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Articles

Affichage des articles du 2024

dernières 24 heures ou 24 dernières heures ?

" Ces dernières vingt-quatre heures " est une formulation fautive . La formulation correcte étant " ces vingt-quatre dernières heures ". Ou : " depuis vingt-quatre heures ". Ou encore, le sobre : " depuis hier ",  qui tend à se perdre au profit du tic de chiffrage à l'heure près : "depuis ces dernières vingt-quatre heures" ; avec erreur dans l'ordre des mots, car en français, on dit " mes trois beaux enfants " et non "mes beaux trois enfants".  Cet exemple, que personne ne contestera, nous rappelle que dans notre langue, l'adjectif cardinal ( un, deux, trois , etc) doit toujours se placer avant l'adjectif qualificatif ( beaux ). Ce n'est pas une option, c'est une obligation : les deux pires ennemis et non "les pires deux ennemis". Cette règle intangible du français se vérifie aisément pour les jours écoulés ou à venir : chacun dit bien " dans les deux prochains jours ...

ce qui se passe ou ce qu'il se passe ?

Que se passe-t-il ? La musique familière de cette question anodine et très correctement formulée semble être à l'origine d'une tendance persistante à déformer la tournure correcte de la réponse : " je ne sais pas ce qui se passe", en la remplacer par " je ne sais pas ce qu'il se passe ". Personne, pourtant, ne songe à remplacer " je ne sais pas ce qui me plaît en toi " par " je ne sais pas ce qu'il me plaît en toi ". Le maniement des verbes impersonnels fait appel à une perception instinctive, et cependant subtile, du lien entre la syntaxe et le sens, qui piège même les meilleurs auteurs, il est vrai. Le public, quotidiennement soumis aux approximations linguistiques des orateurs professionnels, peine légitimement à s'y retrouver. Dans le doute, la simplicité est toujours salutaire. Et l'on sera bien inspiré de préférer savoir ce qui se passe , plutôt que ce qu'il se passe , question à laisser aux intervieweurs m...

de plus en plus compliqué

La complication, la difficulté et l'impossibilité sont trois notions différentes. Les mots pour les désigner ne sont pas interchangeables. Ni en français ni dans la plupart des langues. Les observateurs de la  Mission linguistique francophone  constatent pourtant depuis 2012 que cette distinction est en voie de disparition dans l'esprit des orateurs professionnels, puis du grand public à leur suite. La confusion de sens s'opère dans leur esprit au détriment des adjectifs difficile voire impossible et d'une multitude de notions voisines ou éloignées ( rude, subtile, éprouvant, confus, tendu, délicat, troublant , compromis , douteux, rebutant, implacable, etc), auxquelles ils tendent à préférer systématiquement l'adjectif  compliqué . Même lorsque la difficulté en question est dépourvue de  complication , tout ce qui est en réalité  difficile est devenu " compliqué ". Pour les démunis, les temps ne sont plus rudes , ni difficiles , ils sont "c...

scandalistes et esclandriers

Zorro œuvrait à couvert : pleutre le jour, héros la nuit. Son courage physique se doublait du courage moral de supporter le mépris de ceux-là même qu'il défendait. Zorro était un moraliste en action, inactif en apparence. Prodigieuse abnégation. Mythe admirable. D'autres moralistes - moins héroïques mais aussi moins fictifs - défendent au contraire en plein jour et sabre au clair leur vision généreuse de la vie sociale. Il en résulte souvent pour eux des frictions publiques ou privés avec le grand nombre de ceux qui placent au contraire leurs propres droits très au-dessus de leurs devoirs, leur importante personne ou leur petit clan plus haut que le reste des humains, leur quiétude au-dessus de tout, et fuient dès qu'ils entendent exhorter à la bonté ou appeler au secours, tels de petits Zorro en négatif - estimables en apparence, méprisables en secret. Les frictions sociales sont inévitables entre les partisans d'une bienveillance mutuelle active, attentionnée...
Aujourd'hui, le site de la MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE a franchi le cap des 666 666 pages lues. Ce qui ne représente pas deux fois 666, le "nombre de la Bête" de l'Apocalypse biblique, mais deux tiers de million. Miss L.F. POUR ACCÉDER À LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE,  CLIQUEZ ICI Pour prendre directement connaissance des missions de la Mission,  cliquez ici.

