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la rediffusion du replay

Sur France Info, il existe* une émission dans laquelle Céline Asselot s'efforce de nous intéresser au web mais aussi au print, émission de grande écoute qu'elle a intitulée "Le replay" (sic). Heureusement qu'on est sur France Info, on pourrait en douter...

Fondée historiquement par des anglophiles notoires, La Mission linguistique francophone brille par son absence d'aigreur à l'encontre de l'hégémonie internationale de la langue anglaise. Les observateurs de notre institution tiennent ce fait culturel pour acquis. Constat indéniable et nullement attristé, qui n'est pas incompatible avec celui-ci : l'équilibre de la langue française et sa belle vitalité exigent le refus de l'anglomanie de pure paresse ou de pur snobisme, tel qu'il irrigue la langue médiatique et commerciale.

La paresse consiste à ne pas employer de termes existant en français mais à céder au courant destructeur alimenté par des médias qui promeuvent à satiété le lexique anglais. Le snobisme consiste à considérer comme impropre à la consommation la terminologie francophone officielle ou officieuse, et à lui préférer un jargon comme "print", "web", "replay", "naming" ou "bedding". Et des titres d'émissions comme Dropped ou Le replay, à mettre exactement dans le même sac.

NB : l'Académie française a tranché...net : internet est incorporé à notre langue ; web ne l'est pasReplay (à comprendre ici comme rediffusion) ne l'est pas non plus, et print (qui signifie imprimé, impression ou édition selon le contexte), pas davantage.

POUR ACCÉDER À LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE, CLIQUEZ ICI

*Cet article fut écrit en mars 2014. Depuis, Céline Asselot a accédé à d'autres fonctions. Nous l'en félicitons.

Commentaires

Anne a dit…
aigreur à l'encontre de l'hégémonie ??
Miss LF a dit…
Bizarre, votre commentaire Anne. Puisque nous prenons le soin de souligner exactement le contraire ci-dessus :

"Fondée par des ANGLOPHILES notoires, La Mission linguistique francophone BRILLE PAR SON ABSENCE D'AIGREUR à l'encontre de l'hégémonie internationale de la langue anglaise. Les observateurs de notre institution tiennent ce fait culturel pour acquis. Constat indéniable et NULLEMENT ATTRISTÉ, qui n'est pas incompatible avec celui-ci : l'équilibre de la langue française et sa belle vitalité exigent le refus de l'anglomanie de pure paresse ou de pur snobisme"

Une "hégémonie internationale" a toujours existé. Ce fut longtemps l'éhégémonie du grec que même les Romains devaient manier, puis du latin, puis de l'italien, puis du français, désormais c'est celle de l'anglais. C'est "un fait culturel acquis". Mais notre langue demeure cependant vivante, elle aussi, donc vulnérable aux assauts de l'anglomanie de paresse ou de suivisme dont FRANCE Inter, FRANCE info et FRANCE Télévisions doivent la protéger au lieu de l'y exposer.

Miss L.F.

Anne a dit…
Ce qui m’intrigue, c’est la forme, pas le fond: emploi et sens de « à l’encontre ».
Miss LF a dit…
Ah ! Nous n'avions pas compris.

"En s'opposant à quelque chose, en y faisant obstacle", tel est l'acception dans laquelle "à l'econtre de" est ici employé. Pas d'aigreur faisant obstacle à cette hégémonie, pas d'aigreur s'opposant à cette hégémonie, si vous préférez.

Peut-être trouvez-vous meilleur "pas d'aigreur à l'égard de cette hégémonie" ou "pas d'aigreur quant à cette hégémonie" ?

Miss L.F.
Anonyme a dit…
Veuillez m'excuser d'écrire ici mais je ne trouve pas votre adresse électronique générale.
Je voudrais simplement savoir s'il est possible de recevoir sous forme de lettre d’information, dès leur mise en ligne, les articles que vous publiez (on ne trouve pas sur votre site le moyen de s’abonner).
Félicitations pour la haute qualité de vos billets.
A. COLLET
colletalain@orange.fr

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