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Articles

Affichage des articles du 2024

cas par cas et heure par heure

L'expression " au cas par cas " est une faute de français qui s'est répandue très largement depuis l'an 2000. Dans notre langue, les choses que l'on examine l'une après l'autre se règlent cas par cas , et non " au cas par cas " (sic). Curieusement, la passion ambiante pour cette faute de construction grammaticale surchargée d'un mot de liaison inutile n'affecte pas les autres locutions adverbiales construites sur le même modèle ; c'est-à-dire construites sur le principe de la répétition d'un mot autour de la préposition par. On entend toujours dire correctement : " marcher deux par deux ", " progresser mètre par mètre ", " s'informer heure par heure ", " réfuter point par point " [et non " au deux par deux", " au mètre par mètre", " au point par point" ni " à l' heure par heure"]. Pourquoi ces locutions voisines ne subissen...

dernières 24 heures ou 24 dernières heures ?

" Ces dernières vingt-quatre heures " est une formulation fautive . La formulation correcte étant " ces vingt-quatre dernières heures ". Ou : " depuis vingt-quatre heures ". Ou encore, le sobre : " depuis hier ",  qui tend à se perdre au profit du tic de chiffrage à l'heure près : "depuis ces dernières vingt-quatre heures" ; avec erreur dans l'ordre des mots, car en français, on dit " mes trois beaux enfants " et non "mes beaux trois enfants".  Cet exemple, que personne ne contestera, nous rappelle que dans notre langue, l'adjectif cardinal ( un, deux, trois , etc) doit toujours se placer avant l'adjectif qualificatif ( beaux ). Ce n'est pas une option, c'est une obligation : les deux pires ennemis et non "les pires deux ennemis". Cette règle intangible du français se vérifie aisément pour les jours écoulés ou à venir : chacun dit bien " dans les deux prochains jours ...

ce qui se passe ou ce qu'il se passe ?

Que se passe-t-il ? La musique familière de cette question anodine et très correctement formulée semble être à l'origine d'une tendance persistante à déformer la tournure correcte de la réponse : " je ne sais pas ce qui se passe", en la remplacer par " je ne sais pas ce qu'il se passe ". Personne, pourtant, ne songe à remplacer " je ne sais pas ce qui me plaît en toi " par " je ne sais pas ce qu'il me plaît en toi ". Le maniement des verbes impersonnels fait appel à une perception instinctive, et cependant subtile, du lien entre la syntaxe et le sens, qui piège même les meilleurs auteurs, il est vrai. Le public, quotidiennement soumis aux approximations linguistiques des orateurs professionnels, peine légitimement à s'y retrouver. Dans le doute, la simplicité est toujours salutaire. Et l'on sera bien inspiré de préférer savoir ce qui se passe , plutôt que ce qu'il se passe , question à laisser aux intervieweurs m...

de plus en plus compliqué

La complication, la difficulté et l'impossibilité sont trois notions différentes. Les mots pour les désigner ne sont pas interchangeables. Ni en français ni dans la plupart des langues. Les observateurs de la  Mission linguistique francophone  constatent pourtant depuis 2012 que cette distinction est en voie de disparition dans l'esprit des orateurs professionnels, puis du grand public à leur suite. La confusion de sens s'opère dans leur esprit au détriment des adjectifs difficile voire impossible et d'une multitude de notions voisines ou éloignées ( rude, subtile, éprouvant, confus, tendu, délicat, troublant , compromis , douteux, rebutant, implacable, etc), auxquelles ils tendent à préférer systématiquement l'adjectif  compliqué . Même lorsque la difficulté en question est dépourvue de  complication , tout ce qui est en réalité  difficile est devenu " compliqué ". Pour les démunis, les temps ne sont plus rudes , ni difficiles , ils sont "c...

