très avait permis la propagation du barbarisme " à très vite " en empêchant la transmission de sens entre la préposition à et l’adverbe vite , nous déconnectant ainsi de l’instinct gram...

similitudes et similarité

Le fait de présenter plusieurs aspects similaires sans être totalement identique se dit comment en anglais ? Similarities (pluriel de similarity) . You are right. Et comment cela s'appelle-t-il en français ? Des similarités ? Non : des  similitudes , ou même une  similitude . La Mission linguistique francophone relève une mise en péril de l'avenir du mot similitude par la mauvaise traduction généralisée de similarity et de son pluriel similarities . Les professionnels concernés (traducteurs, journalistes, pédagogues friands de publications scientifiques en anglais) sont invités à ne pas confondre le français et l'anglais, ni se tromper de désinence. Et donc, à se méfier presque autant du piège tendu aux similitudes par les "similarités", que du piège tendu à la bravoure par la "bravitude"... En français, on emploiera le singulier " la similitude " pour traduire l'idée d'une complète analogie (" la similitude de leurs deux t...

le ressenti

Permettez-nous de vous donner notre sentiment sur votre "ressenti". Tout comme "le déroulé" (même faute de syntaxe, même dérive) au lieu du DÉROULEMENT , "le ressenti" se caractérise par le recours artificiel à une forme verbale substantivée au lieu de l'emploi naturel d'un nom commun approprié. Cette vaine substitution est apparue depuis moins de dix ans. Il est encore temps de l'abandonner et très préférable de ne jamais l'adopter. Car ce que l'on RESSENT s'appelle depuis toujours, selon le contexte : • un SENTIMENT • une SENSATION • une IMPRESSION. Pas un "ressenti". Nous sommes tous portés par les travers en vogue dans la langue de notre temps et prompts à tomber dans leur ornière. Ce n'est donc pas une attaque personnelle si vous employez depuis peu "le ressenti", juste une exhortation à retrouver sous votre plume et sur le bout de votre langue le juste mot sentiment ("je vous donne mon sentiment...

cheffe ou chef de service ?

" Un véritable barbarisme ", voilà l'arrêt de mort qu'a signé l' Académie française [dès 2002 , avec confirmation en 2014 ] contre la féminisation inepte de chef en cheffe . La respectable assemblée rappelle qu'il importe peu que telle ou tel ministre ponde une circulaire prônant l'adoption d'un barbarisme comme " cheffe de service "ou " proviseure ", car nul gouvernement n'est habilité à décider de ce qui constitue le bon usage de la langue française. La Mission linguistique francophone ajoute à cette mise au point sa propre démonstration : la féminisation de chef par cheffe n'a, en tout état de cause (reconnaissance de l'autorité des académiciens ou non), ni légitimité ni pertinence, puisque la désinence -effe n'est aucunement le propre du féminin comme en atteste le greffe du tribunal. Réciproquement, la désinence -ef n'est nullement d'une insupportable masculinité , comme en atteste l'existen...

peut-on coconstruire ?

Néologisme inutile à souhait, le verbe coconstruire signifie simplement construire . Ou éventuellement construire ensemble , si l'on aime les périssologies [précisions redondantes]. Car dans con struire, le préfixe con- signifie déjà ensemble ! Mais surtout, parce que le contexte indique toujours que la prétendue " coconstruction " se fera à plusieurs : dans " nous allons coconstruire ", le sujet pluriel est déjà là pour exprimer la communauté d'action. Et dans "je vais coconstruire", on voit que l'énoncé est absurde (construire ensemble mais seul ?), ou bien qu'il manque le complément précisant avec qui je vais construire. Or, "je vais coconstruire une maison avec mes cousins" serait un pléonasme, qu'on s'évitera en disant tout simplement " je vais construire une maison avec mes cousin s". La réponse est donc : non, on ne peut pas "coconstruire" sans commettre une maladresse de langage. Ma...

goûtu, gourmand ou savoureux ?

L'adjectif savoureux , au sens propre, est en voie d'extinction dans les médias audiovisuels et la publicité, au bénéfice de goûtu et de gourmand . Deux termes rendus indigestes par leur emploi inadapté. Est goûtu ce qui a un goût prononcé, éventuellement très déplaisant (comme la désopilante liqueur d'échalote au crapaud de la comédie Les Bronzés font du ski , dans les dialogues de laquelle ce mot fait surface). Est savoureux ce qui a une saveur agréable, voire succulente, ce qui a bon goût , voire très bon goût . Popularisé il y a une trentaine d'années dans le registre drôlatique et familier, le régionalisme  goûtu n'a pas sa place dans un commentaire gastronomique châtié. Mais de nombreux professionnels de la langue perdent de vue les notions de registre ou de niveau de langue, et emploient un terme comme goûtu sans aucune conscience de sa rusticité ni de la connotation humoristique qui s'y attache. Quant à " goûteux " (sic), q...

on ne tire pas les conséquences

" Il faut en tirer les conséquences " ne veut rien dire (*) : ce n'est qu'un nœud dans la langue de bois. On tire le diable par la queue, on tire une histoire par les cheveux, mais on ne tire pas des conséquences, on tire des conclusions . On peut aussi tirer des leçons ou des enseignements . Tandis que les conséquences, on les assume . Éventuellement après les avoir mesurées (" mesurez-vous les conséquences de vos actes ?"). Le monde politique francophone fourmille pourtant d'orateurs haut placés qui "tirent des conséquences" (sic) à tout propos ou exigent que d'autres s'en chargent, par amalgame entre deux expressions justes : tirer des conclusions et assumer des conséquences . Cette confusion est à rapprocher du cafouillage " loin s'en faut " (sic), lui aussi vide de sens et qui résulte également de l'incorrecte hybridation de deux expressions correctes : loin de là et il s'en faut de beaucoup . (*) ...

choisir entre dommage et dommageable

On entend souvent remplacer le simple " c'est dommage " par "c'est dommageable". Or, les deux significations ne se confondent pas. Du moins ne se confondaient-elles pas avant cette dérive. L’expression « c’est dommage » (dont la forme superlative donne "c'est bien dommage") est synonyme de " c’est regrettable, c’est fâcheux, c'est désolant, c’est malheureux, ce n’est pas de chance ». Voltaire, par exemple, se lamente en ces termes dans Candide : "C 'est bien dommage qu'elle soit devenue si laide ". Mais dire « c’est dommageable » implique explicitement le constat d'un authentique dommage, d'un préjudice, d'une perte de valeur. " C'est dommageable " n'exprime pas une simple déception mais un préjudice ouvrant éventuellement droit à réparations, selon les termes de l'article du Code civil, bien connu des juristes français : « tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un ...