sur support papier

Le mot papier n'est pas un adjectif. Les formules l'employant comme tel sont donc des barbarismes à proscrire. La francophonie accueille dans son vocabulaire les industries papetières (industries du papier), les cocottes en papier et les corbeilles à papiers , mais déchire avec irritation les documents papiers (sic), les versions papier (sic), les annuaires papier (sic) et les choses " papier " d'une manière générale. Le vocabulaire le plus simple est perdu de vue en même temps que le jargon s'hypertrophie. La syntaxe s'en détache par lambeaux. Dans les administrations - et par contagion dans la vie courante - on assiste à la mutation du mot papier en une sorte d'adjectif invariable. Un terme sans statut grammatical précis, accolé à divers autres pour exprimer l'idée de documents palpables et lisibles à l'œil nu, par opposition à ceux dont la lecture exige un écran informatique. Par un excès de précision irréfléchi doublé d...

deux poids, deux mesures

GRAMMAIRE et STYLE ORATOIRE : soupesons ici une faute récente et fulgurante, à éradiquer ensemble. L'expression FAIRE DEUX POIDS, DEUX MESURES n'est pas un mot composé mais un membre de phrase ; comprenant même une virgule en son milieu ! Il est donc particulièrement inepte et contraire à toute logique syntaxique de placer devant "deux poids, deux mesures" un article (le, un, du, etc) ou un pronom démonstratif ou possessif (ce, votre, etc), Cette manie irréfléchie est apparue très récemment en France dans le discours politique sur le soutien à apporter ou non à divers pays actuellement en guerre. Elle est ressassée sans discernement par presque tous les orateurs politiques, puis reprise à satiété par les journalistes et les militants qui - manifestement - boivent leurs paroles même quand elles ne sont pas potables. CORRECT : Pourquoi faire deux poids, deux mesures ? INEPTE : Pourquoi faire du deux-poids-deux-mesures ? La même affection s'est abattue dans les a...

mais pas que

" Mais pas que ", placé en fin de phrase sans complément, est une expression humoristique, formée pour se substituer par dérision à " mais pas seulement ", " mais pas uniquement ", " mais il n'y a pas que ça ". " Tu es un bon mari ; mais tu as d'autres qualités " devient ainsi : " Tu es un bon mari ; mais pas que ". L'usage sérieux de ce raccourci est une erreur de registre. Selon l' Académie française , c'est plus exactement " une grave incorrection qu’il convient de proscrire ". Ce que l'Académie française juge grave, c'est de se montrer suffisamment sourd à sa propre langue pour ne pas comprendre qu'en l'absence de complément, que n'est plus le moins du monde synonyme de " seulement ". Ce qu'elle trouve gravement incorrect dans l'usage sérieux de " pas que ", c'est le fait de se montrer capable de supprimer la moitié des mots indispen...

"le narratif" : une maladie de la langue qui affecte la narration et le récit

Essayons d'endiguer la récente vogue galopante consistant à employer par préciosité et par suivisme le terme impropre "le narratif" pour exprimer des notions qui s'appellent en réalité la narration, le récit, le discours, la communication . Et même la propagande, la calomnie, les élucubrations, la version des faits  ou la thèse , dans un titre comme celui-ci : "Le narratif de Poutine, c'est que les Ukrainiens sont des nazis ". Cette impropriété de terme procède d'une tendance à remplacer abusivement des substantifs féminins, tels • l'estimation • la description • la comparaison • la narration par leurs adjectifs masculins substantivés, que sont : • l'estimatif • le descriptif • le comparatif • le narratif. En qualité de professionnels de la parole et de l'écrit, journalistes, politiciens et pédagogues des sciences politiques seront bien inspirés de s'abstenir d'évoquer "le narratif de Poutine" au lieu de ce qu'il rac...

concertos et scénarios

Pas d'excès de zéle, pas de pédants  concerti ni  scénarii . Le pluriel de scénario est scénarios. Le pluriel de concerto est concertos . Tout comme le pluriel de lavabo est lavabos . L'Académie française a depuis longtemps tranché la question du pluriel des mots étrangers adoptés par le français : ils doivent être traités comme des mots français, c'est-à-dire équipés au pluriel d'un S final. On trouve pourtant encore de nombreux partisans des " concerti " et des " scénarii ", formes d'inspiration italienne. Mais d'inspiration, seulement, car le pluriel italien d'un éventuel mot italien scenario serait scenari , avec un seul i. Ces italianisations ostentatoires sont fautives en français, langue dans laquelle les pluriels corrects de ces mots français sont exclusivement concertos et scénarios . Car le mot scénario n'est pas un mot italien mais pleinement français, puisqu'il est équipé d'un accent aigu bien de che...