scandalistes et esclandriers

Zorro œuvrait à couvert : pleutre le jour, héros la nuit. Son courage physique se doublait du courage moral de supporter le mépris de ceux-là même qu'il défendait. Zorro était un moraliste en action, inactif en apparence. Prodigieuse abnégation. Mythe admirable. D'autres moralistes - moins héroïques mais aussi moins fictifs - défendent au contraire en plein jour et sabre au clair leur vision généreuse de la vie sociale. Il en résulte souvent pour eux des frictions publiques ou privés avec le grand nombre de ceux qui placent au contraire leurs propres droits très au-dessus de leurs devoirs, leur importante personne ou leur petit clan plus haut que le reste des humains, leur quiétude au-dessus de tout, et fuient dès qu'ils entendent exhorter à la bonté ou appeler au secours, tels de petits Zorro en négatif - estimables en apparence, méprisables en secret. Les frictions sociales sont inévitables entre les partisans d'une bienveillance mutuelle active, attentionnée...

save the date : l'anglomanie parfaite

  L'anglomanie s'exprime par l'abus de termes anglophones ou « anglomorphes », c'est-à-dire d'apparence anglaise. L'anglomanie s'épanouit dans la tendance à employer des termes anglais bien que leur traduction française existe parfaitement. Elle culmine dans le recours à des termes inexistants dans la langue anglaise mais qui semblent lui avoir été empruntés (par exemple, le «  pressing  » cher aux commentateurs sportifs, employé par erreur à la place de l'anglais pressure , dont la formulation correcte en français est pression ). Plus insidieusement, l'anglomanie s'infiltre dans la tendance récente des Francophones à généraliser des constructions grammaticales contraires à la syntaxe du français mais conformes à la syntaxe de l'anglais (par exemple, en construisant le complément de nom par juxtaposition : « logement étudiant » au lieu de : « logement d' étudiant » ; « structure bois » au lieu de « structure en bois »). ...
Aujourd'hui, le site de la MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE a franchi le cap des 666 666 pages lues. Ce qui ne représente pas deux fois 666, le "nombre de la Bête" de l'Apocalypse biblique, mais deux tiers de million. Miss L.F. POUR ACCÉDER À LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE,  CLIQUEZ ICI Pour prendre directement connaissance des missions de la Mission,  cliquez ici.

sur support papier

Le mot papier n'est pas un adjectif. Les formules l'employant comme tel sont donc des barbarismes à proscrire. La francophonie accueille dans son vocabulaire les industries papetières (industries du papier), les cocottes en papier et les corbeilles à papiers , mais déchire avec irritation les documents papiers (sic), les versions papier (sic), les annuaires papier (sic) et les choses " papier " d'une manière générale. Le vocabulaire le plus simple est perdu de vue en même temps que le jargon s'hypertrophie. La syntaxe s'en détache par lambeaux. Dans les administrations - et par contagion dans la vie courante - on assiste à la mutation du mot papier en une sorte d'adjectif invariable. Un terme sans statut grammatical précis, accolé à divers autres pour exprimer l'idée de documents palpables et lisibles à l'œil nu, par opposition à ceux dont la lecture exige un écran informatique. Par un excès de précision irréfléchi doublé d...

deux poids, deux mesures

GRAMMAIRE et STYLE ORATOIRE : soupesons ici une faute récente et fulgurante, à éradiquer ensemble. L'expression FAIRE DEUX POIDS, DEUX MESURES n'est pas un mot composé mais un membre de phrase ; comprenant même une virgule en son milieu ! Il est donc particulièrement inepte et contraire à toute logique syntaxique de placer devant "deux poids, deux mesures" un article (le, un, du, etc) ou un pronom démonstratif ou possessif (ce, votre, etc), Cette manie irréfléchie est apparue très récemment en France dans le discours politique sur le soutien à apporter ou non à divers pays actuellement en guerre. Elle est ressassée sans discernement par presque tous les orateurs politiques, puis reprise à satiété par les journalistes et les militants qui - manifestement - boivent leurs paroles même quand elles ne sont pas potables. CORRECT : Pourquoi faire deux poids, deux mesures ? INEPTE : Pourquoi faire du deux-poids-deux-mesures ? La même affection s'est abattue dans les a...

