Accéder au contenu principal

Lettre ouverte à Margaux Lacroux et autres tenants de la cacographie surnommée "écriture inclusive"

Cet article publié dès 2017 est remis à l'honneur
pour détromper les personnes estimant sincèrement que "l'écriture inclusive
ne doit pas être interdite par la loi [comme le préconise le Sénat français]
car ce serait "faire reculer l'égalité entre les sexes".
Pénible vision ségrégationniste, paranoïaque, irréfléchie et vindicative que celle irriguant le projet de cacographie dite "inclusive".

Je suis une femme, donc à la fois une personne humaine et un individu social. Ce terme d'individu - mixte d'apparence masculine - m'est indolore et ne met en rien ma féminité en péril. Il ne m'apparaît pas comme sexiste mais comme neutre. Et de fait, les humains du sexe opposé ne m'apparaissent pas comme odieux par nature.

Je suis un homme, un mec si vous préférez, et une personne discrète ou au contraire une célébrité locale. Ce terme de "personne discrète" ne met aucunement ma virilité en péril, non plus que l'étiquette de "célébrité locale". Ces féminins de portée générale ne m'apparaissent pas comme agressivement féministes mais comme neutres : une victime du devoir, une sommité médicale, une erreur de casting, une bonne pâte, etc. Neutres, ces termes de forme féminine le sont, tout comme le sont ces termes de forme masculine mais de portée générale : un cas social, un élément moteur, un exemple pour la jeunesse, un personnage haut en couleurs, un fardeau pour ses proches, etc.

Le délire obsédant de la vengeance d'un sexe contre un autre ne nous ressemble pas, ni moi la femme, ni moi l'homme. Femme, je m'inscris contre la guerre des sexes ; à l'instar de tout homme digne de ce nom. Homme, j'ai cette violence symbolique en horreur ; à l'instar de toute femme digne de ce nom.

Mais avec les tenants de votre affligeante préciosité surnommée "écriture inclusive",  on passe à autre chose que la rage de faire rendre gorge au sexe opposé : on s'installe dans une position de sabotage culturel dont l'obscurantisme est très alarmant.

Les dynamiteurs de trésors culturels en Syrie ou en Afghanistan s'attaquèrent à des ruines de pierre, et le monde les réprouva. Vous, les tenants du sabotage graphique radical de l'écriture alphabétique vivace depuis trois millénaires, vous criblez de balles une langue vivante et vous le faites "la fleur au fusil". Car comme les ravageurs de ruines antiques, vous applaudissez cet autre ravage culturel au nom de la fin d'une oppression.

Mais avec quelle affreuse oppression voulez-vous en finir ? Celle du puissant exercée sur le faible ? Non : l'oppression de la lettre de l'alphabet.

Ne voyez-vous pas que cette oppression n'existe pas ? Non, tenants d'une écriture qui vous éblouit par la splendeur de son militantisme diviseur et de son artifice, vous ne le voyez pas. C'est le propre d'un délire que d'apparaître au délirant comme la réalité.

Ne vous étonnez pas toutefois que, soucieux de la vitalité de toute langue vivante, nos observateurs des deux sexes analysent cette sidérante entreprise de désagrégation de la graphie du français comme une aberration du regard porté sur le bonheur de vivre ensemble. Ni que les pouvoirs publics se soient prononcés contre ce qui s'affirme à la lecture de votre plaidoyer émerveillé sinon clairvoyant, comme un projet de sape malveillant, belliqueux, vindicatif, hargneux et régressif, et non comme un vent de fraîcheur, de bonté, d'équité ni de progrès.

Miss L.F.

Margaux Lacroux, manifestement ennemie farouche des termes neutres mixtes en français mais pas dans d'autres langues telles l'anglais qu'elle n'entend pas réformer, est une étudiante tourangelle en journalisme qui se veut la promotrice exaltée de l'é.critur.e dé.chi.que.té.e et n'est hélas pas la seule à s'être entichée de ce concept cacographique, en dépit de son éclatante stupidité.