parasportifs, paraathlètes

P A R A S P O R T I F S : hors de question ! Pire encore, son synonyme paraathlètes (pire car mal orthographié para-athlètes ou para athlètes dans la plupart des occurrences).  Apparus pour désigner des concurrents d'épreuves d' handisports , ces néologismes incultes sont totalement désobligeants. En effet, le français emploie deux préfixes homonymes, dont les significations sont voisines, l'une et l'autre chargées de défiance : PARA (latin) = qui protège de, qui empêche (parasol, parachute) PARA (grec) = en marge, presque (paramilitaire, parapharmacie, paraphrase, paranoïa) Qualifier donc les sportifs porteurs d'un handicap de "presque sportifs" ? NON ! Que les Jeux paralympiques aient été ainsi dénommés était pertinent car ils prenaient en effet place en marge des Jeux olympiques. C'étaient presque des Jeux olympiques. C'était aussi une scabreuse greffe entre paraly tique et o lympique . Avec l'évolution des esprits et des performances qui ...

dans les méandres de la Seine "baignable"

La Seine "baignable". C'est avec stupéfaction que les personnes qui n'ont pas encore perdu l'instinct de leur propre langue ont entendu proliférer ce néologisme moche, paresseux, inepte et suiviste, y compris dans la bouche du président Macron, pourtant lauréat du Concours général de français. Ainsi un maire-adjoint parisien chargé de l'eau écrit-il : " La Seine baignable (sic) porte un message rassurant ". Alors qu'il lui suffisait de dire, sans copier sur ses voisins : " Pouvoir nager dans la Seine porte un message rassurant ." Il pouvait aussi évoquer, sans violer notre langue : la Seine saine, la Seine propre, la Seine propre à la baignade (formule adoptée par Le Monde), la Seine où l'on peut nager, etc. Mais en aucun cas : la Seine nageable, la Seine baignable, ses berges marchables - qui sont autant de barbarismes irréfléchis. La langue est notre environnement premier. Ne la rendons pas imbuvable... RAPPEL : Ce qui est...

égoportrait : le selfie francophone

Francisation magistrale par les Québecois de l'anglais  selfie , on peut regretter que l' égoportrait n'ait pas pris un essor fulgurant dans notre langue, contrairement à tant de termes inutiles ou tournures maladroites. Le portrait de soi, c'était déjà de longue date l' autoportrait . Mais on sait qu'un selfie n'est qu'un autoportrait bâclé à bout de bras ou à bout de perche, sans réelle portée créatrice, et donc un miroir présenté à soi-même pour s'admirer ou se souvenir de soi, plutôt qu'une œuvre donnée à voir au monde pour se dépeindre. Abandonnant le préfixe grec auto- qui renvoie à soi après un détour par l'extérieur, les Canadiens lui ont substitué le latin ego signifiant moi. Moi, moi, moi, encore et toujours moi ! C'est bien l'état d'esprit que revendique la pratique de l' égoportrait -  dont la parenté sémantique avec égotisme et égoïsme n'est pas accidentelle. Illustration : cette image d'un j...

d'est-e en ouest-e

" Orages sur l'est-e du pays ." Chacun a pu remarquer que les orateurs professionnels francophones parvenaient sans peine à prononcer le duo de consonnes "-ST-" [ st ade, hi st oire, compo st ] à l'intérieur d'un mot, mais qu'il semblait être au-dessus de leurs forces de le prononcer correctement en fin de mot, c'est-à-dire sans y ajouter un -E fictif. C'est ainsi que l'est de l'Europe devient " l'est-e de l'Europe ", et tout à l'avenant. Il en va de même pour les trios de consonnes "-STN-" [ po stn atal ], "-STF-" [ Oue st-F rance ] et "RCD" [ Pa rc d es Princes ] rarement énoncés par les orateurs professionnels sans l'ajout d'un -E qui n'existe pas [ poste-e-natal , Parc-e des Princes, Ouest-e-France ]. Il est vrai qu'articuler le phonème "-STD-" n'est pas naturel aux francophones, tandis que les anglophones y arrivent sans peine et sa...

a-t-elle l'air sérieuse ou l'air sérieux ?