parasportifs, paraathlètes

P A R A S P O R T I F S : hors de question ! Pire encore, son synonyme paraathlètes (pire car mal orthographié para-athlètes ou para athlètes dans la plupart des occurrences).  Apparus pour désigner des concurrents d'épreuves d' handisports , ces néologismes incultes sont totalement désobligeants. En effet, le français emploie deux préfixes homonymes, dont les significations sont voisines, l'une et l'autre chargées de défiance : PARA (latin) = qui protège de, qui empêche (parasol, parachute) PARA (grec) = en marge, presque (paramilitaire, parapharmacie, paraphrase, paranoïa) Qualifier donc les sportifs porteurs d'un handicap de "presque sportifs" ? NON ! Que les Jeux paralympiques aient été ainsi dénommés était pertinent car ils prenaient en effet place en marge des Jeux olympiques. C'étaient presque des Jeux olympiques. C'était aussi une scabreuse greffe entre paraly tique et o lympique . Avec l'évolution des esprits et des performances qui ...

dans les méandres de la Seine "baignable"

La Seine "baignable". C'est avec stupéfaction que les personnes qui n'ont pas encore perdu l'instinct de leur propre langue ont entendu proliférer ce néologisme moche, paresseux, inepte et suiviste, y compris dans la bouche du président Macron, pourtant lauréat du Concours général de français. Ainsi un maire-adjoint parisien chargé de l'eau écrit-il : " La Seine baignable (sic) porte un message rassurant ". Alors qu'il lui suffisait de dire, sans copier sur ses voisins : " Pouvoir nager dans la Seine porte un message rassurant ." Il pouvait aussi évoquer, sans violer notre langue : la Seine saine, la Seine propre, la Seine propre à la baignade (formule adoptée par Le Monde), la Seine où l'on peut nager, etc. Mais en aucun cas : la Seine nageable, la Seine baignable, ses berges marchables - qui sont autant de barbarismes irréfléchis. La langue est notre environnement premier. Ne la rendons pas imbuvable... RAPPEL : Ce qui est...

Directrices, fondatrices et chercheuses

Dans les fonctions de direction, chaque fois qu'il est établi qu'une femme n’est pas un homme, il est certain que le titre de sa fonction ne saurait être " directeur " (sic) mais bien directrice . Idem pour toute fondatrice qui n'est pas un fondateur, et pour toute femme pratiquant la recherche, qui est bien une chercheuse et non un chercheur ni - pire encore - une chercheure (sic). Paradoxalement revendiquée par de nombreux écervelés soutenant que les femmes seraient mieux loties avec des oripeaux d'hommes, l'adoption par des femmes d' un nom de métier masculins dont le féminin existe pourtant depuis des siècles est une erreur grammaticale pure et simple ; une confusion des genres, à proprement parler. En cas d'entêtement dans l'erreur - et quelle qu'en soit la justification  (" je préfère " ou " cela me confère davantage d'autorité " ou " un directeur, un fondateur, un chercheur, c’est plus sérieux qu’...

a-t-elle l'air sérieuse ou l'air sérieux ?

La forme extrême du purisme s'appelle l' hypercorrection . C'est une méprise qui porte à considérer comme fautive une formulation ne méritant en réalité aucune réprobation. Ainsi en va-t-il de la croyance erronée selon laquelle l'expression " elle n'a pas l'air méchante " serait fautive, puisque le mot air est masculin et qu'il faudrait donc voir en " méchant " une épithète qualifiant l'air (méchant) de cette personne et non la personne (méchante) elle-même. Or, cette analyse est rarement juste et souvent entachée d'hypercorrection, car fausse. Lorsque c'est effectivement l'air adopté par la personne qui est qualifié, bien sûr le qualificatif de son attitude ou de son expression du visage doit être au masculin : " elle a un air absent " signifie qu'elle affiche une expression absente, un air absent. Tandis que " elle a l'air absente " signifiera qu'elle semble ne pas être là : "...

pour des chefs en meilleure forme

LETTRE OUVERTE À MONSIEUR LE PREMIER MINISTRE  [France]. Nous vous vous écrivons respectueusement en votre qualité de ministre de tutelle de l'Académie française. Sous la pression d'une partie exaltée mais peu éclairée de l'opinion publique, cette institution vénérable a reçu injonction d'entériner un choix malencontreux. Au nom du droit à l'erreur, et du devoir de ne jamais s'y entêter, peut-on espérer que vous repenserez ce choix ? Voici de quoi il retourne. Comme en atteste le greffe  (du tribunal) terme masculin homographe du mot féminin la greffe  (de peau), la terminaison - effe  n'est aucunement la marque distinctive du féminin. Dès lors, il est bien regrettable que la féminisation de le chef  sous la forme dogmatique "la cheffe" ait été artificiellement imposée à notre langue dans son pays d'origine, au lieu de LA CHEF, féminisation naturelle et immédiate, calquée sur les sobres et justes modèles de la nef et la clef . Reje...