POUR ACCÉDER À LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE, CLIQUEZ ICI

Commentaires

Jim Barnett a dit…

On peut actuellement consulter une pétition lancée par une vingtaine des meilleurs chercheurs du CNRS contre l'arbitraire des recrutements dans cette institution. Hélas, sa rédaction est parasitée par INSUPPORTABLE écriture inclusive:
"Les chercheur.ses recruté.es le sont à vie »

POURQUOI mélanger un acte militant ultra-minoritaire (qui donc veut de ce machin en-dehors de la bobosphère? ) et un acte légitime de soutien et de demande de transparence ?

Cela discrédite grandement la démarche des estimables protestataires.

Car la division forcenée des sexes au prix du saccage de notre langue, en deux camps irréconciliables même dans le neutre (et non le masculin, abominé comme jamais ces temps-ci), ne manque pas d'arbitraire non plus.
Chantal B a dit…
Bravo. Lettre ouverte à placarder partout. Je prends mon seau et ma colle.
Anonyme a dit…
On croyait cette stupidité en perte de vitesse, non ? Qu'un comité de vedettes du CNRS la reprenne à son compte et souffle sur cette braise de discorde entre sexes et d'enfumage culturel est incompréhensible.
Jacques Bert a dit…
J'ai pris le temps de lire l'article de Libération signé par Margaux Lacroux.

J'y vois un article équilibré, qui décline dès le début les critiques émises envers l'écriture inclusive. Ensuite, il nous informe de la position du ministère de l'Education, qui n'est pas celle du HCEFH, ou encore des différents éditeurs français.
Et enfin, il énumère les règles actuellement pratiquées, les pays qui s'inscrivent dans cette manière de rédiger… 

Les avis émanent seulement des personnes interviewées, par la présence marquée de citations (et non de la journaliste elle-même), qu'ils soient en faveur ou non de l'écriture inclusive.

Nous avons donc une diversité de points de vue qui nous permet de nous forger un avis après lecture de cet article (ce qui relève d'un principe journalistique fondamental). Nous sommes ici très loin d'un édito d'opinion ou d'un manifeste.

Où voyez-vous donc le militantisme de Margaux Lacroux dans ce papier ?
Et quel intérêt de l'interpeler à titre personnel pour faire passer votre propre avis sur votre blog personnel ?

Miss LF a dit…
Cher jacques.
Primo, nous n'employons jamais l'argot "papier" pour désigner cette noble production de l'esprit qu'est un article, qu'il soit de presse, d'encyclopédie ou scientifique ;-)
D'autre part, n'accordez pas trop de valeur ni d'importance à "l'article de Libération" que vous avez pris la peine de lire et à partir duquel vous prenez le parti de voler au secours des tenants de la ségrégation typographique des genres. De multiples autres sont parus depuis qui expriment une même complaisance envers ce véritable vandalisme linguistique dont notre propre article, dès 2017, démontra imparablement l'inanité. Sans recours à la fragile dérobade d'un "point de vue" d'une délicieuse subjectivité, mais par le recours à la rigueur méthodologique d'une science - la nôtre, la philologie.

Miss L.F.

Articles les plus lus cette semaine

à très vite ou à très bientôt ?

Évidemment, seuls " à bientôt " et " à très bientôt " sont corrects, tandis que " à très vite " est un monstre grammatical dont la présence étonne dans la bouche et sous la plume de personnes qui ne sont ni ennemies de la logique ni esclaves des bourdes en vogue. En effet, la préposition à ne peut introduire ici que l'annonce d'un moment dans le temps. Or, " très vite " n'est pas une indication de temps mais de manière. On ne peut donc pas faire précéder " très vite " d'une préposition introduisant une indication de moment dans le temps, comme à demain , à jeudi , à plus tard , à dans deux mois ou à bientôt . De fait, personne ne dit " à vite !" au lieu de " à bientôt !", comme si seul le petit mot très avait permis la propagation du barbarisme " à très vite " en empêchant la transmission de sens entre la préposition à et l’adverbe vite , nous déconnectant ainsi de l’instinct gram...