La forme extrême du purisme s'appelle l' hypercorrection . C'est une méprise qui porte à considérer comme fautive une formulation ne méritant en réalité aucune réprobation. Ainsi en va-t-il de la croyance erronée selon laquelle l'expression " elle n'a pas l'air méchante " serait fautive, puisque le mot air est masculin et qu'il faudrait donc voir en " méchant " une épithète qualifiant l'air (méchant) de cette personne et non la personne (méchante) elle-même. Or, cette analyse est rarement juste et souvent entachée d'hypercorrection, car fausse. Lorsque c'est effectivement l'air adopté par la personne qui est qualifié, bien sûr le qualificatif de son attitude ou de son expression du visage doit être au masculin : " elle a un air absent " signifie qu'elle affiche une expression absente, un air absent. Tandis que " elle a l'air absente " signifiera qu'elle semble ne pas être là : "...

directrices, fondatrices et chercheuses

Dans les fonctions de direction, chaque fois qu'il est établi qu'une femme n’est pas un homme, il est certain que le titre de sa fonction ne saurait être " directeur " (sic) mais bien directrice . Idem pour toute fondatrice qui n'est pas un fondateur, et pour toute femme pratiquant la recherche, qui est bien une chercheuse et non un chercheur ni - pire encore - une chercheure (sic). Paradoxalement revendiquée par de nombreux écervelés soutenant que les femmes seraient mieux loties avec des oripeaux d'hommes, l'adoption par des femmes d' un nom de métier masculins dont le féminin existe pourtant depuis des siècles est une erreur grammaticale pure et simple ; une confusion des genres, à proprement parler. En cas d'entêtement dans l'erreur - et quelle qu'en soit la justification  (" je préfère " ou " cela me confère davantage d'autorité " ou " un directeur, un fondateur, un chercheur, c’est plus sérieux qu’...

vous ne développez pas de maladies (et vous n'en déclarez pas)

Nombre de professionnels de santé se hasardent à dire : " le patient développe telle maladie ". Non, c'est la maladie qui se développe en lui. Le patient s'efforce de l'en empêcher. Au prix du même abus de langage , certains professionnels français de l'information se sont hasardés ces jours-ci à s'exprimer ainsi : " Les patients sont anxieux de déclarer la maladie ". Hors contexte, comment comprendre une telle information ? On pourrait penser que les malades en question sont angoissés à l'idée de déclarer à leur caisse d'assurance la survenue d'un mal ou la nature de ce mal : " Les patients sont anxieux de déclarer la maladie ". (Parce qu'elle est honteuse ? Parce qu'on va la leur facturer au prix fort ?). Ou qu'ils sont anxieux à l'idée de déclarer à leurs proches : " je suis atteint de cette maladie ". En réalité, les journalistes qui s'expriment ainsi demandent une fois encore au p...

salle omnisport

On voit presque partout l'adjectif omnisport écrit comme un pluriel invariable : omnisports . L'ajout permanent d'un s de pluriel au singulier d'un adjectif sous prétexte qu'il comporte une idée de multiplicité est sans gravité pour la santé de notre langue - car c'est une aberration rarissime, voire unique - mais préoccupant quant à la faille d'intelligence collective capable d'aboutir à ce choix illogique. L'exemple désastreux fourni par " salle omnisports " (sic) est d'une grande ineptie. Car si les préfixes exprimant la multiplicité se mettaient à avoir le don de rendre les singuliers pluriels, alors il faudrait écrire "une femme polyvalentes" car elle a de multiples talents ! Il faudrait se mettre à écrire "un mammifère omnivores" ou "la multiplications" avec un s et "la polygamies" itou. Nous n'avons pas réussi à convaincre tous les professionnels du sport, toutes les col...

une témoin, un tête, une membre : les genres en délire

La grammaire de notre langue vient de se fissurer en grand, et peu de gens s'en sont avisés. De dérive en dérive, voici que l'article ne s'accorde plus obligatoirement avec le genre du mot contrairement à ce qu'exige notre syntaxe (il faut dire une fleur, et non un fleur ). L'article d'un mot qui n'est pourtant pas féminin s'accorde maintenant plus ou moins  obligatoirement  avec toute féminité sous-jacente qu'il serait susceptible d'évoquer. Si le témoin est une femme, c'est désormais  une témoin . Oui, oui, on l'entend et on le lit dans la presse. Certes pas partout. Mais peu c'est déjà trop... Ainsi, ce que nous donnions comme exemple caustique et peu probable de future déformation catastrophique de la structure de notre langue, sous les coups de la bêtise, est-il bel et bien advenu au début de l'année 2019. La rupture du ligament logique article-mot se propage toujours plus et accroît ses ravages. Après avoir v...