emplois absurdes de "... et autres"

Dans les pages du journal Le Monde , un article intitulé " Adidas et autres Coca-cola misent gros " semble affirmer par ces mots qu'Adidas est un Coca-cola parmi d'autres ... Ce qui ne veut strictement rien dire - à moins que le jus de chaussette de sport soit depuis peu mis en bouteille. Cet usage de la locution " et autres " suivie d'un terme qui ne désigne pas un ensemble d'éléments incluant le précédent est à bannir. Non pour des raisons de style ou d'esthétique, mais parce qu'il convient, si l'on aspire à vivre le plus heureux possible, de s'abstenir de passer pour parfaitement stupide devant son auditoire. On entend pourtant, encore de nos jours, de nombreux orateurs professionnels (journalistes, politiciens, enseignants) procéder à des énumérations de ce genre : " les tigres, pumas et autres lions ". Or, ni les tigres ni les pumas n'étant des lions, il ne peut exister " d'autres lions " à ajout...

"le mental" des sportifs

Les commentateurs, les entraîneurs, et les sportifs eux-mêmes, ont pris la mauvaise habitude de saluer " le mental " d'une équipe, d'une championne ou d'un joueur. " On parlera plutôt de la disposition d’esprit, de l’état d’esprit, voire du moral ", corrigeait l'Académie française dans un communiqué de 2012. Cette mise en garde est toujours d'actualité mais incomplète. Car l'appauvrissement du vocabulaire sportif a encore gagné du terrain. À peu de mois des jeux olympiques de Paris, il faut s'entraîner à muscler fièrement sa francophonie, et ne plus invoquer maladroitement " le mental " au lieu de ces termes justes, limpides et forts : • la volonté • la détermination • la concentration • la force de caractère • la pugnacité • • • • POUR ACCÉDER À LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE,  CLIQUEZ ICI Pour prendre directement connaissance des missions de la Mission,  cliquez ici.

salle omnisport

On voit presque partout l'adjectif omnisport écrit comme un pluriel invariable : omnisports . L'ajout permanent d'un s de pluriel au singulier d'un adjectif sous prétexte qu'il comporte une idée de multiplicité est sans gravité pour la santé de notre langue - car c'est une aberration rarissime, voire unique - mais préoccupant quant à la faille d'intelligence collective capable d'aboutir à ce choix illogique. L'exemple désastreux fourni par " salle omnisports " (sic) est d'une grande ineptie. Car si les préfixes exprimant la multiplicité se mettaient à avoir le don de rendre les singuliers pluriels, alors il faudrait écrire "une femme polyvalentes" car elle a de multiples talents ! Il faudrait se mettre à écrire "un mammifère omnivores" ou "la multiplications" avec un s et "la polygamies" itou. Nous n'avons pas réussi à convaincre tous les professionnels du sport, toutes les col...

une témoin, un tête, une membre : les genres en délire

La grammaire de notre langue vient de se fissurer en grand, et peu de gens s'en sont avisés. De dérive en dérive, voici que l'article ne s'accorde plus obligatoirement avec le genre du mot contrairement à ce qu'exige notre syntaxe (il faut dire une fleur, et non un fleur ). L'article d'un mot qui n'est pourtant pas féminin s'accorde maintenant plus ou moins  obligatoirement  avec toute féminité sous-jacente qu'il serait susceptible d'évoquer. Si le témoin est une femme, c'est désormais  une témoin . Oui, oui, on l'entend et on le lit dans la presse. Certes pas partout. Mais peu c'est déjà trop... Ainsi, ce que nous donnions comme exemple caustique et peu probable de future déformation catastrophique de la structure de notre langue, sous les coups de la bêtise, est-il bel et bien advenu au début de l'année 2019. La rupture du ligament logique article-mot se propage toujours plus et accroît ses ravages. Après avoir v...