similitudes et similarité

Le fait de présenter plusieurs aspects similaires sans être totalement identique se dit comment en anglais ? Similarities (pluriel de similarity) . You are right. Et comment cela s'appelle-t-il en français ? Des similarités ? Non : des  similitudes , ou même une  similitude . La Mission linguistique francophone relève une mise en péril de l'avenir du mot similitude par la mauvaise traduction généralisée de similarity et de son pluriel similarities . Les professionnels concernés (traducteurs, journalistes, pédagogues friands de publications scientifiques en anglais) sont invités à ne pas confondre le français et l'anglais, ni se tromper de désinence. Et donc, à se méfier presque autant du piège tendu aux similitudes par les "similarités", que du piège tendu à la bravoure par la "bravitude"... En français, on emploiera le singulier " la similitude " pour traduire l'idée d'une complète analogie (" la similitude de leurs deux t...

peut-on coconstruire ?

Néologisme inutile à souhait, le verbe coconstruire signifie simplement construire . Ou éventuellement construire ensemble , si l'on aime les périssologies [précisions redondantes]. Car dans con struire, le préfixe con- signifie déjà ensemble ! Mais surtout, parce que le contexte indique toujours que la prétendue " coconstruction " se fera à plusieurs : dans " nous allons coconstruire ", le sujet pluriel est déjà là pour exprimer la communauté d'action. Et dans "je vais coconstruire", on voit que l'énoncé est absurde (construire ensemble mais seul ?), ou bien qu'il manque le complément précisant avec qui je vais construire. Or, "je vais coconstruire une maison avec mes cousins" serait un pléonasme, qu'on s'évitera en disant tout simplement " je vais construire une maison avec mes cousin s". La réponse est donc : non, on ne peut pas "coconstruire" sans commettre une maladresse de langage. Ma...

le ministre américain des Affaires étrangères

Une fois pour toutes : cet homme n'a jamais été "le Secrétaire d'état américain" (sic) mais le ministre américain des Affaires étrangères. Big difference. En sa qualité de Secretary of State , cet homme, John Kerry, fut statutairement le membre le plus éminent du gouvernement des États-Unis, exception faite du président et du vice-président. Néanmoins, il existe encore dans les pays francophones des cohortes de professeurs d'histoire contemporaine, de politologues, de journalistes et de lexicographes qui le dénomment " Secrétaire d'État ", en raison de la similitude d'apparence entre le groupe de mots Secretary of State et le groupe de mots secrétaire d'État . Bien entendu, ils sont imités sans discernement par ces encyclopédistes plein d'amateurisme qui régentent doctement la version française de Wikipédia en y propageant la majeure partie des bourdes ambiantes. Ces professionnels et amateurs francophones du commentaire politique...

Mbappé ne s'appelle pas M-Bappé

La prononciation correcte du patronyme camerounais Mbappé ne tend aucun piège. Les journalistes de France et de Navarre s'en inventent pourtant un, et le prononcent majoritairement de façon fautive, en créant une séparation fictive entre la consonne M et les autres lettres. Ce qui donne l'étrange lecture "Êm' Bappé", qui est une absurdité comme le serait "Êss' Tendhal" au lieu de Stendhal, "Zêd Idane"" au lieu de Zidane, ou "Tom Cé Ruise" au lieu de Tom Cruise. Si les professionnels de la parole ont du mal à articuler la succession de consonnes - mb -, ils peuvent s'y exercer en répétant sans la moindre difficulté : " sa mba pé rilleuse sans Mba ppé rieur ". Ou encore : " je m'bats  contre Mba ppé", puis " Mba ppé m'bat ", et finalement "si tu m'bats , je m'ba rre !" PS : L'articulation subtile d'un M directement accolé à un B, nous la réussissons sa...

la soudure ou le soudage ?

Que les mots soudure et " soudage " fassent double emploi est flagrant. L'un est correct, l'autre défectueux. On devine facilement lequel. Pour justifier l'usage du barbarisme " soudage ", certains arguent de sa présence dans quelques dictionnaires. Certes, mais il ne leur échappera pas que, pour définir ce vilain " soudage " (sic), les rédacteurs du dictionnaire Larousse donnent étourdiment la définition suivante, qui est mot pour mot la définition de la soudure : " Opération consistant à réunir deux ou plusieurs parties constitutives d'un assemblage, de manière à assurer la continuité entre les parties à assembler, soit par chauffage, soit par intervention de pression, soit par l'un et l'autre, avec ou sans emploi d'un produit d'apport dont la température de fusion est du même ordre de grandeur que celle du matériau de base. " Le fait que des termes inutiles et malformés prospèrent dans les jargo...

long terme, moyen terme, court terme

Terme est ici à comprendre au sens d' échéance, au sens de fin , comme dans le verbe terminer et le mot latin devenu français terminus. Pourquoi ne faut-il jamais dire " sur le long terme " ni " sur le court terme " ? En quoi est-ce une faute indéniable, doublée d'une inutile complication ? Parce que toute langue a besoin de cohérence pour sa vitalité. Or, dans notre langue, les chose se font à terme , et non sur terme : un enfant naît à terme , un loyer se paie à terme , un train arrive au terminus , etc.  Un enfant ne naît pas "sur terme", et encore moins "sur le terme". " Sur terme " est donc faux, et " sur le terme " l'est plus encore. Que le terme soit long, moyen ou court, ni " sur " ni " sur le " ne peuvent le précéder. Pour cette raison, on dira donc exclusivement " à long terme, à moyen terme, à court terme ", et on se désintoxiquera de l'incohérent " s...

bon déroulement et mauvais déroulé

La Mission linguistique francophone et l' Académie française unissent leurs efforts pour rappeler d'une même voix qu'une action se déroule selon son déroulement et non selon son " déroulé " (sic) - contrairement à ce que l'on lit depuis peu d'années sous la plume de rédacteurs professionnels adeptes de l'approximation. Faute que l'on entend par contagion dans la bouche des francophones que la répétition des erreurs de langage nouvelles attirent irrésistiblement, par la seule vertu de leur nouveauté. Pour ces francophones-là, que nous avons sondés, le bon déroulement est un mot éculé qui manque de dynamisme. Selon eux, le " déroulé " (sic) d'une cérémonie, c'est plus actif [*]. De toute façon - tranchent-ils - on est libre de dire ce qu'on veut quand même, non ? Ce dévoiement (et non ce dévoyé ) de la notion de liberté ne suscite ni le "consternement" ni le "consterné", mais bien la consternation . ...

on ne tire pas les conséquences

" Il faut en tirer les conséquences " ne veut rien dire (*) : ce n'est qu'un nœud dans la langue de bois. On tire le diable par la queue, on tire une histoire par les cheveux, mais on ne tire pas des conséquences, on tire des conclusions . On peut aussi tirer des leçons ou des enseignements . Tandis que les conséquences, on les assume . Éventuellement après les avoir mesurées (" mesurez-vous les conséquences de vos actes ?"). Le monde politique francophone fourmille pourtant d'orateurs haut placés qui "tirent des conséquences" (sic) à tout propos ou exigent que d'autres s'en chargent, par amalgame entre deux expressions justes : tirer des conclusions et assumer des conséquences . Cette confusion est à rapprocher du cafouillage " loin s'en faut " (sic), lui aussi vide de sens et qui résulte également de l'incorrecte hybridation de deux expressions correctes : loin de là et il s'en faut de beaucoup . (*) ...

choisir entre dommage et dommageable

On entend souvent remplacer le simple " c'est dommage " par "c'est dommageable". Or, les deux significations ne se confondent pas. Du moins ne se confondaient-elles pas avant cette dérive. L’expression « c’est dommage » (dont la forme superlative donne "c'est bien dommage") est synonyme de " c’est regrettable, c’est fâcheux, c'est désolant, c’est malheureux, ce n’est pas de chance ». Voltaire, par exemple, se lamente en ces termes dans Candide : "C 'est bien dommage qu'elle soit devenue si laide ". Mais dire « c’est dommageable » implique explicitement le constat d'un authentique dommage, d'un préjudice, d'une perte de valeur. " C'est dommageable " n'exprime pas une simple déception mais un préjudice ouvrant éventuellement droit à réparations, selon les termes de l'article du Code civil, bien connu des juristes français : « tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un ...